You also want an ePaper? Increase the reach of your titles
YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.
Donner lui lança un coup d'œil. « Comment ça ?- Tout ça nous échappe, répéta Seagram d'un ton absent. Le Président m'adonné l'ordre de laisser <strong>le</strong>s Russes être au courant du Projet Sici<strong>le</strong> en simulant unefuite. »Donner vint s'arrêter au bord du trottoir et regarda Seagram, abasourdi.« Mon Dieu, pourquoi ?- Warren Nicholson, de la CIA, a convaincu <strong>le</strong> Président qu'en fournissant auxRusses quelques bribes d'informations, il peut prendre <strong>le</strong> contrô<strong>le</strong> d'un de <strong>le</strong>ursprincipaux services de renseignements.- Je n'en crois pas un mot, fit Donner.- Peu importe ce que tu crois, dit Seagram avec brusquerie.- Si ce que tu dis est vrai, à quoi ça avancera-t-il <strong>le</strong>s Russes d'avoir quelquesbribes de renseignements ? Sans <strong>le</strong>s équations détaillées ni <strong>le</strong>s calculsindispensab<strong>le</strong>s, il <strong>le</strong>ur faudrait au moins deux ans pour mettre sur <strong>le</strong> papier unethéorie applicab<strong>le</strong>. Et sans byzanium, tout ça ne sert à rien.- Ils pourraient construire un système capab<strong>le</strong> de fonctionner en trente mois,s'ils mettent <strong>le</strong>s premiers la main sur <strong>le</strong> byzanium.- Impossib<strong>le</strong>. L'amiral Kemper ne <strong>le</strong> permettrait jamais. Il renverrait dare-dare<strong>le</strong>s Russes dans <strong>le</strong>urs foyers s'ils essayaient de pirater <strong>le</strong> <strong>Titanic</strong>.- Imagine, murmura Seagram, imagine simp<strong>le</strong>ment qu'on ait donné l'ordre àKemper de rester tranquil<strong>le</strong> et de ne pas bouger. »Donner se pencha sur <strong>le</strong> volant et se frotta <strong>le</strong> front dans un geste de tota<strong>le</strong>incrédulité. « Tu me demandes de croire que <strong>le</strong> Président des États-Unis travail<strong>le</strong>avec <strong>le</strong>s communistes ? »Seagram haussa <strong>le</strong>s épau<strong>le</strong>s d'un air las et dit : « Comment puis-je tedemander de croire quoi que ce soit, quand je ne sais pas moi-même quoi croire ? »Pavel Marganine, dont l'uniforme blanc d'officier de marine rehaussait encorela tail<strong>le</strong> et l'air autoritaire, prit une profonde bouffée de l'air du soir et pénétra dans <strong>le</strong>hall aux décorations surchargées du restaurant Borodino. Il donna son nom au maîtred'hôtel et <strong>le</strong> suivit jusqu'à la tab<strong>le</strong> habituel<strong>le</strong> de Prevlov. Le capitaine était déjà installéà lire une épaisse liasse de papiers enfermés dans un dossier. Il <strong>le</strong>va un instant <strong>le</strong>syeux et salua Marganine d'un regard ennuyé avant de se replonger dans sesdocuments.« Puis-je m'asseoir, Capitaine ?- À moins que vous ne vouliez vous mettre une serviette sur <strong>le</strong> bras etdesservir, dit Prevlov, toujours absorbé par sa <strong>le</strong>cture. Je vous en prie. »Marganine commanda une vodka et attendit que Prevlov entamât laconversation. Au bout de trois bonnes minutes, <strong>le</strong> capitaine finit par reposer sondossier et alluma une cigarette.« Dites-moi, Lieutenant, avez-vous suivi l'expédition de Dérive du CourantLore<strong>le</strong>i ?- Pas en détail. Je me suis contenté de parcourir <strong>le</strong> rapport avant de vous <strong>le</strong>transmettre.- Dommage, dit Prevlov d'un ton hautain. Pensez-y, Lieutenant. Unsubmersib<strong>le</strong> capab<strong>le</strong> de parcourir quinze cents mil<strong>le</strong>s en suivant <strong>le</strong> fond de l'océansans faire surface une seu<strong>le</strong> fois en près de deux mois. Les savants soviétiquesseraient bien avisés de se montrer à moitié aussi imaginatifs.- À dire vrai, Capitaine, j'ai trouvé <strong>le</strong> rapport plutôt assommant.