11.07.2015 Views

Renflouez le Titanic ! - Bibliothèque

Renflouez le Titanic ! - Bibliothèque

Renflouez le Titanic ! - Bibliothèque

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

- Pourquoi n'auraient-ils pas pu tout simp<strong>le</strong>ment transborder <strong>le</strong> minerai sur unnavire de guerre américain ? C'aurait certainement été plus sûr que de l'acheminerpar un bateau marchand ?- Je n'en suis pas certain, répondit Seagram. Brewster sans doute craignaitque <strong>le</strong>s Français ne revendiquent alors <strong>le</strong> minerai par la voie diplomatique,contraignant par là même <strong>le</strong>s Américains à avouer <strong>le</strong> vol et à <strong>le</strong>ur rendre <strong>le</strong> byzanium.Dès l'instant qu'il <strong>le</strong> gardait en sa possession, notre gouvernement pouvait prétendretout ignorer de l'affaire. »Le Président secoua la tête. « Ce Brewster devait être un véritab<strong>le</strong> lion.- Chose étrange, fit Donner, il n'avait qu'un mètre cinquante-cinq.- Quand même, c'était un homme stupéfiant, un grand patriote, pour vivre toutcet enfer sans penser à aucun profit personnel. On ne peut s'empêcher de souhaiterqu'il soit parvenu à rentrer sain et sauf.- Son odyssée, hélas, n'était pas terminée. » Seagram avait <strong>le</strong>s mains quicommençaient à tremb<strong>le</strong>r. « Le Consulat de France de cette vil<strong>le</strong> portuaire a dénoncé<strong>le</strong>s gars du Colorado. Un soir, avant qu'ils aient pu décharger <strong>le</strong> byzanium à bord d'uncamion, <strong>le</strong>s agents français ont frappé sans crier gare dans l'ombre du quai dedébarquement. Il n'y a pas eu un coup de feu : tout s'est passé à coups de poing, decouteau et de matraque. Ces rudes gaillards de vil<strong>le</strong>s aussi légendaires que Cripp<strong>le</strong>Creek, Leadvil<strong>le</strong> et Fairplay n'étaient pas des enfants de chœur.Ils se sont défendus comme de beaux diab<strong>le</strong>s et ont jeté six corps dans <strong>le</strong>seaux noires du port avant que <strong>le</strong> reste de <strong>le</strong>urs assaillants ne se fonde dans la nuit.Mais ça n'était que <strong>le</strong> début. À chaque carrefour, entre chaque village, dans <strong>le</strong>s ruesde chaque vil<strong>le</strong>, de derrière chaque arbre et chaque porte semblait-il, ces attaques depirates se sont poursuivies au point que <strong>le</strong>ur fuite à travers la Grande-Bretagne étaitmarquée par <strong>le</strong> sang de morts et de b<strong>le</strong>ssés. Cela tournait à la guerre d'usure : <strong>le</strong>sgars du Colorado avaient affaire à une énorme organisation qui sacrifiait jusqu'à cinqhommes pour éliminer deux mineurs. Les effets n'ont pas tardé à s'en faire sentir :John Caldwell, Alvin Coulter et Thomas Priée sont morts à la sortie de Glasgow.Char<strong>le</strong>s Widney est tombé à Newcast<strong>le</strong>, Walter Schmidt près de Stafford et Warner O’Deming à Birmingham. L'un après l'autre, <strong>le</strong>s rudes mineurs étaient liquidés, et <strong>le</strong>ursang venait se répandre sur une terre bien loin de la <strong>le</strong>ur. Seuls Vernon Hall et JoshuaHays Brewster survécurent pour convoyer <strong>le</strong> minerai jusqu'au quai transatlantique deSouthampton. »Le Président se mordit <strong>le</strong>s lèvres et serra <strong>le</strong>s poings. « Alors <strong>le</strong>s Français ontfini par gagner.- Non, monsieur <strong>le</strong> Président. Les Français n'ont jamais vu <strong>le</strong> byzanium. »Seagram prit <strong>le</strong> journal de Brewster et <strong>le</strong> feuil<strong>le</strong>ta vers la fin. « Je vais vous lire ladernière notation. El<strong>le</strong> est datée du 10 avril 1912.Ma satisfaction a <strong>le</strong>s accents d'une oraison funèbre aujourd'hui car je suispresque mort. Dieu soit loué, <strong>le</strong> précieux minerai que nous avons arraché au prix de sirudes efforts aux entrail<strong>le</strong>s de cette maudite montagne repose en sûreté dans lachambre forte du navire. Il ne restera que Vernon pour raconter l'histoire, car dansl'heure qui vient je m'embarque pour New York à bord du grand paquebot de la WhiteStar. Sachant que <strong>le</strong> minerai est en sûreté, je confie ce journal aux soins de JamesRodgers, vice-consul des États-Unis à Southampton, qui veil<strong>le</strong>ra à ce qu'il parvienneaux autorités intéressées au cas où moi aussi je serais tué. Dieu donne <strong>le</strong> repos auxhommes qui ont disparu avant moi. Comme il me tarde de regagner Southby. »Un si<strong>le</strong>nce glacé s'abattit sur <strong>le</strong> bureau. Le Président se détourna de la fenêtreet vint se rasseoir dans son fauteuil. Il resta là un moment sans rien dire. Puis il reprit :

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!