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vents qui ne s'arrêtaient qu'assez longtemps pour <strong>le</strong>ur apporter ce froid terrib<strong>le</strong> etrenouve<strong>le</strong>r la couche de glace éternel<strong>le</strong> du mont Bednaya avant de s'en al<strong>le</strong>r balayerla côte russe qu'on apercevait à peine au-dessus de l'horizon vers <strong>le</strong> sud.C'était très dur pour <strong>le</strong>s hommes. Jake Hobart est mort de froid lorsqu'il s'estperdu dans une tempête de neige, et tous <strong>le</strong>s autres ont souffert terrib<strong>le</strong>ment defatigue et de gelures. Selon <strong>le</strong>s propres mots de Brewster, « c'était un purgatoire deglace sur <strong>le</strong>quel ça ne valait même pas la peine de gâcher sa salive pour cracher ».- C'est un mirac<strong>le</strong> qu'ils ne soient pas tous morts, dit <strong>le</strong> Président.- C'est <strong>le</strong>ur courage qui <strong>le</strong>s a sauvés, dit Seagram. Ils ont fini par vaincrecontre toute attente.Ils avaient arraché à ce désert <strong>le</strong> minerai <strong>le</strong> plus rare du monde et ils y étaientparvenus sans qu'on <strong>le</strong>s découvrît. C'était un chef-d’œuvre de discrétion et detechnique.- Alors ils se sont échappés de l'î<strong>le</strong> avec <strong>le</strong> minerai ?- Oui, monsieur <strong>le</strong> Président, répondit Seagram. Brewster et son équipe ontrecouvert <strong>le</strong> tas de déblais et la voie qui servait pour <strong>le</strong>s wagonnets et ont dissimulél'entrée de la mine. Ils ont ensuite transporté <strong>le</strong> byzanium jusqu'à la plage, où ils l'ontchargé à bord d'un petit vapeur expédié par <strong>le</strong> ministère de la Guerre sous <strong>le</strong> prétexted'une expédition polaire. Le navire était commandé par un certain lieutenant devaisseau Pratt, de la Marine des États-Unis.- Quel<strong>le</strong> quantité de minerai ont-ils emportée ?- D'après <strong>le</strong>s estimations de Sid Koplin, environ une demi-tonne d'un minerai àteneur extrêmement é<strong>le</strong>vée.- Et ce qui donne une fois traité... ?- Sans doute tout au plus une dizaine de kilos.- Plus qu'assez pour réaliser <strong>le</strong> Projet Sici<strong>le</strong>, dit <strong>le</strong> Président.- Plus qu'assez, reconnut Donner.- Ont-ils regagné <strong>le</strong>s États-Unis ?- Non, monsieur <strong>le</strong> Président. On ne sait comment, <strong>le</strong>s Français avaient flairé<strong>le</strong> coup et ils attendaient patiemment que <strong>le</strong>s Américains eussent fait <strong>le</strong> sa<strong>le</strong> travaildans des conditions dangereuses pour intervenir et s'emparer du butin. À quelquesmil<strong>le</strong>s de la côte sud de la Norvège, alors que <strong>le</strong> lieutenant Pratt s'apprêtait à mettre <strong>le</strong>cap à l'est sur New York, ils ont été attaqués par un mystérieux navire qui n'arboraitaucun pavillon.- Pas d'identification, pas de scanda<strong>le</strong> international, dit <strong>le</strong> Président. CesFrançais ont pensé à tout. »Seagram sourit. « Sauf que cette fois, si vous vou<strong>le</strong>z bien me pardonnerl'expression, ils ont manqué <strong>le</strong> coche. Comme la plupart des Européens, ils ont sousestimela bonne vieil<strong>le</strong> ingéniosité yankee : notre ministère de la Guerre avait lui aussienvisagé toutes <strong>le</strong>s éventualités. Avant que <strong>le</strong>s Français aient eu <strong>le</strong> temps de tirer unetroisième salve sur <strong>le</strong> navire américain, l'équipage du lieutenant Pratt avait abaissé <strong>le</strong>sparois d'un faux rouf et riposté avec un canon de 125 qui s'y trouvait dissimulé.- Bien joué, dit <strong>le</strong> Président.- La batail<strong>le</strong> a duré presque jusqu'à la nuit, continua Seagram.Puis Pratt parvint à loger un obus dans la chaudière du Français et <strong>le</strong> navireexplosa en flammes. Mais <strong>le</strong> bateau américain était touché aussi. Les ca<strong>le</strong>s prenaientl'eau. Pratt avait un tué et quatre hommes de son équipage sérieusement b<strong>le</strong>ssés.Après s'être consultés, Brewster et Pratt décidèrent de se diriger vers <strong>le</strong> port ami <strong>le</strong>plus proche, de débarquer <strong>le</strong>s b<strong>le</strong>ssés et d'expédier de là <strong>le</strong> minerai aux États-Unis. Àl'aube, ils parvenaient à franchir la jetée d'Aberdeen, en Ecosse.