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Renflouez le Titanic ! - Bibliothèque

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- Alors essayez ! Ricana <strong>le</strong> passager. Et pas de blague. Je serai toujoursderrière vous. Une bêtise et je vous tire une bal<strong>le</strong> qui vous cassera <strong>le</strong> dos en deux. »Pour plus de discrétion, il fourra <strong>le</strong> pisto<strong>le</strong>t dans une poche de sa veste,appuyant <strong>le</strong> canon contre <strong>le</strong>s reins de l'officier. Ils se frayèrent sans mal un passage àtravers la fou<strong>le</strong> de ceux qui encombraient maintenant <strong>le</strong> pont des embarcations. Cen'était plus <strong>le</strong> même navire : plus de rires ni de gaieté, plus de distinction de classe;riches et pauvres étaient unis dans une commune terreur. Les stewards étaient <strong>le</strong>sseuls à sourire et à plaisanter tout en distribuant <strong>le</strong>s gi<strong>le</strong>ts de sauvetage d'un blancfantomatique.Les fusées de détresse s'é<strong>le</strong>vaient dans <strong>le</strong>s airs, semblant toutes petites etinuti<strong>le</strong>s dans la nuit noire, <strong>le</strong>ur jaillissement d'étincel<strong>le</strong>s n'étant vu que par ceux qui setrouvaient à bord du vaisseau condamné. Cela faisait une toi<strong>le</strong> de fond irréel<strong>le</strong> auxadieux déchirants, aux expressions d'espoir contraint qu'on lisait dans <strong>le</strong> regard deshommes tandis qu'ils sou<strong>le</strong>vaient avec précaution <strong>le</strong>urs femmes et <strong>le</strong>urs enfants pour<strong>le</strong>s déposer dans des chaloupes. La terrib<strong>le</strong> irréalité de la scène se trouva accentuéeencore lorsque l'orchestre de huit musiciens du navire se rassembla sur <strong>le</strong> pont desembarcations, l'air absurde avec <strong>le</strong>urs instruments et <strong>le</strong>urs gi<strong>le</strong>ts de sauvetageblêmes. Ils commencèrent à jouer « A<strong>le</strong>xander's Ragtime Band » d'Irving Berlin.Le jeune lieutenant, poussé par <strong>le</strong> canon de pisto<strong>le</strong>t, parvint à descendre <strong>le</strong>grand escalier à contre-courant du flot des passagers qui se précipitaient vers <strong>le</strong>scanots de sauvetage.L'inclinaison de la proue était de plus en plus prononcée à mesure que <strong>le</strong>navire donnait de la bande, et cela <strong>le</strong>s déséquilibrait lorsqu'ils descendaient l'escalier.Sur <strong>le</strong> Pont B, ils prirent un ascenseur jusqu'au Pont D.L'officier se retourna et toisa l'homme dont l'étrange caprice l'avaitinexorab<strong>le</strong>ment rapproché d'une mort certaine. Les lèvres étaient retroussées sur <strong>le</strong>sdents, <strong>le</strong>s yeux brillaient d'un éclat lointain. Le passager s'aperçut que <strong>le</strong> jeunelieutenant <strong>le</strong> dévisageait. Un long moment, <strong>le</strong>urs regards se croisèrent.« Ne vous inquiétez pas...- Bigalow, monsieur.- Ne vous inquiétez pas, Bigalow. Vous vous en tirerez avant qu'on cou<strong>le</strong>.- Quel<strong>le</strong> partie de la ca<strong>le</strong> cherchez-vous ?- Le coffre du navire dans la ca<strong>le</strong> numéro Un, Pont G.- Le Pont G est certainement sous l'eau maintenant.- Nous <strong>le</strong> saurons quand nous y serons, n'est-ce pas ? » Le passager fit ungeste avec <strong>le</strong> pisto<strong>le</strong>t dans sa poche de veste tandis que <strong>le</strong>s portes de l'ascenseurs'ouvraient. Ils descendirent et se frayèrent un chemin à travers la cohue.Bigalow arracha son gi<strong>le</strong>t de sauvetage et se précipita dans l'escalier quimenait au Pont E. Là il s'arrêta et, regardant en bas, il vit l'eau qui montait peu à peu,poursuivant marche par marche son impitoyab<strong>le</strong> avance. Quelques lumières brûlaientencore sous l'eau verte et glacée, projetant une lueur vacillante, inquiétante. « Inuti<strong>le</strong>.Voyez vous-même.- Il y a un autre accès ?- Les portes étanches ont été fermées juste après la collision. Nous pourrionsdescendre par une des échel<strong>le</strong>s de secours.- Alors, al<strong>le</strong>z-y. »Le trajet ne fut pas trop long par <strong>le</strong>s coursives, puis par l'interminab<strong>le</strong>labyrinthe des couloirs et des échel<strong>le</strong>s. Bigalow s'arrêta, sou<strong>le</strong>va un panneaud'écoutil<strong>le</strong> et regarda par l'étroite ouverture. Chose étonnante, dans la ca<strong>le</strong> endessous, l'eau ne montait qu'à une cinquantaine de centimètres.

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