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Seagram lui prit <strong>le</strong> bras et la guida avec douceur jusqu'à son fauteuil dans <strong>le</strong>salon. « Alors par<strong>le</strong>z-moi maintenant des rapports entre Jake Hobart et Joshua HaysBrewster.- Jake était un spécialiste des explosifs, un des meil<strong>le</strong>urs de la région. Ilconnaissait la dynamite comme un forgeron connaît sa forge, et puisque M. Brewsterne voulait que <strong>le</strong>s meil<strong>le</strong>urs pour constituer ses équipes de mineurs, il engageaitsouvent Jake pour s'occuper des explosifs.- Brewster savait-il que Jake était marié ?- C'est bizarre que vous demandiez ça. Nous avions une petite maison àBoulder, à l'écart des camps de mineurs parce que Jake ne voulait pas qu'on sachequ'il avait une femme. Il prétendait que <strong>le</strong>s contremaîtres n'engageraient pas unspécialiste des explosifs marié.- Alors évidemment, Brewster, ignorant la situation conjuga<strong>le</strong> de Jake, l'a payépour s'occuper de la dynamite dans la mine du Petit Ange.- Je sais ce qu'on a imprimé dans <strong>le</strong>s journaux, M. Seagram, mais Jake n'ajamais mis <strong>le</strong>s pieds dans la mine du Petit Ange, pas plus que <strong>le</strong> reste de l'équipe. »Seagram approcha son fauteuil, si bien que <strong>le</strong>urs genoux se touchaientpresque. « Alors la catastrophe était une imposture », fit-il d'une voix rauque.El<strong>le</strong> <strong>le</strong>va <strong>le</strong>s yeux vers lui. « Vous savez... Vous savez ça ?- Nous nous en doutions, mais nous n'avons pas de preuve.- Si ce sont des preuves qu'il vous faut, M. Seagram, je vais vous en procurer.» El<strong>le</strong> se mit debout, repoussant <strong>le</strong>s efforts de Seagram pour l'aider, et disparut dansune autre pièce. El<strong>le</strong> en revint avec une vieil<strong>le</strong> boîte à chaussures qu'el<strong>le</strong> entrepritd'ouvrir avec révérence.« La veil<strong>le</strong> du jour où il devait entrer dans la mine du Petit Ange, Jake m'aemmenée à Denver et m'a entraînée dans un tourbillon d'emp<strong>le</strong>ttes. Il m'a acheté debel<strong>le</strong>s toi<strong>le</strong>ttes, des bijoux et m'a fait dîner au Champagne dans <strong>le</strong> meil<strong>le</strong>ur restaurantde la vil<strong>le</strong>. Nous avons passé notre dernière nuit ensemb<strong>le</strong> dans l'appartement desjeunes mariés du Brown Palace Hôtel. Vous <strong>le</strong> connaissez ?- J'ai un ami qui y séjourne en ce moment.- Le matin, il m'a dit de ne pas croire ce qu'on dirait ou ce que je lirais dans <strong>le</strong>sjournaux à propos de sa mort dans une catastrophe minière, et qu'il serait absentplusieurs mois pour un travail quelque part en Russie. Quand il reviendrait, il m'a ditque nous serions riches au-delà de nos rêves. Puis il a mentionné quelque chose queje n'ai jamais compris.- Quoi donc ?- Il a dit que <strong>le</strong>s Français s'occupaient de tout et que quand tout cela serait fini,nous vivrions à Paris. » Son visage prit un air rêveur. « Le matin, il avait disparu. Surson oreil<strong>le</strong>r il avait laissé un mot qui disait simp<strong>le</strong>ment : « Je t'aime, Ad » et uneenveloppe contenant cinq mil<strong>le</strong> dollars.- Avez-vous la moindre idée d'où provenait cet argent ?- Pas du tout. Nous n'avions qu'environ trois cents dollars en banque à cetteépoque.- Et c'est la dernière fois où vous avez entendu par<strong>le</strong>r de lui ?- Non. » El<strong>le</strong> tendit à Seagram une carte posta<strong>le</strong> fanée représentant une vuecoloriée de la Tour Eiffel. « C'est arrivé dans <strong>le</strong> courrier environ un mois plus tard. »Chère Ad, <strong>le</strong> temps ici est pluvieux et la bière est épouvantab<strong>le</strong>. Je vais bien,et <strong>le</strong>s autres gars aussi. Ne t'inquiète pas. Comme tu <strong>le</strong> vois, je ne suis pas mort dutout. Signé tu sais qui.