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Renflouez le Titanic ! - Bibliothèque

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Pendant quelques instants, <strong>le</strong> regard de la vieil<strong>le</strong> femme se perdit dans <strong>le</strong> vide.« J'ai rencontré Jake durant <strong>le</strong> terrib<strong>le</strong> hiver de 1910. C'était à Leadvil<strong>le</strong>, dans <strong>le</strong>Colorado, et je venais de prendre seize ans.Mon père était en voyage d'affaires dans <strong>le</strong>s régions minières en quêted'investissement possib<strong>le</strong> sur plusieurs terrains, et comme on était près de Noël etque j'avais quelques jours de vacances, il a accepté de nous emmener, ma mère etmoi. Le train était à peine entré en gare de Leadvil<strong>le</strong> quand la pire tempête de neigequ'on ait vue depuis quarante ans a frappé <strong>le</strong>s hautes terres du Colorado. Le blizzarda duré deux semaines et, croyez-moi, ça n'était pas drô<strong>le</strong>, surtout quand on penseque Leadvil<strong>le</strong> est à plus de trois mil<strong>le</strong> mètres d'altitude.- Ça a dû être toute une aventure pour une fil<strong>le</strong> de seize ans.- Je pense bien. Papa arpentait <strong>le</strong> hall de l'hôtel comme un taureau prisonnierpendant que maman restait assise à s'inquiéter, mais moi, je trouvais ça merveil<strong>le</strong>ux.- Et Jake ?- Un jour, ma mère et moi, nous nous efforcions de traverser la nie pour al<strong>le</strong>rau grand magasin - une véritab<strong>le</strong> épreuve quand on est fouetté par des vents de 80kilomètre-heure et qu'il fait moins trente - quand voilà que surgit d'on ne sait où cegéant qui nous prend chacune sous un bras, nous fait traverser <strong>le</strong>s congères et nousdépose à la porte du magasin, comme si de rien n'était.- C'était Jake ?- Oui, fit-el<strong>le</strong> d'un ton lointain, c'était Jake.- De quoi avait-il l'air ?C'était un robuste gaillard, plus d'un mètre quatre-vingts, <strong>le</strong> torse puissant. Iltravaillait dans <strong>le</strong>s mines de Gal<strong>le</strong>s quand il était enfant. Chaque fois qu'on apercevaitun groupe d'hommes à un kilomètre, c'était faci<strong>le</strong> de repérer Jake. C'était <strong>le</strong> rouquin,qui riait toujours.- Roux de cheveux et de barbe ?- Oui, il était très fier du fait qu'il se distinguait toujours des autres.- Tout <strong>le</strong> monde aime un homme qui rit. » El<strong>le</strong> eut un grand sourire.« On ne peut pas dire que pour ma part c'a été <strong>le</strong> coup de foudre, je peux vous<strong>le</strong> dire. Je trouvais que Jake avait l'air d'un gros ours mal léché. Il n'avait guère <strong>le</strong>genre à séduire une jolie fil<strong>le</strong>.- Mais vous l'avez quand même épousé. » El<strong>le</strong> acquiesça. « II m'a fait la courdurant toute la tempête ; et, <strong>le</strong> quatorzième jour, quand <strong>le</strong> so<strong>le</strong>il a fini par percer àtravers <strong>le</strong>s nuages, j'ai accepté sa demande en mariage. Mon père et ma mère, biensûr, étaient désolés, mais Jake a fini par <strong>le</strong>s conquérir à <strong>le</strong>ur tour.- Vous n'avez pas dû être mariée longtemps ?- Je l'ai vu pour la dernière fois un an plus tard.- Le jour où lui et <strong>le</strong>s autres ont disparu dans la mine du Petit Ange. » C'étaitplus une affirmation qu'une question.« Oui », fit-el<strong>le</strong> d'un ton triste. El<strong>le</strong> évita son regard et se tourna d'un air énervévers la cuisine. « Mon Dieu, je ferais mieux de vous préparer à déjeuner. Vous devezmourir de faim, M. Seagram. »Mais Seagram avait perdu son air détaché et une soudaine excitation brillaitdans ses yeux. «Vous avez eu des nouvel<strong>le</strong>s de Jake après l'accident de la mine, n'est-ce pas,Mrs Austin ? »El<strong>le</strong> parut s'enfoncer dans <strong>le</strong>s coussins de son fauteuil. L'appréhension envahitson doux visage. « Je ne sais pas ce que vous vou<strong>le</strong>z dire.- Je crois que si, fit-il sans la brusquer.

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