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Renflouez le Titanic ! - Bibliothèque

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Il ouvrit la porte et s'avança d'un pas incertain dans la coursive jusqu'au grandescalier. Des gens riaient et bavardaient, en regagnant <strong>le</strong>ur cabine. Il jeta un coupd'œil à la lourde pendu<strong>le</strong> en bronze flanquée de deux bas-reliefs au-dessus du palierintermédiaire de l'escalier. Les aiguil<strong>le</strong>s dorées indiquaient 11 h 51.Un steward, planté au pied d'un énorme lampadaire au bas de l'escalier, luilança un regard dédaigneux, sans cacher l'agacement manifeste qu'il éprouvait à voirun passager aussi peu soigné déambu<strong>le</strong>r entre <strong>le</strong>s salons des premières classespendant que tous <strong>le</strong>s autres foulaient <strong>le</strong>s somptueux tapis d'Orient en élégantestenues de soirée.« Les machines... el<strong>le</strong>s ont stoppé, fit-il d'une voix rauque.- Sans doute pour un léger réglage, monsieur, répondit <strong>le</strong> steward. Vous savezce que c'est, un navire tout juste sorti des chantiers, <strong>le</strong> voyage inaugural; c'est normalqu'il y ait quelques petites mises au point à faire. Mais il n'y a pas de quoi s'inquiéter.Le bateau est insubmersib<strong>le</strong>, vous savez.- S'il est en acier, il peut cou<strong>le</strong>r. » II frotta ses yeux injectés de sang. « Je croisque je vais al<strong>le</strong>r jeter un coup d'œil dehors. »Le steward secoua la tête. « Je vous <strong>le</strong> déconseil<strong>le</strong>, monsieur. Il fait bigrementfroid là-haut. »Le passager au costume fripé haussa <strong>le</strong>s épau<strong>le</strong>s. Il avait l'habitude du froid. Iltourna <strong>le</strong>s talons, gravit un étage et franchit une porte qui donnait sur <strong>le</strong> côté du pontdes embarcations.Il suffoqua comme s'il avait été piqué par une aiguil<strong>le</strong>. Après trois jours passésdans <strong>le</strong> tiède cocon de sa cabine, <strong>le</strong> choc était rude de se retrouver par quelquesdegrés au-dessous de zéro.Il n'y avait pas <strong>le</strong> moindre souff<strong>le</strong> de brise, rien qu'un froid mordant et immobi<strong>le</strong>qui tombait du ciel sans nuage comme un linceul.Il se dirigea vers <strong>le</strong> bastingage et remonta <strong>le</strong> col de sa veste. Il se pencha maisne vit que la mer noire, calme comme un étang. Il regarda vers l'avant, puis versl'arrière. Depuis <strong>le</strong> toit suré<strong>le</strong>vé du fumoir des premières classes jusqu'à la timonerieau-delà du carré des officiers, <strong>le</strong> pont des embarcations était tout à fait désert. Seu<strong>le</strong>sla fumée qui montait en volutes nonchalantes de trois des énormes cheminées jauneset noires, <strong>le</strong>s lumières qui brillaient aux fenêtres du salon et de la sal<strong>le</strong> de <strong>le</strong>cturetrahissaient <strong>le</strong> moindre signe de vie.L'écume blanche qui bordait la coque se fit plus grê<strong>le</strong> et disparut peu à peutandis que l'énorme navire continuait sur son erre et glissait sans bruit sous lacouverture infinie des étoi<strong>le</strong>s. Le commissaire de bord sortit du carré des officiers etregarda par-dessus bord.« Pourquoi avons-nous stoppé ?- Nous avons heurté quelque chose, répondit <strong>le</strong> commissaire sans seretourner.- C'est sérieux ?- Sans doute pas, monsieur. S'il y a la moindre voie d'eau, <strong>le</strong>s pompesdevraient maîtriser ça. »Brusquement, un grondement fracassant pareil au tonnerre de centlocomotives s'engouffrant en même temps dans un tunnel jaillit des huit conduitsd'échappement. À l'instant même où il se bouchait <strong>le</strong>s oreil<strong>le</strong>s, <strong>le</strong> passager enreconnut la cause : il avait assez longtemps fréquenté <strong>le</strong>s sal<strong>le</strong>s de machines pour

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