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Renflouez le Titanic ! - Bibliothèque

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« Le Congrès commence à penser que vous êtes devenu fou, monsieur <strong>le</strong>Président. Au cours des six derniers mois, vous avez opposé votre veto à toutes <strong>le</strong>sdépenses proposées par <strong>le</strong> Capito<strong>le</strong> à la Maison-Blanche.- Et je vais continuer à y opposer mon veto jusqu'au jour où je franchirai cetteporte pour la dernière fois. » Le Président s'interrompit pour allumer un petit cigare. «Regardons la vérité en face, John. Le gouvernement des États-Unis est fauché, il estfauché depuis la fin de la Seconde Guerre mondia<strong>le</strong>, et personne ne veut en convenir.Nous continuons joyeusement à amasser une dette nationa<strong>le</strong> qui défie lacompréhension, en nous disant qu'à un moment quelconque <strong>le</strong> pauvre malheureuxqui nous battra à la prochaine é<strong>le</strong>ction paiera l'orchestre pour la fête des cinquantedernières années.- Que comptez-vous que <strong>le</strong> Congrès va faire ? Déclarer l'État en faillite ?- Il pourrait bien y être obligé tôt ou tard.- Les conséquences sont impensab<strong>le</strong>s. La dette nationa<strong>le</strong> est supportée par lamoitié des compagnies d'assurances, <strong>le</strong>s emprunts et <strong>le</strong>s obligations et <strong>le</strong>s banques.Tout cela serait balayé du jour au <strong>le</strong>ndemain.- Et alors ?- Je refuse de l'accepter, dit Burdick en secouant la tête.- Bon sang, John, vous ne pouvez pas faire jaillir l'argent du sol. Vous vousrendez compte que tout contribuab<strong>le</strong> qui a moins de cinquante ans ne verra jamais unchèque de la Sécurité Socia<strong>le</strong>. D'ici douze ans, il sera absolument impossib<strong>le</strong> depayer même <strong>le</strong> tiers des gens qui auront droit à des pensions. C'est encore une raisonpour laquel<strong>le</strong> je m'en vais sonner l'alarme.Une petite voix dans <strong>le</strong> désert, j'ai <strong>le</strong> regret d'en convenir. Mais quand même,durant <strong>le</strong>s quelques mois qui me restent avant la fin de mon mandat, je m'en vais criercasse-cou chaque fois que j'en aurai l'occasion.- Le peup<strong>le</strong> américain n'aime pas qu'on lui annonce de mauvaises nouvel<strong>le</strong>s.Ça ne vous rendra pas très populaire.- Je m'en fous. Je me moque éperdument de ce que <strong>le</strong>s gens pensent. Lessondages de popularité, c'est pour <strong>le</strong>s égoïstes. Dans quelques mois d'ici, je serai surmon ketch, à naviguer paisib<strong>le</strong>ment quelque part au sud des î<strong>le</strong>s Fidji, et <strong>le</strong>gouvernement pourra bien al<strong>le</strong>r se faire voir.- Je suis navré de l'apprendre, monsieur <strong>le</strong> Président. Vous êtes quelqu'un debien. Même vos pires ennemis <strong>le</strong> reconnaissent. »Mais <strong>le</strong> Président ne voulait pas se laisser arrêter. « Nous avons eu pendantquelque temps une grande république, John, mais vous et moi et tous <strong>le</strong>s autresavocats, nous avons tout bousillé.Le gouvernement, c'est une grosse affaire, et on ne devrait pas laisser <strong>le</strong>savocats faire de politique. Ce sont <strong>le</strong>s comptab<strong>le</strong>s et <strong>le</strong>s gestionnaires qui devraientêtre membres du Congrès et Président.- Il faut bien des avocats pour administrer une législature. »Le Président haussa <strong>le</strong>s épau<strong>le</strong>s d'un air las. « À quoi bon ? Quel<strong>le</strong>s quesoient <strong>le</strong>s mesures que je prenne, ça ne changera rien. »Puis il se redressa dans son fauteuil en souriant. « Pardonnez-moi, John, vousn'étiez pas venu ici pour m'entendre faire un discours. Qu'est-ce qui vous préoccupe ?- Le projet de loi d'aide médica<strong>le</strong> aux enfants des famil<strong>le</strong>s économiquementfaib<strong>le</strong>s. » Burdick regarda <strong>le</strong> Président droit dans <strong>le</strong>s yeux.« Vous al<strong>le</strong>z opposer votre veto à ce projet-là aussi ? »Le Président se renversa dans, son fauteuil et examina son cigare. « Oui, dit-ilsimp<strong>le</strong>ment.

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