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Renflouez le Titanic ! - Bibliothèque

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Une horde de reporters et d'opérateurs prit d'assaut l'appontement et vintentourer l'amiral Sandecker, planté comme un César victorieux sur <strong>le</strong>s marches dugrand escalier partant du grand salon du pont D.C'était <strong>le</strong> grand moment de Sandecker, et un attelage de chevaux sauvagesn'aurait pas pu ce jour-là l'arracher au <strong>Titanic</strong>. Il ne manquait jamais une occasion defaire de la publicité à l'Agence Nationa<strong>le</strong> de Recherches Océanographiques, et decel<strong>le</strong>-là, il allait en tirer <strong>le</strong> maximum. Il régala <strong>le</strong>s journalistes des exploits hauts encou<strong>le</strong>ur de l'équipe de sauvetage, fit front aux caméras portatives et sourit, sourit,sourit. L'amiral était au paradis.Pitt se serait bien passé de toutes ces fanfares; son idée du paradis pourl'instant, c'était une douche et un lit propre et douil<strong>le</strong>t. Il parvint à descendre sur <strong>le</strong> quaiet à se mê<strong>le</strong>r à la fou<strong>le</strong>. Il crut qu'il s'en était tiré lorsqu'un commentateur de latélévision se précipita en lui brandissant un microphone sous <strong>le</strong> nez.« Eh, mon vieux, vous appartenez à l'équipe de sauvetage du <strong>Titanic</strong> ?- Non, je travail<strong>le</strong> à l'Arsenal », dit Pitt en agitant <strong>le</strong>s bras comme un ploucdevant la caméra.Le visage du commentateur s'assombrit. « Coupe, Jœ, cria-t-il à sonopérateur. Il y a maldonne. » Puis il tourna <strong>le</strong>s talons et repartit vers <strong>le</strong> navire, criant àla fou<strong>le</strong> de ne pas marcher sur <strong>le</strong> câb<strong>le</strong> de son micro.Six blocs et une demi-heure plus tard, Pitt finit par trouver un chauffeur de taxiqui s'intéressait plus à trouver une course qu'à reluquer l'épave.« Où va-t-on ? » demanda <strong>le</strong> chauffeur.Pitt hésita, regardant sa chemise crasseuse et tachée de sueur et sonpantalon qui dépassait sous son caban déchiré et tout aussi sa<strong>le</strong>. Il n'avait pas besoind'une glace pour voir ses yeux injectés de sang et sa barbe mal rasée. Il s'imaginaittrès bien comme <strong>le</strong> parfait ref<strong>le</strong>t d'un pochard du port. Mais il se dit : Et puis merde, ilvenait de débarquer de ce qui était jadis <strong>le</strong> plus prestigieux bateau du monde.« Quel est l'hôtel <strong>le</strong> plus luxueux et <strong>le</strong> plus cher de New York ?- Le Pierre, au coin de la Cinquième Avenue et de la 61e Rue, ça n'est pasdonné.- Alors, va pour <strong>le</strong> Pierre. »Le chauffeur jeta un coup d'œil par-dessus son épau<strong>le</strong>, inspecta Pitt et fronça<strong>le</strong> nez. Puis il haussa <strong>le</strong>s épau<strong>le</strong>s et se lança dans <strong>le</strong> flot de la circulation. Il mit moinsd'une demi-heure à arriver jusqu'au trottoir devant <strong>le</strong> Pierre, dominant Central Park.Pitt régla la course, franchit <strong>le</strong>s portes tournantes et se dirigea vers laréception.L'employé lui lança un regard écœuré très classique. « Je suis désolé,monsieur, dit-il d'un ton hautain, sans laisser à Pitt <strong>le</strong> temps d'ouvrir la bouche. Noussommes comp<strong>le</strong>t. »Pitt savait que s'il donnait son vrai nom, ce serait l'affaire de quelques minutesavant qu'une meute de reporters vînt <strong>le</strong> dénicher. Il n'était pas encore prêt à affronter<strong>le</strong>s épreuves de la célébrité. Tout ce qu'il voulait, c'était un sommeil ininterrompu.« Je ne suis pas ce que j'ai l'air d'être, dit Pitt, en essayant de prendre un tonindigné. Il se trouve que je suis <strong>le</strong> professeur R. Malcom Smythe, écrivain etarchéologue. Je débarque de l'avion après quatre mois de fouil<strong>le</strong>s en Amazonie et jen'ai pas eu <strong>le</strong> temps de me changer.

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