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Renflouez le Titanic ! - Bibliothèque

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Les dernières heures du long remorquage se firent par un ciel clair etenso<strong>le</strong>illé, avec un petit vent qui poussait doucement <strong>le</strong>s longues hou<strong>le</strong>s de l'océanvers la côte et eff<strong>le</strong>urait <strong>le</strong>urs dos verts et incurvés.Depuis l'aube, quatre navires des garde-côtes s'affairaient à écarter l'énormeflottil<strong>le</strong> de navires de plaisance qui sillonnaient la mer, cherchant à mieux voir <strong>le</strong>sponts usés par la mer et <strong>le</strong>s superstructures rouillées de l'épave.Tournoyant au-dessus des eaux encombrées, des essaims de petits avions etd'hélicoptères grouillaient comme des guêpes, <strong>le</strong>urs pilotes virevoltant pour donneraux photographes et aux opérateurs de cinéma l'ang<strong>le</strong> parfait sous <strong>le</strong>quel prendre <strong>le</strong><strong>Titanic</strong>.D'une altitude de quinze cents mètres, <strong>le</strong> navire qui donnait toujours de labande avait l'air d'une macabre carcasse attaquée de tous côtés par des armadas demoustiques et de fourmis blanches.Le Thomas J. Morse fit revenir son câb<strong>le</strong> de remorque de l'étrave du SamuelR. Wattace et prit position à l'arrière de l'épave, où il fixa un câb<strong>le</strong>, puis laissa fi<strong>le</strong>r versl'arrière pour aider à faire passer l'énorme masse par <strong>le</strong> chenal de Verrazano etremonter l'East River jusqu'au vieil arsenal de Brooklyn. Plusieurs remorqueurs duport apparurent à <strong>le</strong>ur tour, parés à prêter la main, si besoin en était, lorsque <strong>le</strong>commandant Butera donna l'ordre de raccourcir à deux cents mètres <strong>le</strong> maître câb<strong>le</strong>de remorque.Le bateau pilote se rangea <strong>le</strong> long du Wallace et <strong>le</strong> pilote sauta à bord. Puis <strong>le</strong>petit navire continua et vint cogner contre <strong>le</strong>s tô<strong>le</strong>s rouillées du <strong>Titanic</strong>, dont il n'étaitséparé que par des vieux pneus pendus au franc-bord. Une demi-minute plus tard, <strong>le</strong>chef pilote du port de New York avait accroché une échel<strong>le</strong> de corde et grimpait sur <strong>le</strong>pont.Pitt et Sandecker l'accueillirent et <strong>le</strong> guidèrent jusqu'au côté bâbord de lapasserel<strong>le</strong> où <strong>le</strong> chef pilote posa <strong>le</strong>s deux mains sur <strong>le</strong> bastingage et fit signe de latête au remorqueur de poursuivre sa route. Pitt agita <strong>le</strong> bras et Butera répondit par uncoup de siff<strong>le</strong>t. Puis <strong>le</strong> commandant du remorqueur ordonna « En avant doucement »et dirigea l'étrave du Wallace dans <strong>le</strong> grand chenal, sous <strong>le</strong> pont Verrazano qui va deLong Island à Staten Island.Tandis que l'étrange convoi avançait dans la baie de New York, Butera se mità arpenter la passerel<strong>le</strong> du remorqueur, inspectant la coque de l'épave, calculant lavitesse du vent et du courant, et surveillant <strong>le</strong> câb<strong>le</strong> de remorque avec l'attention d'unchirurgien du cerveau sur <strong>le</strong> point de pratiquer une délicate opération.Depuis la veil<strong>le</strong> au soir, des milliers de gens attendaient <strong>le</strong> long des quais. Lavie s'était arrêtée dans Manhattan, <strong>le</strong>s rues étaient vides et <strong>le</strong>s bureaux soudainsi<strong>le</strong>ncieux, tandis que <strong>le</strong>s employés se pressaient aux fenêtres dans une attentemuette et regardaient <strong>le</strong> remorqueur remonter <strong>le</strong>ntement la rade.Sur la rive de Staten Island, Peter Hull, un reporter du New York Times,commença son artic<strong>le</strong> :« Les fantômes existent. Je <strong>le</strong> sais, j'en ai vu un dans <strong>le</strong>s brumes de ce matin.Comme un fantôme baroque rejeté par l'enfer, il est passé devant mes yeuxincrédu<strong>le</strong>s. Entouré de l'invisib<strong>le</strong> linceul d'une tragédie passée, comme enveloppédans <strong>le</strong>s âmes de ses morts, c'était vraiment une impressionnante relique d'un âgedisparu. On ne pouvait pas <strong>le</strong> regarder sans éprouver tout à la fois de l'orgueil et unepoignante tristesse. »

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