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Renflouez le Titanic ! - Bibliothèque

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cent cinquante vies humaines, auraient peut-être été épargnées. Cent cinquantehommes, femmes et enfants seraient peut-être en vie aujourd'hui si <strong>le</strong>s instrumentsscientifiques <strong>le</strong>s plus raffinés pour la prévision météorologique ne s'étaient pas révéléautant de jouets inuti<strong>le</strong>s devant un caprice de Mère Nature.Prescott se <strong>le</strong>va et jeta un dernier coup d'œil à la carte mura<strong>le</strong> avant que <strong>le</strong>sfemmes de ménage ne viennent effacer l'ouragan d'Amanda et faire disparaître mêmesa trace en attendant son descendant pas encore né. Une petite notation au milieu detout cela retint son regard. C'était une petite croix portant l'étiquette <strong>Titanic</strong>.Le dernier rapport qu'il avait reçu du quartier général de l'ANRO à Washingtonannonçait que l'épave était traînée par deux remorqueurs de la Marine quis'efforçaient désespérément de la faire sortir de la route de l'ouragan. On n'avait plusrien entendu du navire depuis vingt-quatre heures.Prescott porta un toast avec une tasse de café froid. « Au <strong>Titanic</strong>, dit-il touthaut dans la sal<strong>le</strong> vide. Puisse-t-il avoir encaissé tous <strong>le</strong>s coups d'Amanda et pouvoirencore lui cracher dans l'œil. »II fit une grimace en avalant <strong>le</strong> café froid. Puis il tourna <strong>le</strong>s talons et sortit dubureau dans l'humidité du petit matin.Aux premières lueurs de l'aube, <strong>le</strong> <strong>Titanic</strong> vivait toujours. Il n'y avait pas deraisons à la prolongation de son existence : il continuait à être ballotté sans but entravers de la mer et du vent, pris dans <strong>le</strong>s tourbillons bouillonnants des vagues quel'ouragan en s'éloignant avait laissées dans son sillage.Comme un boxeur sonné prend une épouvantab<strong>le</strong> correction tout en restantcramponné aux cordes, il se laissait porter sur <strong>le</strong>s crêtes de dix mètres, recevantchaque vague l'une après l'autre, son pont des embarcations noyé sous <strong>le</strong>s embruns,puis l'énorme navire se libérait, on ne sait comment, se redressait juste à temps pourl'assaut suivant.Pour <strong>le</strong> commandant Parotkine qui l'observait à travers ses jumel<strong>le</strong>s, <strong>le</strong> <strong>Titanic</strong>était un navire condamné. Les vieil<strong>le</strong>s tô<strong>le</strong>s rouillées de sa coque avaient étésoumises à des efforts bien supérieurs à ce qu'il estimait qu'el<strong>le</strong>s pouvaient supporter.Il distinguait <strong>le</strong>s rivets qui avaient sauté, <strong>le</strong>s voies d'eau qui s'étaient ouvertes, et ildevinait que <strong>le</strong> navire prenait l'eau à une centaine d'endroits différents <strong>le</strong> long de sacoque. Ce qu'il ne pouvait pas voir, c'était <strong>le</strong>s hommes épuisés de l'équipe desauvetage, <strong>le</strong>s SEALs et l'équipage des remorqueurs de la Marine, qui travaillaienttous, épau<strong>le</strong> contre épau<strong>le</strong>, dans <strong>le</strong>s profondeurs de cet enfer ténébreux au-dessousde la ligne de flottaison, tous unis dans un effort désespéré pour maintenir l'épave àflot.Pour Parotkine, bien à l'abri des éléments à l'intérieur de la timonerie duMikhaïl Kourkov, cela semblait un mirac<strong>le</strong> que <strong>le</strong> <strong>Titanic</strong> n'eût pas disparu pendant lanuit. Mais il continuait à se cramponner à la vie, même s'il s'était enfoncé de six bonsmètres à l'étrave et s'il avait une gîte de près de 30° sur tribord.« Pas de nouvel<strong>le</strong>s du capitaine Prevlov ? demanda-t-il sans lâcher sesjumel<strong>le</strong>s.- Rien, Commandant, répondit son officier en second.

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