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Renflouez le Titanic ! - Bibliothèque

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choix que de continuer. Si nous nous arrêtons pour voir ce qui se passe, <strong>le</strong> <strong>Titanic</strong>risque de se mettre en travers et de chavirer.- Est-ce que vous pouvez <strong>le</strong> repérer sur votre radar ?- Pas question, une vague a balayé nos antennes il y a vingt minutes.Et vous ?- J'ai toujours l'antenne, mais la même vague qui a emporté la vôtre aprovoqué un court-circuit.- Alors c'est vraiment l'aveug<strong>le</strong> qui mène l'aveug<strong>le</strong>. »Butera reposa <strong>le</strong> radiotéléphone et entrebâilla avec précaution la portedonnant sur <strong>le</strong> côté tribord de la passerel<strong>le</strong>. Se protégeant <strong>le</strong>s yeux avec son bras, il fitquelques pas en chancelant, ses yeux s'efforçant de pénétrer cette nuit démente. Lesprojecteurs se révélaient inuti<strong>le</strong>s, <strong>le</strong>urs faisceaux ne faisaient que refléter la pluie quitombait sans rien révé<strong>le</strong>r. Un éclair stria <strong>le</strong> ciel sur l'arrière, <strong>le</strong> bruit du tonnerre noyépar <strong>le</strong> vent, et Butera sentit son cour s'arrêter. Le bref jaillissement de lumière n'avaitrien révélé de la silhouette du <strong>Titanic</strong>. On aurait dit qu'il n'avait jamais existé. Horsd'ha<strong>le</strong>ine, l'eau ruisselant sur son ciré, il referma la porte juste au moment où la voixde l'enseigne Kelly se faisait de nouveau entendre dans <strong>le</strong> haut-par<strong>le</strong>ur. «Commandant ? »Butera essuya <strong>le</strong>s embruns qui lui coulaient dans <strong>le</strong>s yeux et décrocha <strong>le</strong>téléphone. « Qu'y a-t-il, Kelly ?- C'est <strong>le</strong> câb<strong>le</strong>, il mollit.- Il a cassé ?- Non, Commandant, <strong>le</strong> câb<strong>le</strong> est toujours en place mais il est quelques mètresplus bas dans l'eau. Je n'ai encore jamais vu cela. On dirait que l'épave s'est mis entête de nous dépasser. »Ce furent <strong>le</strong>s mots « nous dépasser » qui actionnèrent <strong>le</strong> déclic... et Butera nedevait jamais oublier la brutalité du choc que ce fut. Une trappe venait de s'ouvrir dansson esprit, libérant un cauchemar d'images en succession bien ordonnée, <strong>le</strong>s imagesd'un pendu<strong>le</strong> fou, dont l'arc s'agrandissait jusqu'au moment où il effectuait un tourcomp<strong>le</strong>t sur lui-même. Tous <strong>le</strong>s signes étaient là : <strong>le</strong> câb<strong>le</strong> qui tirait à tribord, <strong>le</strong>mollissement soudain. Il imagina la scène; <strong>le</strong> <strong>Titanic</strong> tiré légèrement en avant sur uneroute parallè<strong>le</strong> à cel<strong>le</strong> du Wallace à tribord, et puis la traction du câb<strong>le</strong> tirant l'épave enarrière un peu comme des écoliers formant une farando<strong>le</strong>. Et puis quelque chose vintinterrompre <strong>le</strong> cauchemar qui se déroulait dans la tête de Butera et l'arracha à lafascination qui <strong>le</strong> paralysait.II décrocha <strong>le</strong> radiotéléphone et presque dans <strong>le</strong> même mouvement sonna lasal<strong>le</strong> des machines. « En avant toute ! Vous m'entendez à la sal<strong>le</strong> des machines ? Enavant toute ! »Puis il appela <strong>le</strong> Morse. « Je fonce sur vous à toute vitesse, cria-t-il. Vous merecevez, Uphill?- Veuil<strong>le</strong>z répéter, demanda Uphill.- Ordonnez en avant toute, bon sang, où je vous éperonne. »Butera raccrocha et tenta une fois de plus de s'avancer sur la passerel<strong>le</strong>.L'ouragan frappait la mer avec tant de vio<strong>le</strong>nce qu'il était presque impossib<strong>le</strong> deséparer l'air de l'eau. Il avait <strong>le</strong> plus grand mal à maintenir sa prise sur <strong>le</strong> bastingage.Puis il la vit, l'immense étrave du <strong>Titanic</strong> qui se dressait de toute sa hauteurderrière <strong>le</strong> rideau de la pluie, à moins de trente mètres à tribord. Il ne pouvait rien faire

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