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Renflouez le Titanic ! - Bibliothèque

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Il s'arrêta un instant et tendit l'oreil<strong>le</strong>. Les seuls sons qu'il percevait, c'étaient sarespiration ha<strong>le</strong>tante et <strong>le</strong> vent. Il écouta encore, mettant ses mains en cornet autourde ses oreil<strong>le</strong>s. À travers <strong>le</strong>s hur<strong>le</strong>ments du vent il perçut à peine <strong>le</strong>s aboiements d'unchien.« Oh, mon Dieu », pensa-t-il. Tant que son corps serait encore chaud, <strong>le</strong>snarines sensib<strong>le</strong>s du chien ne manqueraient pas de flairer sa trace. Il s'écroula,effondré. Il ne lui restait plus rien à faire que de rester là en laissant la vie s'écou<strong>le</strong>rgoutte à goutte.Mais une petite flamme tout au fond de lui refusait de s'éteindre. Dieumiséricordieux, pensât-il dans son délire, il ne pouvait tout de même pas rester là àattendre que <strong>le</strong>s Russes viennent <strong>le</strong> prendre. Il n'était qu'un professeur deminéralogie, pas un agent secret entraîné. Son esprit et son corps de quadragénairen'étaient pas prêts à supporter un interrogatoire intensif. S'il vivait, on pourrait luiarracher toute l'histoire en quelques heures. Il ferma <strong>le</strong>s yeux : l'accab<strong>le</strong>ment del'échec vint effacer toute souffrance physique.Lorsqu'il <strong>le</strong>s rouvrit, son champ visuel était tout entier envahi par la tête d'unénorme chien.Koplin reconnut un Komondor, un berger hongrois, une bête puissante, haute,de quatre-vingts centimètres, couverte d'une épaisse toison de poils blancs. Le grandchien poussait des grognements sauvages et aurait sauté à la gorge de Koplin s'iln'avait pas été tenu en laisse par la main gantée d'un soldat soviétique. L'hommeavait un air indifférent, il était planté là à contemp<strong>le</strong>r sa proie désemparée, serrant lalaisse dans sa main gauche pendant que sa main droite tenait un fusil-mitrail<strong>le</strong>ur. Ilétait impressionnant dans sa grande capote qui tombait sur ses bottes jusqu'auxchevil<strong>le</strong>s, et ses yeux pâ<strong>le</strong>s et impassib<strong>le</strong>s ne témoignaient d'aucune compassionpour <strong>le</strong>s b<strong>le</strong>ssures de Koplin. Le soldat mit son arme en bandoulière et se penchapour aider Koplin à se re<strong>le</strong>ver. Puis, sans un mot, <strong>le</strong> Russe se mit à traîner l'Américainb<strong>le</strong>ssé vers <strong>le</strong> poste de sécurité de l'î<strong>le</strong>.Koplin faillit s'évanouir de dou<strong>le</strong>ur. Il avait l'impression qu'on l'avait traîné dansla neige pendant des kilomètres alors qu'en fait il ne s'agissait que d'une cinquantainede mètres. Il n'avait guère parcouru plus lorsqu'une vague silhouette apparut dans latourmente, brouillée par <strong>le</strong> rideau de flocons blancs. Dans la brume de sa demiconscience,Koplin sentit <strong>le</strong> soldat se crisper.Un petit « plop » retentit dans <strong>le</strong> vent et l'énorme Komondor s'abattit sans bruitsur <strong>le</strong> flanc dans la neige. Le Russe lâcha Koplin et s'efforça frénétiquement d'épau<strong>le</strong>rson fusil-mitrail<strong>le</strong>ur, mais <strong>le</strong> bruit bizarre se répéta et un petit trou qui s'étoila aussitôtde rouge apparut soudain au milieu du front du soldat. Puis <strong>le</strong> regard devint vitreux etl'homme s'effondra auprès du chien.Il se passait quelque chose d'inexplicab<strong>le</strong> ; tout ça n'était pas normal, se ditKoplin, mais son esprit épuisé était incapab<strong>le</strong> de tirer la moindre conclusion valab<strong>le</strong>. Iltomba à genoux et vit un homme de grande tail<strong>le</strong> en parka grise surgir de la brumeblanche et regarder <strong>le</strong> chien.« Dommage », dit-il sèchement.L'homme était imposant. Le visage tanné comme un chêne paraissait déplacédans l'Arctique.

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