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Renflouez le Titanic ! - Bibliothèque

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« Modoc, signa<strong>le</strong>z au Q.G. de l'ANRO que nous avons découvert <strong>le</strong> Grand T.Je répète, nous avons découvert <strong>le</strong> Grand T. Profondeur 3 702 mètres. Heure, Ilh42.- 11 h 42 ? répéta Giordino. Vantard ! Tu t'es trompé de deux minutes. »RENAISSANCELe <strong>Titanic</strong> gisait, enveloppé dans l'immobilité fantomatique des noiresprofondeurs, et portait encore <strong>le</strong>s sinistres cicatrices de sa tragédie. La déchirureprovoquée par sa collision avec l'iceberg s'étendait de l'extrémité avant tribord jusqu'àla chambre de chauffe n° 5, sur près de cent mètres <strong>le</strong> long de la coque, cependantque <strong>le</strong>s trous béants dans l'étrave au-dessous de la ligne de flottaison révélaient <strong>le</strong>choc formidab<strong>le</strong> des chaudières, lorsqu'el<strong>le</strong>s s'étaient arrachées aux entrail<strong>le</strong>s dunavire pour fracasser une cloison après l'autre et plonger enfin dans la mer.Le navire reposait lourdement dans la vase, avec une légère gîte à bâbord, <strong>le</strong>gaillard d'avant tourné vers <strong>le</strong> sud, comme s'il cherchait dans un effort pathétique àatteindre <strong>le</strong>s eaux d'un port qu'il n'avait jamais connues. Les faisceaux lumineuxprovenant du bathyscaphe dansaient sur ses superstructures fantomatiques, jetant delongues ombres spectra<strong>le</strong>s en travers de ses interminab<strong>le</strong>s ponts de teck. Seshublots, <strong>le</strong>s uns ouverts, <strong>le</strong>s autres fermés, s'alignaient en rangées ordonnées <strong>le</strong> longde ses larges flancs. Il offrait un aspect élancé, presque moderne, maintenant que sescheminées avaient disparu ; <strong>le</strong>s trois cheminées avant n'existaient plus, deux sansdoute ayant été emportées lors de la plongée jusqu'au fond, alors que la n° 4 gisait entravers du pont des embarcations arrière. Et, à l'exception des bouts de haubansrouillés qui serpentaient par-dessus <strong>le</strong> bastingage, <strong>le</strong> pont des embarcations n'offraitau regard que quelques énormes manches à air montant une garde si<strong>le</strong>ncieuse audessusdes bossoirs vides, qui abritaient jadis <strong>le</strong>s canots de sauvetage du grandpaquebot.Il y avait dans tout cela une beauté morbide. Les hommes à l'intérieur dubathyscaphe croyaient presque voir ses salons et ses cabines inondés de lumière etgrouillant de centaines de passagers joyeux. Ils imaginaient ses bibliothèquesbourrées de livres, ses fumoirs emplis de la brume b<strong>le</strong>utée des cigares, ils croyaiententendre la musique de son orchestre jouant <strong>le</strong> dernier ragtime. Les passagersarpentaient ses ponts : des hommes riches et célèbres aux plastrons d'habitimmaculés, des femmes en robes du soir colorées, des nurses avec des enfantscramponnés à <strong>le</strong>ur jouet favori, <strong>le</strong>s Astor, <strong>le</strong>s Guggenheim et <strong>le</strong>s Strauss en premièreclasse, <strong>le</strong>s bourgeois, <strong>le</strong>s professeurs, <strong>le</strong>s pasteurs, <strong>le</strong>s étudiants, <strong>le</strong>s écrivains enseconde classe; <strong>le</strong>s immigrants, <strong>le</strong>s fermiers irlandais et <strong>le</strong>ur famil<strong>le</strong>, <strong>le</strong>s menuisiers,<strong>le</strong>s boulangers, <strong>le</strong>s tail<strong>le</strong>urs et <strong>le</strong>s mineurs de lointains villages de Suède, de Russie etde Grèce dans l'entrepont.Et puis, il y avait <strong>le</strong>s membres de l'équipage, près de neuf cents personnes,depuis <strong>le</strong>s officiers jusqu'aux gens des cuisines, aux stewards, aux garçonsd'ascenseur et aux hommes de la sal<strong>le</strong> des machines.Une fantastique opu<strong>le</strong>nce gisait dans l'obscurité par-delà <strong>le</strong>s portes et <strong>le</strong>shublots.À quoi ressemblaient aujourd'hui la cuisine, <strong>le</strong> court de tennis, <strong>le</strong>s bains turcs ?Restait-il quelques vestiges pourrissants de cette immense tapisserie encore penduedans <strong>le</strong> grand salon ? Et l'horloge de bronze du grand escalier, et <strong>le</strong>s lustres de cristalde l'élégant Café parisien, et <strong>le</strong> plafond délicatement décoré de la sal<strong>le</strong> à manger despremières classes ? Peut-être <strong>le</strong>s ossements du commandant Edward J. Smith

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