Livret secondaire (histoire) - Siaap, la cité de l'eau et de l ...

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La fin du XIV e siècle, sous le règne de Charles V, est très riche en ordonnances relatives à la salubrité.Il est désormais interdit de jeter les eaux usées par la fenêtre, les déchets doivent être rassembléset enlevés régulièrement, et les Parisiens sont enjoints de s’équiper en latrines. En 1396, Charles VIréglemente l’activité des conducteurs de tombereaux, assurant l’enlèvement des immondices etleur transport jusqu’à une décharge. Le XV e siècle voit lui aussi se succéder de multiples arrêtés,similaires aux précédents, confirmant l’impuissance des autorités (roi, parlement, police) qui neparviennent pas à faire respecter des mesures datant d’un siècle plus tôt. La population est résignéeet ne comprend pas l’intérêt de ces mesures d’hygiène.Malgré le pavage et la législation, les rues parisiennes ne sont pas assainies. Les petites rivièresde Paris, s’écoulant depuis Ménilmontant, Belleville et Montmartre, deviennent des égouts à cielouvert. Enfin, le fleuve souffre lui aussi de dangereuses pollutions. Charles VI le décrit ainsi : “Elle estsi pleine de boues, de fientes, d’ordures, de putréfaction et d’immondices, que c’est grande horreuret abomination à voir, et que c’est miracle de Dieu de voir comment les créatures et corps humainsqui en boivent ne meurent pas ou n’attrapent pas de maladies incurables.” 21 Malheureusement,Charles VI voit juste et les XIV e et XV e siècles sont marqués par de terribles épidémies.Les expressions liées au pavage de Paris en “carreaux”Les carreaux sont de grands pavés couvrant certaines rues de Paris à la fin du Moyen-Âge.Plusieurs expressions emploient le terme de “carreau” qui désigne par extension toute surfacerecouverte par des carreaux.Les duellistes de l’époque préfèrent régler leurs comptes dans les rues pavées, qui offrentl’avantage de ne pas se dérober sous leurs pieds. Ainsi naissent les expressions “rester sur lecarreau” qui signifie être blessé ou tué après une lutte, échouer, etlaisser quelqu’un sur lecarreau”, le laisser sur place, mort ou grièvement blessé, l’abandonner dans une situation difficile.Le carreau des halles précise le centre des halles d’une commune, matérialisé par une place, parfoisun monument. À Paris, le Carreau des Halles désigne le marché en plein air implanté au XII e siècleau cœur de Paris (puis couvert par des halles), où l’on étalait notamment les fruits et légumes, puisau XV e siècle, pain, beurre, fromage et œufs. L’expression désigne aussi l’endroit où se faisaient lesventes non officielles autour et en dehors des Halles. C’est également le nom du projet destiné àremplacer le Forum des Halles, le centre commercial souterrain construit dans les années 1970,prévu pour 2016.Le Carreau du Temple est un marché de linge, fripes, vêtements et cuirs situé dans le troisièmearrondissement de Paris. Mis en place au XVIII e siècle, il est d’abord constitué de quatre hangars enbois, puis de six pavillons en fonte au XIX e siècle, dont il n’en reste plus que deux. Au début des années2000, le site est réaménagé pour rouvrir en 2013 et offrir un complexe culturel, sportif et économique.21/ Monestier, op. cit.24histoire, arts et littérature / COLLÈGE et lycée

C. Le temps des épidémiesLa mauvaise évacuation des déchets et la présence massive d’animaux, dont les rats particulièrementnuisibles, ont des conséquences sanitaires directes. Les grands fléaux du Moyen-Âge ont traversé etravagé toute l’Europe. Paris en subit les effets d’autant plus intensément que la promiscuité faciliteles contagions 22 .Toutes les maladies qui ont marqué le Moyen-Âge ne sont pas directement liées au faibledegré d’avancement en termes d’hygiène publique. Elles sont néanmoins toutes à la base d’unprocessus qui bouleverse la vie en société au Moyen-Âge. La fréquence et l’intensité des épisodesépidémiques provoquent un repli des villes sur elles-mêmes. Elles craignent d’importer la maladieou sont isolées lorsqu’elles sont touchées. À l’intérieur des villes, les autorités municipales prennentde l’importance ; les ordonnances et autres édits se multiplient. Les contacts sont limités, certainslieux comme les étuves sont fermés.Cinq maladies ayant marqué Paris au Moyen-Âge sont présentées ici dans l’ordre chronologiquedes principales épidémies à partir du XIV e siècle 23-24 : peste noire, coqueluche, petite vérole, grippeet choléra. Ce ne sont pas les seules maladies présentes dans le Paris médiéval, marqué par lesfréquentes dysenteries, la fièvre miliaire, le typhus ou encore le scorbut.1/ La peste noireL’année 1347 marque pour Paris le début d’une longue période pendant laquelle se succèdentdifférentes épidémies. La capitale est d’abord frappée par une pandémie de peste bubonique (figure20). Cet épisode est resté dans l’Histoire sous le nom de peste noire. Des symptômes correspondantà la peste bubonique sont relatés depuis l’Antiquité sur les Bords de la Méditerranée (Afrique dunord, Carthage). Ce n’est qu’au VI e siècle que la maladie entre en Europe, mais cet épisode connusous le nom de peste justinienne touche principalement les zones côtières, la transmission étant liéeau commerce avec l’Orient. Puis la peste délaisse l’Europe pendant six siècles.Son retour est dévastateur. Cette fois, la maladie ne se cantonnepas aux côtes. La peste noire tue 80 000 personnes à Paris en18 mois. Elle traverse l’Europe où elle fait entre 25 et 40 millionsde victimes, entre le quart et le tiers de la population. C’est lapandémie la plus dévastatrice connue par l’Occident. Elle sévitdurant quatre siècles en resurgissant régulièrement. À la fin duMoyen-Âge, la population française est diminuée de moitié parrapport à 1347.Figure 20 : “La Voyageuse noire”, allégorie de la pesteGravure, 1879. Journal des voyages n°87.© Roger-Viollet22/ G. Vigarello, op. cit.23/ L’encyclopédie santé Vulgaris-Médical : http://www.vulgaris-medical.com ; Organisation Mondiale de la Santé : www.who.org24/ “Les épidémies, de la peste noire à la grippe A/H1N1”, J.-P. Dedet, Dunod, 2010.25histoire, arts et littérature / COLLÈGE et lycée

C. Le temps <strong>de</strong>s épidémiesLa mauvaise évacuation <strong>de</strong>s déch<strong>et</strong>s <strong>et</strong> <strong>la</strong> présence massive d’animaux, dont les rats particulièrementnuisibles, ont <strong>de</strong>s conséquences sanitaires directes. Les grands fléaux du Moyen-Âge ont traversé <strong>et</strong>ravagé toute l’Europe. Paris en subit les eff<strong>et</strong>s d’autant plus intensément que <strong>la</strong> promiscuité faciliteles contagions 22 .Toutes les ma<strong>la</strong>dies qui ont marqué le Moyen-Âge ne sont pas directement liées au faible<strong>de</strong>gré d’avancement en termes d’hygiène publique. Elles sont néanmoins toutes à <strong>la</strong> base d’unprocessus qui bouleverse <strong>la</strong> vie en société au Moyen-Âge. La fréquence <strong>et</strong> l’intensité <strong>de</strong>s épiso<strong>de</strong>sépidémiques provoquent un repli <strong>de</strong>s villes sur elles-mêmes. Elles craignent d’importer <strong>la</strong> ma<strong>la</strong>dieou sont isolées lorsqu’elles sont touchées. À l’intérieur <strong>de</strong>s villes, les autorités municipales prennent<strong>de</strong> l’importance ; les ordonnances <strong>et</strong> autres édits se multiplient. Les contacts sont limités, certainslieux comme les étuves sont fermés.Cinq ma<strong>la</strong>dies ayant marqué Paris au Moyen-Âge sont présentées ici dans l’ordre chronologique<strong>de</strong>s principales épidémies à partir du XIV e siècle 23-24 : peste noire, coqueluche, p<strong>et</strong>ite vérole, grippe<strong>et</strong> choléra. Ce ne sont pas les seules ma<strong>la</strong>dies présentes dans le Paris médiéval, marqué par lesfréquentes dysenteries, <strong>la</strong> fièvre miliaire, le typhus ou encore le scorbut.1/ La peste noireL’année 1347 marque pour Paris le début d’une longue pério<strong>de</strong> pendant <strong>la</strong>quelle se succè<strong>de</strong>ntdifférentes épidémies. La capitale est d’abord frappée par une pandémie <strong>de</strong> peste bubonique (figure20). C<strong>et</strong> épiso<strong>de</strong> est resté dans l’Histoire sous le nom <strong>de</strong> peste noire. Des symptômes correspondantà <strong>la</strong> peste bubonique sont re<strong>la</strong>tés <strong>de</strong>puis l’Antiquité sur les Bords <strong>de</strong> <strong>la</strong> Méditerranée (Afrique dunord, Carthage). Ce n’est qu’au VI e siècle que <strong>la</strong> ma<strong>la</strong>die entre en Europe, mais c<strong>et</strong> épiso<strong>de</strong> connusous le nom <strong>de</strong> peste justinienne touche principalement les zones côtières, <strong>la</strong> transmission étant liéeau commerce avec l’Orient. Puis <strong>la</strong> peste dé<strong>la</strong>isse l’Europe pendant six siècles.Son r<strong>et</strong>our est dévastateur. C<strong>et</strong>te fois, <strong>la</strong> ma<strong>la</strong>die ne se cantonnepas aux côtes. La peste noire tue 80 000 personnes à Paris en18 mois. Elle traverse l’Europe où elle fait entre 25 <strong>et</strong> 40 millions<strong>de</strong> victimes, entre le quart <strong>et</strong> le tiers <strong>de</strong> <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion. C’est <strong>la</strong>pandémie <strong>la</strong> plus dévastatrice connue par l’Occi<strong>de</strong>nt. Elle sévitdurant quatre siècles en resurgissant régulièrement. À <strong>la</strong> fin duMoyen-Âge, <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion française est diminuée <strong>de</strong> moitié parrapport à 1347.Figure 20 : “La Voyageuse noire”, allégorie <strong>de</strong> <strong>la</strong> pesteGravure, 1879. Journal <strong>de</strong>s voyages n°87.© Roger-Violl<strong>et</strong>22/ G. Vigarello, op. cit.23/ L’encyclopédie santé Vulgaris-Médical : http://www.vulgaris-medical.com ; Organisation Mondiale <strong>de</strong> <strong>la</strong> Santé : www.who.org24/ “Les épidémies, <strong>de</strong> <strong>la</strong> peste noire à <strong>la</strong> grippe A/H1N1”, J.-P. De<strong>de</strong>t, Dunod, 2010.25<strong>histoire</strong>, arts <strong>et</strong> littérature / COLLÈGE <strong>et</strong> lycée

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