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Livret secondaire (histoire) - Siaap, la cité de l'eau et de l ...

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3/ La rue dans le Paris médiévalLe réseau <strong>de</strong> rues étroites, tortueuses <strong>et</strong> inclinées est l’un <strong>de</strong>s éléments directeurs du paysage urbainmédiéval. Les gran<strong>de</strong>s artères <strong>et</strong> les sections rectilignes sont rares, <strong>et</strong> ce réseau sinueux est à <strong>la</strong> base<strong>de</strong>s difficultés <strong>de</strong> circu<strong>la</strong>tion. On propose plusieurs explications à ce modèle urbanistique médiéval :l’origine rurale <strong>de</strong>s rues, <strong>la</strong> protection contre le vent ou encore un moyen d’éviter les écoulements<strong>de</strong> boues par temps d’orage.Bien qu’inadaptée à son intense fréquentation, <strong>la</strong> rue tient une p<strong>la</strong>ce majeure <strong>et</strong> ses engorgementsconstituent un marqueur fort <strong>de</strong> l’i<strong>de</strong>ntité du Paris médiéval (cadre sur les encombrements <strong>de</strong> Paris).L’habitat est ouvert sur <strong>la</strong> voie <strong>de</strong> circu<strong>la</strong>tion. La rue présente alors le spectacle <strong>de</strong>s activités lesplus diverses. Habitants à pied, à cheval, ou en charr<strong>et</strong>te, commerçants, ach<strong>et</strong>eurs, basses-cours,troupeaux divers <strong>et</strong> autres montreurs d’ours parcourent les rues <strong>de</strong> Paris <strong>et</strong> génèrent bruits, acci<strong>de</strong>nts<strong>et</strong> pollutions 12 .Les célèbres encombrements <strong>de</strong> ParisD’innombrables anecdotes témoignent <strong>de</strong>s difficultés <strong>de</strong> circu<strong>la</strong>tion dans Paris au Moyen-Âge.Mais ce n’est pas l’unique époque concernée, ce phénomène traverse les siècles <strong>et</strong> marque <strong>la</strong>capitale jusqu’à aujourd’hui. Une anecdote du XIV e siècle raconte <strong>la</strong> mésaventure du très âgécomte <strong>de</strong> Tancarville convoqué par le roi Charles V. Le comte dut renoncer <strong>de</strong>vant <strong>la</strong> difficulté dutraj<strong>et</strong> <strong>et</strong> fut excusé par le roi qui déc<strong>la</strong>ra : “Dya, il n’y a meilleure cause ; il n’y voit pas c<strong>la</strong>ir <strong>et</strong> il ya, à Paris, trop <strong>de</strong> charr<strong>et</strong>tes”.Un poème du XV e siècle re<strong>la</strong>te comment l’auteur perdit sa femme dans l’engorgement <strong>de</strong>s rues <strong>de</strong> Paris :“L’autre jour à Paris alé,Oncques mais n’y avois resté.Avecques moy, menay ma femme,Emprès rue neufves Nostre-DameLa perdit en un quarrefour ;D’un costé a<strong>la</strong> <strong>et</strong> moi <strong>de</strong> l’austre ;Oncques puis ne veismes l’un l’autre.”Peu à peu, les <strong>la</strong>trines publiques sont dé<strong>la</strong>issées. La rue est le réceptacle <strong>et</strong> le canal d’évacuation<strong>de</strong> toutes les pollutions soli<strong>de</strong>s <strong>et</strong> liqui<strong>de</strong>s produites par les habitants <strong>et</strong> les animaux présents :déjections humaines <strong>et</strong> animales – les pots <strong>de</strong> chambre sont vidés par les fenêtres <strong>de</strong>puis les étages !– fumier, restes alimentaires, eaux ménagères (cadre sur l’expression “tenir le haut du pavé”). Sanspavage, le sol est défoncé <strong>et</strong> boueux, les eaux usées y croupissent <strong>et</strong> les immondices s’accumulent.Des o<strong>de</strong>urs putri<strong>de</strong>s règnent dans <strong>la</strong> ville.L’expression “Tenir le haut du pavé”C<strong>et</strong>te expression datant du Moyen-Âge <strong>et</strong> toujours utilisée aujourd’hui nous apporte un doubleenseignement : <strong>la</strong> physionomie <strong>de</strong> <strong>la</strong> rue médiévale <strong>et</strong> un usage associé. La rue parisienne avait <strong>la</strong>particu<strong>la</strong>rité d’être faite en double pente, <strong>la</strong> partie centrale creusée étant dédiée à l’écoulement<strong>de</strong>s eaux sales. Il s’y écou<strong>la</strong>it les eaux <strong>de</strong> pluie, les eaux ménagères, mais aussi tous les déch<strong>et</strong>srej<strong>et</strong>és à <strong>la</strong> rue. Il était donc préférable d’évoluer sur <strong>la</strong> partie haute, près <strong>de</strong>s maisons. En cas<strong>de</strong> croisement, le protocole vou<strong>la</strong>it que <strong>la</strong> parure du personnage le plus important lui autorise<strong>de</strong> ne pas dévier sa course, c<strong>et</strong>te personne <strong>de</strong> plus haut rang tenait donc le haut du pavé.12/ “La rue au Moyen-Âge”, J.-P. Legay, Éditions Ouest-France, 2004.19<strong>histoire</strong>, arts <strong>et</strong> littérature / COLLÈGE <strong>et</strong> lycée

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