12 / En couverture/Le nouvel hôpital••• retard dans le domaine de la santéet se présente comme la vitrine françaisedu génie sanitaire.La grande nouveauté consiste doncen cette unité de lieu, mais aussi de tempset d’action. « Unité de lieu, sur le site del’hôpital sud, explique Philippe Domyqui, au fil de sa carrière, est devenu experten restructuration hospitalière. Detemps, parce que tout le monde, dans ladiversité des qualifications et des compétences,intervient auprès du patientet ce n’est pas lui qui passe dans destuyaux d’orgue et effectue le parcoursdu combattant. D’action, car on peututiliser dans un même lieu et dans unmême temps l’ensemble des savoir-faireet des compétences pour assurer la priseen charge transdisciplinaire. Ce nouveauCHU est un outil forgé pour que de lamédecine de maladie, on passe à la médecinedes malades. »Si la mise en œuvre du projet a connuquelque retard à l’allumage, le processuss’est accéléré après la pose de lapremière pierre, en 2007. Les constructionssont sorties de terre. Les laboratoires,la pharmacie et la logistique sontinstallés dans leurs nouveaux locauxdepuis 2012 et 2013. Le bâtiment debiologie, pharmacie et logistique esten fonction. Le centre de biologie humaineregroupe les neuf laboratoireshospitaliers, universitaires et labellisés,ORGANISATION Les 30 salles d’opération sontréparties sur deux niveaux reliés entre eux.universitaire de cancérologie ouvrirases portes. Il offrira aux malades l’ensembledes soins oncologiques du plushaut niveau et apportera une réponseaux besoins de santé des Picards, particulièrementen l’absence d’un centrede lutte contre le cancer dans la région.Cependant le chantier ne sera achevéqu’à l’horizon 2016 lorsque la réhabilietjoue la carte de la mutualisation descompétences et des techniques. Cetteplate-forme commune robotisée, adosséeà un centre d’investigation cliniqueen lien avec un centre de ressourcesbiologiques, assure les phases pré-analytiquesjusqu’au rendu des analysesdans des délais courts et maîtrisés. Encette année <strong>2014</strong>, le centre régional etJACQUES FRANTZBERNARD DEVAUCHELLE Chef du service de chirurgie maxillo-faciale du CHU d’AmiensUn institut consacré à la reconstruction facialeLe dimanche 27 novembre 2005, BernardDevauchelle, chef du service de chirurgiemaxillo-faciale du CHU d’Amiens, réalisait unepremière mondiale. Après quinze heures passéesau bloc opératoire, il donnait un nouveauvisage à Isabelle Dinoire, une jeune femmedéfigurée par les morsures d’un chien, grâceà une greffe du triangle nez-lèvres-menton.Deux autres transplantations devaient suivreen décembre 2009 et juin 2012.Grâce à Bernard Devauchelle, authentiqueAmiénois, la capitale picarde est devenue laréférence mondiale de la chirurgie maxillofacialeet de la réparation de ceux, qu’au sortirde la Grande Guerre, on appelait les « gueulescassées ». C’est donc tout naturellement, auN° 3273/ 26 mars <strong>2014</strong>lendemain du succès de la première greffe,que l’idée de créer l’institut Faire Faces àAmiens, en partenariat avec le CHU et l’universitéJules-Verne, a germé dans l’esprit deBernard Devauchelle . Ce centre d’études etde recherches dévolu à la défiguration réunitnon seulement chercheurs et praticiens maiségalement industriels et patients pour investirdans le domaine de la reconstruction faciale.L’avènement du nouveau CHU est une aubaineaux yeux du chirurgien. « Ce projet vieux detrente ans qui se concrétise, proche de l’universitéet des laboratoires de recherche, estune belle opportunité d’innover », souritBernard Devauchelle. Faire Faces arrive aumoment opportun.LUCIE DROUVIN
L’EXPRESS / 13OLIVIER JARDEProfesseur de médecine« La sécurité estrenforcée »LUCIE DROUVINTECHNICITE Chaque année,30 000 opérations chirurgicalessont pratiquées au CHU.tation de l’hôpital sud, dit Fontenoy,aura été menée à bien.Le nouveau CHU sera alors« la formidable avancée de laPicardie et d’Amiens et dansle XXI e siècle » annoncée parle professeur Jardé (lire cicontre).Mais déjà se met enplace cette « médecine des malades» que prône PhilippeDomy, qui garantit aux patients des soinsde qualité dans un confort optimal.La médecine ambulatoirefavoriséeLes unités de soins se répartissentdésor mais sur trois plots d’environ400 lits à équidistance du plateau médico-technique.Chaque unité disposede 28 lits et fonctionne par regroupementde quatre unités, formant de lasorte des plateaux de 100 à 120 lits.Avec une attention particulière portéeaux chambres individuelles qui représenterontles trois quarts de l’hôtelleriedans les nouveaux bâtiments.C’est dans cet esprit que l’hôpitalprend en considération la demande despatients de ne pas être contraints à unehospitalisation complète en favorisantun retour au domicile dans la journée.Une unité comportant 29 lits seraconsacrée à la chirurgie ambulatoire.Deux zones seront dévolues à l’hôpitalde jour de médecine adulte etpédiatrique avec accueil à part, •••« Le nouveau CHU est un outil forgépour que de la médecine de la maladieon passe à la médecine des malades »JACQUES FRANTZJACQUES FRANTZIl tarde à Olivier Jardé, professeurde médecine, dont le service de chirurgieorthopédique figure immuablementdans le trio de tête des palmarèsdes établissements de santédans cette discipline, de s’installerdans ses nouveaux murs au sudd’Amiens. « La prise en charge despatients dans un même lieu est uneexcellente chose, se réjouit-il.Aujourd’hui, j’opère au nord et leservice de cardiologie est au sud.Ce nouveau CHU est une formidableavancée dans le XXI e siècle. Tout yest fonctionnel, rationnel. La sécuritéde nos patients y est renforcée. »Les allers-retours des malades enambulance entre deux sites ne serontplus qu’un mauvais souvenir. De plus,ce nouvel hôpital ne pourra plus êtremis en cause au moment où renaîtle débat sur la dislocation de la Picardiecomme région. « Le CHU estconsolidé et son avenir assuré. C’estun superbe ancrage sanitaire à équidistancede Paris et de Lille », estimeOlivier Jardé.Si tout, dans ce bel agencement,satisfait le médecin, il demeurequelque détail : la desserte du CHUinquiète l’élu local qu’il est également.« Son accessibilité pose problèmeparce que l’infrastructureroutière n’est pas suffisante pourun flux quotidien de 17 000 voitures.Les projets d’amélioration des transportsen commun n’y changerontrien. Après un infarctus du myocardeou quand vous êtes plâtré, vous nevous déplacez ni en bus ni à vélo »,assène-t-il.N° 3273 / 26 mars <strong>2014</strong>