<strong>La</strong> <strong>Terre</strong> creuse 32« Si la face interne de la <strong>Terre</strong> ne bénéficie pas d'un climat chaud, pourquoi rencontre-t-on enplein hiver, dans l'extrême Nord, des oiseaux tropicaux par milliers et des animaux qui ont besoind'une température douce pour subsister ?« Et d'où vient ce pollen qui colore parfois la neige en rouge, en jaune, ou en bleu ?LE PÔLE NORD MAGNÉTIQUE.On pensait autrefois que c'était un point virtuel situé dans l'archipel arctique. De récentesdécouvertes ont montré qu'il s'étendait à travers le Bassin polaire jusqu'à la presqu'île de Taimyr enSibérie. Les lignes représentent les méridiens magnétiques. (<strong>La</strong> dernière conception du pôle Nordmagnétique : basée sur les recherches russes.)
<strong>La</strong> <strong>Terre</strong> creuse 33Chapitre IIIL'ŒUVRE DE WILLIAM REED FANTOMES DES POLESEn 1906 parut le premier ouvrage qui, preuves scientifiques à l'appui, réfutait les conceptions communémentadmises sur la structure de la <strong>Terre</strong>. Ce n'était plus une sphère solide, mais une planète creuseavec des ouvertures aux pôles. Si ce livre avait été une pure création sortie droit de l'imagination de l'auteur,on aurait pu le considérer comme une oeuvre de science-fiction, et rien de plus. Mais ce n'était pas le cas.William Reed appuyait sa démonstration sur les rapports des explorateurs arctiques, et on aurait dû leprendre plus au sérieux.Les pôles n'avaient jamais été découverts, parce qu'ils n'avaient jamais existé. A la place, il y avaitd'immenses trous, et par ces trous on descendait à l'intérieur de la <strong>Terre</strong>. Voilà la bombe que faisait exploserReed dans son ouvrage insolite.Quatorze ans plus tard, Marshall B. Gardner, apparemment sans avoir eu connaissance de l'œuvre deson prédécesseur, reprenait cette théorie en y ajoutant un soleil central. Ce soleil, plus petit cependant que lenôtre, brillait à l'intérieur de la <strong>Terre</strong>, la réchauffait, donnait une explication des températures élevées que l'ontrouve dans les hautes latitudes polaires.Pour expliquer ces températures, Reed croyait, quant à lui, à l'existence de volcans en activité à l'intérieurdes ouvertures polaires.Si la <strong>Terre</strong> est creuse...Voici ce qu'écrit Reed« <strong>La</strong> <strong>Terre</strong> est creuse ou elle ne l'est pas. Quelle preuve avons-nous qu'elle n'est pas creuse ? Aucune. Entout cas, rien de positif et de précis. Au contraire, un certain nombre d'éléments portent à croire qu'elle estcreuse. Et si elle l'est vraiment, s'il y a des volcans en activité à l'intérieur, ne devrions-nous pas voir de grandeslumières se refléter sur les icebergs et les nuages ? Ne devrions-nous pas nous attendre à être assailli par desnuées de fumée et de poussière ? Eh bien, justement, c'est ce qui se passe, et les explorateurs en ont portétémoignage. Nansen s'écriait« Rentrons chez nous ! Qu'avons-nous à attendre en restant ici ? Rien, rien que de la poussière, encore dela poussière ! »« Cette poussière si encombrante, si pénible, d'où pourrait-elle provenir sinon d'un volcan en activité ? «Si la <strong>Terre</strong> est creuse, ne devrait-il pas faire plus chaud en hiver et plus frais en été au niveau du trou polaire ?Les explorateurs arctiques répondent encore une fois en constatant que le vent venant du nord fait monter latempérature en hiver, alors que le vent du sud la fait descendre. En été, c'est le contraire qui se passe, c'est-à-direque ce sont les vents du sud qui font grimper le thermomètre et les vents du nord qui le font baisser. Exactementce qui se produirait si les vents venaient de l'intérieur de la <strong>Terre</strong>.« Autre chose. Si la <strong>Terre</strong> est vraiment creuse, elle ne peut pas être ronde, n'est-ce pas ? L'ouvertureempiéterait sur sa rondeur. Or tout le monde s'accorde à penser maintenant qu'elle est aplatie aux pôles, doncqu'elle n'est pas ronde.« Nous en arrivons toujours à la même conclusion : la <strong>Terre</strong> est creuse, et il fait plus chaud à l'intérieurqu'à l'extérieur. Une brise tiède affleure jusqu'aux bords de l'ouverture polaire, et c'est elle qui réchauffel'atmosphère au fur et à mesure qu'on approche de ce point limite.