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Mise à disposition de salariés : comment faire en pratique ? - Wk-rh

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DROIT APPLIQUÉd’un salarié à but non lucratif n’<strong>en</strong>traîne pas <strong>en</strong>soi une modification du contrat <strong>de</strong> travail (7) .En revanche, les conséqu<strong>en</strong>ces <strong>de</strong> cette miseà <strong>disposition</strong> peuv<strong>en</strong>t constituer une ou <strong>de</strong>smodifications du contrat, par exemple, si celleci<strong>en</strong>traîne un changem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> lieu <strong>de</strong> travail<strong>en</strong> <strong>de</strong>hors du secteur géographique habituel.La Cour invite donc à adopter une analyse« in concreto » <strong>de</strong> l’opération pour déterminers’il y a modification du contrat <strong>de</strong> travail, avecl’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s élém<strong>en</strong>ts traditionnels que sont, parexemple, la rémunération, la qualification et ladurée du travail.Désormais, le Co<strong>de</strong> du travail impose <strong>de</strong> façonsystématique, qu’il y ait ou non une modificationdu contrat <strong>de</strong> travail, d’une part, l’accorddu salarié et, d’autre part, la conclusion d’unav<strong>en</strong>ant signé par ce <strong>de</strong>rnier (voir modèle <strong>en</strong>fin d’article) (8) . Par ces formulations quelquepeu redondantes, le texte insiste donc toutparticulièrem<strong>en</strong>t sur la place du cons<strong>en</strong>tem<strong>en</strong>tdu salarié dans la réalisation <strong>de</strong> l’opération. Ilprécise qu’il ne pourra pas « être sanctionné,lic<strong>en</strong>cié ou <strong>faire</strong> l’objet d’une mesure discriminatoirepour avoir refusé une proposition <strong>de</strong> mise à<strong>disposition</strong> » (9) .L’av<strong>en</strong>ant doit obligatoirem<strong>en</strong>t préciser la durée<strong>de</strong> la mise à <strong>disposition</strong>, qui peut être une duréeprécisém<strong>en</strong>t déterminée dès le départ, ou unedurée « indéterminée » <strong>en</strong>t<strong>en</strong>due dans le s<strong>en</strong>s <strong>de</strong>terme imprécis, lorsque la date <strong>de</strong> ce terme nepeut être fixée précisém<strong>en</strong>t par avance. Dans cecas, le terme doit être défini <strong>en</strong> se basant, parexemple, sur l’objet <strong>de</strong> la mission du salarié misà <strong>disposition</strong> (pour la durée <strong>de</strong> la réalisation duprojet Y, par exemple). Il doit égalem<strong>en</strong>t définirle travail confié dans l’<strong>en</strong>treprise d’accueil, leshoraires et le lieu d’exécution du travail, ainsique les caractéristiques particulières du poste<strong>de</strong> travail qui sera occupé par le salarié mis à<strong>disposition</strong> (10) .L’<strong>en</strong>treprise prêteuse et le salarié peuv<strong>en</strong>tégalem<strong>en</strong>t conv<strong>en</strong>ir d’une pério<strong>de</strong> probatoireà laquelle il pourra être mis fin à l’initiative <strong>de</strong>l’une ou l’autre <strong>de</strong>s parties. Cette pério<strong>de</strong> est <strong>en</strong>revanche obligatoire lorsque le prêt <strong>de</strong> maind’œuvre<strong>en</strong>traîne la modification d’un élém<strong>en</strong>t« ess<strong>en</strong>tiel » du contrat <strong>de</strong> travail (c’est-à-dire ladurée du travail ou les fonctions du salarié, parexemple). Il apparti<strong>en</strong>t aux parties <strong>de</strong> définirla durée <strong>de</strong> cette pério<strong>de</strong> et un év<strong>en</strong>tuel délai<strong>de</strong> prév<strong>en</strong>ance <strong>en</strong> cas <strong>de</strong> rupture <strong>de</strong> celle-ci.La cessation <strong>de</strong> la mise à <strong>disposition</strong> avant lafin <strong>de</strong> la pério<strong>de</strong> probatoire ne peut, sauf fautegrave du salarié, constituer un motif <strong>de</strong> sanctionou <strong>de</strong> lic<strong>en</strong>ciem<strong>en</strong>t (11) . Le salarié est alors(7) Cass. soc., 1 er avr. 2003, n o 02-14.680, JSL 2003, n o 123, note J.-E. Tourreil ; Cass. soc., 15 mars 2005, n o 03-41.371. (8) C. trav., art. L. 8241-2, al. 3,1° et 3°. (9) C. trav., art. L. 8241-2, al. 6. (10) C. trav., art. L. 8241-2, al. 3, 3°. (11) C. trav., art. L. 8241-2, al. 12.12 Les Cahiers du DRH - n° 180 - Octobre 2011


<strong>Mise</strong> à <strong>disposition</strong> <strong>de</strong> salariés : <strong>comm<strong>en</strong>t</strong> <strong>faire</strong> <strong>en</strong> <strong>pratique</strong> ?réintégré au sein <strong>de</strong> l’<strong>en</strong>treprise prêteuse, ausein <strong>de</strong> laquelle il doit <strong>en</strong> principe retrouverson poste <strong>de</strong> travail.Conclusion d’une conv<strong>en</strong>tion<strong>de</strong> mise à <strong>disposition</strong>Jusqu’à la loi Cherpion, aucune obligationlégale n’imposait la conclusion d’une conv<strong>en</strong>tion<strong>de</strong> mise à <strong>disposition</strong>. Il était néanmoinsfortem<strong>en</strong>t recommandé <strong>de</strong> conclure une telleconv<strong>en</strong>tion afin <strong>de</strong> prévoir les modalités etla durée <strong>de</strong> l’opération <strong>en</strong> vue d’éviter toute« mauvaise surprise » – pour les <strong>en</strong>treprisescomme pour le salarié – p<strong>en</strong>dant le déroulem<strong>en</strong>t<strong>de</strong> celle-ci et surtout lorsqu’elle pr<strong>en</strong>aitfin.La loi Cherpion, repr<strong>en</strong>ant et précisant une<strong>disposition</strong> <strong>de</strong> l’ANI relatif à la gestion sociale<strong>de</strong>s conséqu<strong>en</strong>ces <strong>de</strong> la crise économique surl’emploi du 8 juillet 2009 (12) , crée l’obligationpour l’<strong>en</strong>treprise prêteuse et l’<strong>en</strong>trepriseemprunteuse <strong>de</strong> conclure une conv<strong>en</strong>tion<strong>de</strong> mise à <strong>disposition</strong> (voir modèle <strong>en</strong> find’article) (13) . Celle-ci doit obligatoirem<strong>en</strong>tdéfinir a minima la durée <strong>de</strong> l’opération etm<strong>en</strong>tionner l’i<strong>de</strong>ntité et la qualification dusalarié concerné, ainsi que le mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> détermination<strong>de</strong>s sommes qui seront refacturéesà l’<strong>en</strong>treprise utilisatrice.Conv<strong>en</strong>tion tripartiteJusqu’à la loi du 28 juillet 2011, la <strong>pratique</strong> laplus répandue lors <strong>de</strong> la mise <strong>en</strong> place d’uneopération <strong>de</strong> mise à <strong>disposition</strong> – <strong>en</strong> vue <strong>de</strong> lasécuriser – consistait à conclure une conv<strong>en</strong>tion<strong>en</strong>tre l’<strong>en</strong>treprise prêteuse, l’<strong>en</strong>treprise emprunteuseet le salarié, dite conv<strong>en</strong>tion tripartite.Celle-ci résumait <strong>en</strong> un seul et même docum<strong>en</strong>ttous les aspects <strong>de</strong> la mise à <strong>disposition</strong> (parexemple, le lieu <strong>de</strong> travail, sa durée, la fonctionoccupée, etc.).Désormais, la lecture <strong>de</strong>s <strong>disposition</strong>s législativessemble clairem<strong>en</strong>t inviter à la rédaction<strong>de</strong> <strong>de</strong>ux docum<strong>en</strong>ts distincts correspondantaux 2° et 3° <strong>de</strong> l’alinéa 3 <strong>de</strong> l’article L. 8241-2 :« […] Le prêt <strong>de</strong> main-d’œuvre à but nonlucratif conclu <strong>en</strong>tre <strong>en</strong>treprises requiert :1° L’accord du salarié concerné ;2° Une conv<strong>en</strong>tion <strong>de</strong> mise à <strong>disposition</strong> <strong>en</strong>tre l’<strong>en</strong>trepriseprêteuse et l’<strong>en</strong>treprise utilisatrice qui <strong>en</strong>définit la durée et m<strong>en</strong>tionne l’i<strong>de</strong>ntité et la qualificationdu salarié concerné, ainsi que le mo<strong>de</strong> <strong>de</strong>détermination <strong>de</strong>s salaires, <strong>de</strong>s charges socialeset <strong>de</strong>s frais professionnels qui seront facturés àl’<strong>en</strong>treprise utilisatrice par l’<strong>en</strong>treprise prêteuse ;3° Un av<strong>en</strong>ant au contrat <strong>de</strong> travail, signépar le salarié, précisant le travail confié dansl’<strong>en</strong>treprise utilisatrice, les horaires et le lieud’exécution du travail, ainsi que les caractéristiquesparticulières du poste <strong>de</strong> travail. […] »Toutefois, ri<strong>en</strong> ne s’oppose expressém<strong>en</strong>t à laconclusion d’une telle conv<strong>en</strong>tion dès lors qu’yfigur<strong>en</strong>t les m<strong>en</strong>tions <strong>de</strong>s docum<strong>en</strong>ts r<strong>en</strong>dusobligatoires par l’article L. 8241-2, c’est-à-direl’av<strong>en</strong>ant au contrat <strong>de</strong> travail et la conv<strong>en</strong>tion <strong>de</strong>mise à <strong>disposition</strong>, et dès lors que celle-ci précisebi<strong>en</strong>, par exemple dans son préambule, qu’elleti<strong>en</strong>t lieu, d’une part, d’av<strong>en</strong>ant au contrat <strong>de</strong>travail <strong>en</strong>tre le salarié et l’<strong>en</strong>treprise prêteuse et,d’autre part, <strong>de</strong> conv<strong>en</strong>tion <strong>de</strong> mise à <strong>disposition</strong><strong>en</strong>tre l’<strong>en</strong>treprise prêteuse et l’utilisatrice.Facturation <strong>de</strong> l’opérationLa mise à <strong>disposition</strong> d’un salarié représ<strong>en</strong>te uncoût pour l’<strong>en</strong>treprise d’origine. Elle est <strong>en</strong> effett<strong>en</strong>ue, <strong>en</strong> vertu du contrat <strong>de</strong> travail qui continueà s’exécuter, <strong>de</strong> rémunérer son salarié, alorsmême que celui-ci met sa force <strong>de</strong> travail ■ ■ ■(12) « […] une conv<strong>en</strong>tion <strong>de</strong> mise à <strong>disposition</strong> <strong>de</strong> personnel <strong>en</strong>tre l’<strong>en</strong>treprise prêteuse et l’<strong>en</strong>treprise utilisatrice doit être établie » (ANI, 8 juill. 2009,art. 7). (13) C. trav., art. L. 8241-2, al. 3, 2°.Les Cahiers du DRH - n° 180 - Octobre 201113


DROIT APPLIQUÉà la <strong>disposition</strong> d’une <strong>en</strong>treprise tierce. Le coût<strong>de</strong> la main-d’œuvre peut être refacturé à l’<strong>en</strong>trepriseutilisatrice, mais uniquem<strong>en</strong>t pour le coût<strong>de</strong>s salaires et <strong>de</strong>s charges affér<strong>en</strong>tes payées parl’employeur. La conv<strong>en</strong>tion <strong>de</strong> mise à <strong>disposition</strong>doit ainsi impérativem<strong>en</strong>t prévoir « le mo<strong>de</strong><strong>de</strong> détermination <strong>de</strong>s salaires, <strong>de</strong>s charges socialeset <strong>de</strong>s frais professionnels qui seront facturés à l’<strong>en</strong>trepriseutilisatrice par l’<strong>en</strong>treprise prêteuse » (14) .En effet, seules les opérations <strong>de</strong> prêt <strong>de</strong> maind’œuvreà but non lucratif sont légalem<strong>en</strong>tautorisées (15) . Une att<strong>en</strong>tion particulière doitdonc être portée à la rédaction <strong>de</strong> la clause <strong>de</strong>facturation <strong>de</strong> l’opération à l’<strong>en</strong>treprise utilisatrice,car les modalités <strong>de</strong> celle-ci peuv<strong>en</strong>têtre un indice permettant <strong>de</strong> caractériser lesdélits <strong>de</strong> prêt <strong>de</strong> main-d’œuvre illicite et/ou <strong>de</strong>marchandage (16) .La Cour <strong>de</strong> cassation a par exemple jugé qu’unerémunération non forfaitaire, calculée <strong>en</strong> fonction<strong>de</strong>s seules heures <strong>de</strong> travail effectuées et dunombre <strong>de</strong> salariés mis à <strong>disposition</strong>, était constitutived’un prêt <strong>de</strong> main-d’œuvre à but lucratif (17) .Elle a considéré qu’il <strong>en</strong> était <strong>de</strong> même dès lorsque l’utilisateur n’a pas à supporter les chargessociales et financières qu’il aurait supportées s’ilavait employé lui-même les salariés (18) . Il s’agissait,dans cette af<strong>faire</strong>, d’un prêt <strong>de</strong> salariés à unesociété française par une <strong>en</strong>treprise, installéeau Portugal où le coût <strong>de</strong> la main-d’œuvre estmoindre, permettant à la première d’échapper àun certain nombre <strong>de</strong> charges et in<strong>de</strong>mnités quiaurai<strong>en</strong>t été dues <strong>en</strong> cas <strong>de</strong> recours à l’intérim.Par ailleurs, comme le souligne Hèlène Bernier,dans sa tribune publiée sur le site <strong>de</strong> SVP (19) ,la chambre criminelle <strong>de</strong> la Cour <strong>de</strong> cassationconsidère, <strong>de</strong>puis 1998, que « le but lucratifd’une opération est établi dès lors qu’elle est effectuéeà titre onéreux, fût-ce à prix coûtant ».Au surplus, précise-t-elle, « ce but peut êtreapprécié <strong>en</strong> considérant le profit retiré par lasociété mère, utilisatrice <strong>de</strong> la main-d’œuvre, l’intérêt<strong>de</strong> la filiale étant indissociable du si<strong>en</strong> » (20) .En l’occurr<strong>en</strong>ce, une société française, aprèsavoir lic<strong>en</strong>cié <strong>de</strong>s salariés pour motif économique,avait créé une société <strong>en</strong> Suisse dont leseul but était <strong>de</strong> fournir du personnel à la sociétémère <strong>en</strong> évitant les avantages sociaux français.En 2007, cette même chambre avait décidéque le but lucratif <strong>de</strong> l’opération <strong>de</strong> prêt <strong>de</strong>main-d’œuvre conclue <strong>en</strong>tre <strong>de</strong>s sociétés ayant<strong>de</strong>s intérêts communs peut être caractérisé parun gain, un bénéfice ou un profit <strong>en</strong> faveur <strong>de</strong>l’utilisateur ou du prêteur <strong>de</strong> main-d’œuvre (21) .Dans cette af<strong>faire</strong>, trois sociétés avai<strong>en</strong>t le mêmegérant, la même <strong>en</strong>seigne, un numéro <strong>de</strong> téléphoneunique par le jeu <strong>de</strong> transfert d’appel, etfonctionnai<strong>en</strong>t comme une seule et même <strong>en</strong>tité.Le 18 mai <strong>de</strong>rnier, la chambre sociale s’est rangéau même avis que la chambre criminelle, <strong>en</strong>jugeant que le but lucratif pouvait résulter <strong>de</strong>l’économie réalisée sur les frais <strong>de</strong> gestion du personnel,ou <strong>en</strong>core, pour l’<strong>en</strong>treprise utilisatrice,d’un accroissem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> la flexibilité dans la gestiondu personnel ou d’une économie <strong>de</strong> chargesqui lui est ainsi procurée (22) . Le cas <strong>de</strong> figureétait le suivant : la société mère avait embauchéun salarié <strong>en</strong> qualité <strong>de</strong> délégué régional qu’elleavait mis à la <strong>disposition</strong> <strong>de</strong> sa filiale p<strong>en</strong>dant uncertain nombre d’années, et pour lequel elle avaitrefacturé strictem<strong>en</strong>t le salaire chargé.Une répercussion <strong>de</strong> la facture à l’euro près<strong>de</strong> la prestation fournie ne suffisait donc pas àécarter le risque <strong>en</strong>couru.(14) C. trav., art. L. 8241-2, al. 3, 2°. (15) C. trav., art. L. 8241-2 al. 1 er . (16) La Cour <strong>de</strong> cassation procè<strong>de</strong> <strong>en</strong> <strong>de</strong>ux temps. Dans un premier temps, ellecaractérise le caractère illicite du prêt <strong>de</strong> main-d’œuvre (recherche d’un but lucratif). Elle recherche <strong>en</strong>suite l’exist<strong>en</strong>ce d’un préjudice pour le salarié pour,le cas échéant, reconnaître le délit <strong>de</strong> marchandage. Ce délit est caractérisé par la volonté d’élu<strong>de</strong>r l’application <strong>de</strong> <strong>disposition</strong>s légales ou <strong>de</strong> stipulationsconv<strong>en</strong>tionnelles qui cause un préjudice au salarié. (17) Cass. crim., 14 févr. 2006, n o 05-82.287, Semaine Sociale Lamy 2006, n o 1276. (18) Cass. crim.,17 févr. 2004, n o 03-82.797. (19) « Prêt <strong>de</strong> salariés dans un groupe <strong>de</strong> sociétés : un prêt à risque », Hélène Bernier, Expert SVP, Départem<strong>en</strong>t Ressourceshumaines, http://www.svp.com, Le blog <strong>de</strong>s experts : Ressources humaines : Jurispru<strong>de</strong>nce. (20) Cass. crim., 10 févr. 1998, n o 97-81.195. (21) Cass. crim.,20 mars 2007, n o 05-85.253. (22) Cass. soc., 18 mai 2011, n o 09-69.175.14 Les Cahiers du DRH - n° 180 - Octobre 2011


<strong>Mise</strong> à <strong>disposition</strong> <strong>de</strong> salariés : <strong>comm<strong>en</strong>t</strong> <strong>faire</strong> <strong>en</strong> <strong>pratique</strong> ?Pour mettre fin à cette jurispru<strong>de</strong>nce assezrestrictive, et définir légalem<strong>en</strong>t le but lucratif,les parlem<strong>en</strong>taires ont modifié l’articleL. 8241-1 (23) <strong>en</strong> y intégrant un nouvel alinéaselon lequel :« Une opération <strong>de</strong> prêt <strong>de</strong> main-d’œuvre nepoursuit pas <strong>de</strong> but lucratif lorsque l’<strong>en</strong>trepriseprêteuse ne facture à l’<strong>en</strong>treprise utilisatrice,p<strong>en</strong>dant la mise à <strong>disposition</strong>, que les salairesversés au salarié, les charges sociales affér<strong>en</strong>teset les frais professionnels remboursés àl’intéressé au titre <strong>de</strong> la mise à <strong>disposition</strong>. »Une facturation « à l’euro près » ne sembledonc plus pouvoir être critiquée désormais.Remarque :Les délits <strong>de</strong> prêt <strong>de</strong> main-d’œuvre illiciteet <strong>de</strong> marchandage sont punis d’un emprisonnem<strong>en</strong>t<strong>de</strong> <strong>de</strong>ux ans et d’une am<strong>en</strong><strong>de</strong><strong>de</strong> 30 000 €. De plus, la responsabilité <strong>de</strong>la personne morale peut être <strong>en</strong>gagée (24) .Elle <strong>en</strong>coure alors une peine d’am<strong>en</strong><strong>de</strong><strong>de</strong> 150 000 € (25) . La Cour <strong>de</strong> cassationconsidère que ces délits peuv<strong>en</strong>t concernertant l’<strong>en</strong>treprise d’origine que l’<strong>en</strong>trepriseutilisatrice (26) .Rôle <strong>de</strong>s représ<strong>en</strong>tantsdu personnelLa loi du 28 juillet 2011 impose, pour lamise <strong>en</strong> œuvre d’un prêt <strong>de</strong> main-d’œuvre,la consultation du comité d’<strong>en</strong>treprise ou, àdéfaut, <strong>de</strong>s délégués du personnel <strong>de</strong> l’<strong>en</strong>trepriseprêteuse à propos <strong>de</strong> la mise <strong>en</strong> place <strong>de</strong>cette opération et une information concernantles différ<strong>en</strong>tes conv<strong>en</strong>tions signées.Le CHSCT ou, à défaut, les délégués du personnel<strong>de</strong> l’<strong>en</strong>treprise prêteuse est informélorsque le poste qui sera occupé dans l’<strong>en</strong>trepriseutilisatrice par le salarié mis à <strong>disposition</strong>figure sur la liste prés<strong>en</strong>tant <strong>de</strong>s risques particulierspour la santé ou la sécurité <strong>de</strong>s salariésm<strong>en</strong>tionnée à l’article L. 4154-2, alinéa 2, duCo<strong>de</strong> du travail. Enfin, le comité d’<strong>en</strong>treprise etle CHSCT ou, à défaut, les délégués du personnel<strong>de</strong> l’<strong>en</strong>treprise utilisatrice sont informés etconsultés préalablem<strong>en</strong>t à l’accueil <strong>de</strong> salariésmis à la <strong>disposition</strong> (27) .Par ailleurs, l’<strong>en</strong>treprise utilisatrice doit informerle comité d’<strong>en</strong>treprise, dans le cadre <strong>de</strong>l’information annuelle ou trimestrielle selonles cas, du nombre <strong>de</strong> salariés appart<strong>en</strong>ant àune <strong>en</strong>treprise extérieure (28) .Le non-respect <strong>de</strong> l’une <strong>de</strong> ces obligations àl’égard <strong>de</strong>s représ<strong>en</strong>tants du personnel exposel’employeur à une sanction pour délit d’<strong>en</strong>trave.Comm<strong>en</strong>t gérer la miseà <strong>disposition</strong> sur le planindividuel ?Pouvoir disciplinaireSi l’<strong>en</strong>treprise d’origine reste juridiquem<strong>en</strong>tl’employeur du salarié mis à <strong>disposition</strong>, laprestation <strong>de</strong> travail est effectuée au service<strong>de</strong> l’<strong>en</strong>treprise utilisatrice. L’utilisateur ori<strong>en</strong>tele travail du salarié, lui donne <strong>de</strong>s directiveset contrôle le travail réalisé. Toutefois, lepouvoir disciplinaire, inhér<strong>en</strong>t à la fonctiond’employeur, ne peut être exercé par celui-ciqu’à l’égard <strong>de</strong> ses propres salariés.Le salarié mis à <strong>disposition</strong> reste donc soumis auxrègles <strong>en</strong> vigueur dans son <strong>en</strong>treprise d’origineet au seul pouvoir disciplinaire <strong>de</strong> son ■ ■ ■(23) Loi du 28 juillet 2011 relative au développem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> l’alternance et à la sécurisation <strong>de</strong>s parcours professionnels précitée. (24) C. pén., art. 121-2.(25) C. trav., art. L. 8243-2. (26) Cass. crim., 20 mars 2007, n o 05-85.253. (27) C. trav., art. L. 8241-2, al. 10 et 11. (28) C. trav., art. L. 2323-47 etR. 2323-9 relatifs au rapport annuel pour les <strong>en</strong>treprises <strong>de</strong> moins <strong>de</strong> 300 salariés ; C. trav., art. L. 2323-51 et R. 2323-10 relatifs à l’information trimestriellepour les <strong>en</strong>treprises <strong>de</strong> plus <strong>de</strong> 300 salariés.Les Cahiers du DRH - n° 180 - Octobre 201115


DROIT APPLIQUÉemployeur. Si un aménagem<strong>en</strong>t conv<strong>en</strong>tionnel estpeut être <strong>en</strong>visageable, il n’est <strong>de</strong> toute façon pasconseillé, car toute augm<strong>en</strong>tation <strong>de</strong>s prérogatives<strong>de</strong> l’utilisateur est un facteur <strong>de</strong> risque <strong>de</strong> requalification<strong>en</strong> contrat <strong>de</strong> travail <strong>de</strong> la relation <strong>en</strong>tre lesalarié mis à <strong>disposition</strong> et l’<strong>en</strong>treprise utilisatrice.Rémunération du salarié misà <strong>disposition</strong>Le li<strong>en</strong> contractuel liant le salarié mis à <strong>disposition</strong>et son <strong>en</strong>treprise d’origine étant maint<strong>en</strong>u, ilrevi<strong>en</strong>t à celle-ci <strong>de</strong> supporter la rémunération dusalarié. Confier la charge du paiem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> celle-cià l’<strong>en</strong>treprise utilisatrice fait peser très lour<strong>de</strong>m<strong>en</strong>tle risque d’une requalification <strong>de</strong> la relation<strong>en</strong>tre le salarié mis à <strong>disposition</strong> et l’<strong>en</strong>trepriseutilisatrice. Le salarié voit donc sa rémunérationmaint<strong>en</strong>ue par son <strong>en</strong>treprise d’origine, y comprispour les différ<strong>en</strong>ts avantages tels que l’épargnesalariale. Si une part <strong>de</strong> la rémunération estin<strong>de</strong>xée sur la réalisation d’objectifs, l’employeurne pouvant juger par lui-même <strong>de</strong>s performances<strong>de</strong> son salarié, il revi<strong>en</strong>t à l’<strong>en</strong>treprise utilisatrice<strong>de</strong> r<strong>en</strong>dre compte <strong>de</strong> l’activité du salarié à l’<strong>en</strong>treprised’origine, sur la base d’élém<strong>en</strong>ts d’évaluationobjectifs qui pourront, par exemple, avoir étéfixés dans la conv<strong>en</strong>tion <strong>de</strong> mise à <strong>disposition</strong>.Avantages sociauxL’article L. 8241-2 du Co<strong>de</strong> du travail, danssa rédaction issue <strong>de</strong> l’article 40 <strong>de</strong> la loi du28 juillet 2011, stipule que, p<strong>en</strong>dant le prêt <strong>de</strong>main-d’œuvre, le salarié « conserve le bénéfice <strong>de</strong>l’<strong>en</strong>semble <strong>de</strong>s <strong>disposition</strong>s conv<strong>en</strong>tionnelles dont ilaurait bénéficié s’il avait exécuté son travail dansl’<strong>en</strong>treprise prêteuse ».Par ailleurs, selon Hélène Bernier :« Le fait d’élu<strong>de</strong>r l’application <strong>de</strong> <strong>disposition</strong>slégales ou conv<strong>en</strong>tionnelles constitue l’un <strong>de</strong>sélém<strong>en</strong>ts permettant <strong>de</strong> qualifier le délit <strong>de</strong> marchandage,selon l’article L. 8231-1 du Co<strong>de</strong> dutravail.« La jurispru<strong>de</strong>nce relative au délit <strong>de</strong> marchandagefondé sur la non-application <strong>de</strong> <strong>disposition</strong>slégales ou conv<strong>en</strong>tionnelles est abondante.« Dans la décision précitée du 18 mai 2011, laCour <strong>de</strong> cassation était saisie au sujet <strong>de</strong> l’applicationd’une conv<strong>en</strong>tion <strong>de</strong> forfait <strong>en</strong> jours à unsalarié, concerné par une opération <strong>de</strong> fourniture<strong>de</strong> main-d’œuvre illicite, alors que la conv<strong>en</strong>tioncollective qui aurait dû lui être appliquée ne lepermettait pas. Elle a considéré que cela constituaitune violation du statut conv<strong>en</strong>tionnel.« De ce constat, les Hauts Magistrats <strong>en</strong>déduis<strong>en</strong>t l’exist<strong>en</strong>ce d’un préjudice subi parle salarié : le non-paiem<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s heures supplém<strong>en</strong>taireseffectuées et qui aurai<strong>en</strong>t dû êtrepayées, s’il n’avait été <strong>en</strong> forfait <strong>en</strong> jours.« C’est, à notre connaissance, la première foisque la chambre sociale reti<strong>en</strong>t comme préjudicecaractérisant le délit <strong>de</strong> marchandagel’application illicite d’un forfait <strong>en</strong> jours.« La Cour <strong>de</strong> cassation avait déjà ret<strong>en</strong>ucomme préjudice pour le salarié :– un salaire inférieur aux salaires versés auxsalariés <strong>de</strong> l’utilisateur (29) ;– l’exclusion du salarié d’avantages sociauxrésultant d’un statut applicable aux salariés<strong>de</strong> l’utilisateur (30) ;– la non-application d’avantages sociauxlégaux et conv<strong>en</strong>tionnels (31) . »Normes d’hygiène et <strong>de</strong> sécuritéLe Co<strong>de</strong> du travail dispose que, p<strong>en</strong>dant ladurée <strong>de</strong> la mission, l’<strong>en</strong>treprise utilisatrice estresponsable <strong>de</strong>s conditions d’exécution du travail,lesquelles compr<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t la santé et la sécuritéau travail (32) . Le salarié mis à <strong>disposition</strong> est(29) Cass. crim., 23 févr. 1993, n o 92-83.262. (30) Cass. soc., 29 avr. 2003, n o 00-44.840. (31) Cass. crim., 10 févr. 1998, n o 97-81.195. (32) C. trav.,art. L. 8241-2, al. 2 ; C. trav., art. L. 1251-21.16 Les Cahiers du DRH - n° 180 - Octobre 2011


<strong>Mise</strong> à <strong>disposition</strong> <strong>de</strong> salariés : <strong>comm<strong>en</strong>t</strong> <strong>faire</strong> <strong>en</strong> <strong>pratique</strong> ?égalem<strong>en</strong>t t<strong>en</strong>u <strong>de</strong> respecter les règles relativesà l’hygiène et à la sécurité prévues par le règlem<strong>en</strong>tintérieur <strong>de</strong> l’<strong>en</strong>treprise utilisatrice (33) .Par ailleurs, les obligations affér<strong>en</strong>tes à lamé<strong>de</strong>cine du travail sont à la charge <strong>de</strong> l’<strong>en</strong>treprised’origine. Lorsque l’activité exercée parle salarié nécessite une surveillance médicalespéciale au s<strong>en</strong>s <strong>de</strong> la réglem<strong>en</strong>tation relativeà la mé<strong>de</strong>cine du travail, les obligations correspondantessont <strong>en</strong> revanche à la charge <strong>de</strong>l’<strong>en</strong>treprise utilisatrice (34) .Les év<strong>en</strong>tuels équipem<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> protection individuell<strong>en</strong>écessaires doiv<strong>en</strong>t être fournis parl’<strong>en</strong>treprise utilisatrice. Par exception, certainséquipem<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> protection individuelle personnaliséspeuv<strong>en</strong>t être fournis par l’<strong>en</strong>treprised’origine. En tout état <strong>de</strong> cause, le salarié misà <strong>disposition</strong>s ne doit pas supporter la chargefinancière <strong>de</strong> ces équipem<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> protectionindividuelle (35) .Pour finir, le Co<strong>de</strong> du travail prévoit l’accès,dans l’<strong>en</strong>treprise utilisatrice, dans les mêmesconditions que les salariés <strong>de</strong> celle-ci auxmoy<strong>en</strong>s <strong>de</strong> transport collectifs et aux installationscollectives, notamm<strong>en</strong>t <strong>de</strong> restauration (36) .Fin <strong>de</strong> la mise à <strong>disposition</strong>L’opération <strong>de</strong> mise à <strong>disposition</strong> a par ess<strong>en</strong>ceun caractère temporaire. Si elle s’avérait définitive,le risque <strong>de</strong> requalification <strong>en</strong> contrat <strong>de</strong>travail <strong>de</strong> la relation <strong>en</strong>tre le salarié et l’<strong>en</strong>trepriseutilisatrice serait sans doute important.Le caractère temporaire <strong>de</strong> la mise à <strong>disposition</strong>a pour corollaire le retour du salarié dans sacollectivité d’origine. Avant la loi du 28 juillet2011, le législateur n’avait prévu aucune règlespécifique pour <strong>en</strong>cadrer le retour du salariédans son <strong>en</strong>treprise d’origine, sauf dans le casdu salarié mis à <strong>disposition</strong> auprès d’une filialeà l’étranger (37) . Dans cette hypothèse, la sociétémère doit assurer le rapatriem<strong>en</strong>t matériel dusalarié (prise <strong>en</strong> charge du coût du déménagem<strong>en</strong>t,<strong>de</strong>s frais <strong>de</strong> retour <strong>de</strong> tout ou partie <strong>de</strong>la famille et, év<strong>en</strong>tuellem<strong>en</strong>t, <strong>de</strong>s coûts liés à laréinstallation) et son reclassem<strong>en</strong>t afin <strong>de</strong> « luiprocurer un nouvel emploi compatible avec l’importance<strong>de</strong> ses précé<strong>de</strong>ntes fonctions au sein <strong>de</strong> lasociété ». Cette obligation <strong>de</strong> reclassem<strong>en</strong>t n’estpas subordonnée au mainti<strong>en</strong> d’un contrat <strong>de</strong>travail <strong>en</strong>tre le salarié et la société mère, et ilimporte peu que le contrat liant le salarié à lasociété située à l’étranger soit soumis au droitétranger (38) .Désormais, le Co<strong>de</strong> du travail dispose expressém<strong>en</strong>tqu’« à l’issue <strong>de</strong> sa mise à <strong>disposition</strong>, lesalarié retrouve son poste <strong>de</strong> travail dans l’<strong>en</strong>trepriseprêteuse sans que l’évolution <strong>de</strong> sa carrière ou<strong>de</strong> sa rémunération ne soit affectée par la pério<strong>de</strong><strong>de</strong> prêt » (39) . Lorsque la mise à <strong>disposition</strong> s’esteffectuée sur une longue durée, il se peut toutefoisque <strong>de</strong>s évolutions soi<strong>en</strong>t interv<strong>en</strong>uesdans l’<strong>en</strong>treprise d’origine et que le posteanci<strong>en</strong>nem<strong>en</strong>t occupé par le salarié ait évolué.Dans ce cas, il n’est pas tout à fait certain que laproposition d’un poste similaire et, <strong>en</strong> tout état<strong>de</strong> cause, au moins équival<strong>en</strong>t à celui antérieurem<strong>en</strong>toccupé satisfera l’obligation imposéepar le texte, étant donné la rédaction très stricte<strong>de</strong> celui-ci qui prévoit que le salarié retrouveson poste. À titre <strong>de</strong> comparaison, l’articleL. 1226-8 du Co<strong>de</strong> du travail prévoit qu’à l’issued’une pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> susp<strong>en</strong>sion <strong>de</strong> son contratdue à un acci<strong>de</strong>nt du travail ou à une maladieprofessionnelle, le salarié retrouve « son emploiou un emploi similaire assorti d’une rémunérationau moins équival<strong>en</strong>te ». Il <strong>en</strong> est <strong>de</strong> même, selonl’article L. 1225-25, pour une salariée au retour<strong>de</strong> son congé <strong>de</strong> maternité. On le voit, ■ ■ ■(33) C. trav., art. L. 1311-1 et s. ; CE, 12 nov. 1990, n o 95823, RJS 2/91, n o 174. (34) C. trav., art. L. 8241-2, al. 2 ; C. trav., art. L. 1251-22. (35) C. trav.,art. L. 8241-2, al. 2 ; C. trav., art. L. 1251-23. (36) C. trav., art. L. 8241-2, al. 2 et 5 ; C. trav., art. L. 1251-24. (37) C. trav., art. L. 1231-5. (38) Cass. soc.,30 mars 2011, n o 09-70.306. (39) C. trav., art. L. 8241-2, al. 4.Les Cahiers du DRH - n° 180 - Octobre 201117


DROIT APPLIQUÉla rédaction <strong>de</strong> ces <strong>disposition</strong>s laisse davantage<strong>de</strong> « marge <strong>de</strong> manœuvre » à l’employeur,puisqu’elles prévoi<strong>en</strong>t expressém<strong>en</strong>t la possibilité<strong>de</strong> proposer au salarié un emploi similaire,à l’inverse du texte issu <strong>de</strong> la Loi Cherpion. Doitonconsidérer qu’il s’agit là d’un simple « oubli »du législateur, et que la proposition d’un posteéquival<strong>en</strong>t avec une rémunération équival<strong>en</strong>teest possible, le salarié ne subissant <strong>de</strong> ce faitaucun préjudice ? Il faut l’espérer car, <strong>en</strong> <strong>pratique</strong>,une <strong>disposition</strong> aussi restrictive risque <strong>de</strong>poser <strong>de</strong> nombreuses difficultés, <strong>en</strong> particulierlors <strong>de</strong> mises à <strong>disposition</strong> longues. L’<strong>en</strong>trepris<strong>en</strong>’est pas un bloc figé, elle doit constamm<strong>en</strong>ts’adapter à son <strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t économiqueafin <strong>de</strong> rester compétitive. Il se peut donc quele poste du salarié dans l’<strong>en</strong>treprise d’origineait dû évoluer pour s’adapter aux besoinsorganisationnels <strong>de</strong> celle-ci. Ce poste sera-t-ilalors toujours bi<strong>en</strong> « son poste » pour le salariémis à <strong>disposition</strong> <strong>de</strong> retour ? Dès lors que lesévolutions interv<strong>en</strong>ues relèv<strong>en</strong>t du changem<strong>en</strong>t<strong>de</strong>s conditions <strong>de</strong> travail, le poste ainsi restituéau salarié <strong>de</strong>vrait satis<strong>faire</strong> à l’obligation légale.On ne peut que regretter ici la formulationquelque peu lapidaire du texte, porteuse d’unecertaine insécurité juridique et espérer que lajurispru<strong>de</strong>nce admette que le retour du salariésur un poste au moins équival<strong>en</strong>t répon<strong>de</strong> auxexig<strong>en</strong>ces légales.Comm<strong>en</strong>t intégrer le salariémis à <strong>disposition</strong> dansles relations collectives<strong>de</strong> chaque <strong>en</strong>treprise ?Les relations collectives <strong>de</strong> travail r<strong>en</strong>voi<strong>en</strong>t auxrelations nouées « <strong>en</strong>tre un ou plusieurs employeursou groupem<strong>en</strong>ts d’employeurs et un groupem<strong>en</strong>t,organisé ou non, <strong>de</strong> salariés » (40) . Celles-ci pr<strong>en</strong>n<strong>en</strong>tess<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>t <strong>de</strong>ux formes : la représ<strong>en</strong>tationcollective et les conflits collectifs.Salarié mis à <strong>disposition</strong> et IRP<strong>de</strong> l’<strong>en</strong>treprise d’accueilRecours aux délégués du personnelLes salariés d’<strong>en</strong>treprises extérieures qui, dansl’exercice <strong>de</strong> leur activité, ne se trouv<strong>en</strong>t pasplacés sous la subordination directe <strong>de</strong> l’<strong>en</strong>trepriseutilisatrice peuv<strong>en</strong>t <strong>faire</strong> prés<strong>en</strong>ter leursréclamations individuelles et collectives, intéressantles conditions d’exécution du travailqui relèv<strong>en</strong>t du chef d’établissem<strong>en</strong>t, par lesdélégués du personnel <strong>de</strong> cet établissem<strong>en</strong>t (41) .Les délégués du personnel <strong>de</strong> l’<strong>en</strong>trepriseutilisatrice peuv<strong>en</strong>t égalem<strong>en</strong>t prés<strong>en</strong>ter lesréclamations <strong>de</strong> ces salariés <strong>en</strong> matière <strong>de</strong>rémunération et d’accès aux moy<strong>en</strong>s <strong>de</strong> transportcollectifs et aux installations collectives (42) .Bénéfice <strong>de</strong>s activités socialeset culturelles du comité d’<strong>en</strong>trepriseComme nous v<strong>en</strong>ons <strong>de</strong> le voir, les salariésmis à <strong>disposition</strong> ont accès, dans l’<strong>en</strong>trepriseutilisatrice, dans les mêmes conditions queles salariés <strong>de</strong> cette <strong>en</strong>treprise, aux moy<strong>en</strong>s<strong>de</strong> transport collectifs et aux installations collectivesexistantes, par exemple un service <strong>de</strong>restauration. Ces services peuv<strong>en</strong>t être assuréspar le comité d’<strong>en</strong>treprise dans le cadre <strong>de</strong> sesactivités sociales et culturelles.Dans ce cas, même si cela n’est pas expressém<strong>en</strong>tprévu par le Co<strong>de</strong> du travail, lorsque<strong>de</strong>s dép<strong>en</strong>ses supplém<strong>en</strong>taires incomb<strong>en</strong>t aucomité d’<strong>en</strong>treprise, celles-ci doiv<strong>en</strong>t sansdoute lui être remboursées suivant <strong>de</strong>s modalitésqui sont à définir dans le contrat <strong>de</strong> miseà <strong>disposition</strong> conclu <strong>en</strong>tre l’<strong>en</strong>treprise prêteuseet l’utilisateur (43) .(40) B. Teyssié, « Droit du travail – Relations collectives », Litec, 7 e éd., 2010, n o 1. (41) C. trav., art. L. 8241-2, al. 2 ; C. trav., art. L. 2313-3. (42) Voir supra« Normes d’hygiène et <strong>de</strong> sécurité » ; C. trav., art. L. 8241-2, al. 2 ; C. trav., art. L. 2313-4 et L. 2313-5. (43) Ce remboursem<strong>en</strong>t est par exemple prévu par le Co<strong>de</strong>du travail pour les salariés temporaires : C. trav., art. L. 1251-54. Par analogie, on peut considérer que celui-ci doit égalem<strong>en</strong>t être prévu <strong>en</strong> cas <strong>de</strong> mise à <strong>disposition</strong>.18 Les Cahiers du DRH - n° 180 - Octobre 2011


<strong>Mise</strong> à <strong>disposition</strong> <strong>de</strong> salariés : <strong>comm<strong>en</strong>t</strong> <strong>faire</strong> <strong>en</strong> <strong>pratique</strong> ?Participation du salarié misà <strong>disposition</strong> au processusélectoralSituation antérieure à la loidu 20 août 2008En matière <strong>de</strong> participation <strong>de</strong>s salariés misà <strong>disposition</strong> au processus électoral <strong>de</strong> l’<strong>en</strong>treprised’accueil, la position <strong>de</strong> la Cour <strong>de</strong>cassation fut tout d’abord <strong>de</strong> considérer queseuls les salariés mis à <strong>disposition</strong> se trouvantdans une situation <strong>de</strong> subordination à l’égard<strong>de</strong> celle-ci pouvai<strong>en</strong>t être pris <strong>en</strong> compte pourdéterminer le nombre <strong>de</strong> mandats à pourvoir àl’occasion <strong>de</strong>s élections <strong>de</strong>s institutions représ<strong>en</strong>tativesdu personnel organisées par l’<strong>en</strong>treprised’accueil. Pour être électeur, il fallaitobligatoirem<strong>en</strong>t être salarié <strong>de</strong> l’<strong>en</strong>treprise danslaquelle étai<strong>en</strong>t organisées les élections (44) . Lessalariés mis à <strong>disposition</strong> pouvai<strong>en</strong>t s’adresseraux délégués du personnel <strong>de</strong> l’<strong>en</strong>treprise d’accueil,mais ne pouvai<strong>en</strong>t donc pas participer àleur élection, sauf à démontrer l’exist<strong>en</strong>ce d’unli<strong>en</strong> <strong>de</strong> subordination juridique et une intégrationà la communauté <strong>de</strong> travail (45) .En 2006, le Conseil constitutionnel s’est prononcésur ce <strong>de</strong>rnier point <strong>en</strong> considérant (46)que les salariés <strong>de</strong> l’<strong>en</strong>treprise extérieure intégrés<strong>de</strong> façon étroite et perman<strong>en</strong>te à l’<strong>en</strong>treprised’accueil sont habilités à participer auxélections <strong>de</strong>s institutions représ<strong>en</strong>tatives dupersonnel <strong>de</strong> cette <strong>de</strong>rnière (47) . Il a par-là écartél’obligation d’être salarié <strong>de</strong> l’<strong>en</strong>treprise organisatrice<strong>de</strong>s élections, et développé le critère<strong>de</strong> l’intégration à la communauté <strong>de</strong> travail.Cette position a rapi<strong>de</strong>m<strong>en</strong>t été reprise par lachambre sociale <strong>de</strong> la Cour <strong>de</strong> cassation dansun arrêt Peugeot (48) dans lequel elle a jugéque « sauf <strong>disposition</strong>s législatives contraires, lestravailleurs mis à <strong>disposition</strong> d’une <strong>en</strong>treprise,intégrés <strong>de</strong> façon étroite et perman<strong>en</strong>te à lacommunauté <strong>de</strong> travail qu’elle constitue, inclus àce titre dans le calcul <strong>de</strong>s effectifs […], sont à cemême titre électeurs aux élections <strong>de</strong>s membresdu comité d’<strong>en</strong>treprise ou d’établissem<strong>en</strong>t et <strong>de</strong>sdélégués du personnel ».Une circulaire (49) et trois arrêts du 13 novembre2008 (50) (r<strong>en</strong>dus à propos <strong>de</strong> situations soumisesau régime antérieur à la loi du 20 août2008) ont précisé les critères <strong>de</strong> l’intégrationétroite et perman<strong>en</strong>te à la communauté <strong>de</strong>travail <strong>en</strong> énonçant que « sont intégrés <strong>de</strong> façonétroite et perman<strong>en</strong>te à la communauté <strong>de</strong> travail,pour l’application <strong>de</strong>s articles […] L. 2314-15,L. 2324-14 et L. 1111-2 du Co<strong>de</strong> du travail, dansleur rédaction applicable au litige, les salariés misà <strong>disposition</strong> par une <strong>en</strong>treprise extérieure qui,abstraction faite du li<strong>en</strong> <strong>de</strong> subordination qui subsisteavec leur employeur, sont prés<strong>en</strong>ts dans leslocaux <strong>de</strong> l’<strong>en</strong>treprise utilisatrice et y travaill<strong>en</strong>t<strong>de</strong>puis une certaine durée, partageant ainsi <strong>de</strong>sconditions <strong>de</strong> travail au moins <strong>en</strong> partie communessusceptibles <strong>de</strong> générer <strong>de</strong>s intérêts communs ». LaCour <strong>de</strong> cassation vi<strong>en</strong>t considérer que la prés<strong>en</strong>cedans les mêmes locaux et p<strong>en</strong>dant unecertaine durée r<strong>en</strong>force l’idée <strong>de</strong> communauté<strong>de</strong> travail. Cette prise <strong>en</strong> compte <strong>de</strong>s salariésmis à <strong>disposition</strong> vi<strong>en</strong>t acc<strong>en</strong>tuer l’effet utile <strong>de</strong>la participation <strong>de</strong>s salariés « à la déterminationcollective <strong>de</strong>s conditions <strong>de</strong> travail ainsi qu’à lagestion <strong>de</strong>s <strong>en</strong>treprises », telle que prévue àl’article 8 du Préambule <strong>de</strong> la Constitution <strong>de</strong>1946 (51) . ■ ■ ■(44) Voir <strong>en</strong> ce s<strong>en</strong>s, Cass. soc., 13 mars 1985, n o 84-60.731 ; Cass. soc., 13 juin 1990, n o 89-61.222. (45) Cass. Ass. plén., 6 juill. 1990, n o 89-60.581,Bull. civ, AP, n o 10. (46) Au visa <strong>de</strong> l’alinéa 8 du Préambule <strong>de</strong> la Constitution <strong>de</strong> 1946 selon lequel : « Tout travailleur participe, par l’intermédiaire <strong>de</strong> sesdélégués, à la détermination collective <strong>de</strong>s conditions <strong>de</strong> travail ainsi qu’à la gestion <strong>de</strong>s <strong>en</strong>treprises ». (47) Cons. Const., 28 déc. 2006, déc. n o 2006-545.(48) Cass. soc., 28 févr. 2007, n o 06-60.171, Semaine Sociale Lamy 2007, n o 1298. (49) Circ. DGT n o 20, 13 nov. 2008. (50) Cass. soc., 13 nov. 2008,n o 07-60.465, n o 07-60.469 à n o 07-60.472. (51) Voir Y. Pagnerre et G. Saincaize, « L’intégration <strong>de</strong>s salariés mis à <strong>disposition</strong> : nouvelles conditions,nouveaux effets », JCP S 2009, 1368.Les Cahiers du DRH - n° 180 - Octobre 201119


<strong>Mise</strong> à <strong>disposition</strong> <strong>de</strong> salariés : <strong>comm<strong>en</strong>t</strong> <strong>faire</strong> <strong>en</strong> <strong>pratique</strong> ?– ils sont prés<strong>en</strong>ts dans l’<strong>en</strong>treprise utilisatrice<strong>de</strong>puis 12 mois continus.Ils ne sont <strong>en</strong> revanche jamais éligibles (58) .Ici <strong>en</strong>core, les salariés mis à <strong>disposition</strong> quirempliss<strong>en</strong>t les conditions pour être électeursdans l’<strong>en</strong>treprise utilisatrice doiv<strong>en</strong>t choisirl’<strong>en</strong>treprise dans laquelle ils souhait<strong>en</strong>t exercerce droit (<strong>en</strong>treprise qui les emploi<strong>en</strong>t ou<strong>en</strong>treprise utilisatrice).Les <strong>disposition</strong>s légales n’ont <strong>en</strong> revanche pasapporté <strong>de</strong> précision concernant le CHSCT.Pour ce qui est <strong>de</strong> la prise <strong>en</strong> compte dansl’effectif, le salarié mis à <strong>disposition</strong> doit êtreprés<strong>en</strong>t dans les locaux le jour du décompte,y travailler <strong>de</strong>puis au moins un an (c’est-àdirey avoir été prés<strong>en</strong>t un an avant la dateret<strong>en</strong>ue pour le décompte <strong>de</strong> l’effectif) et n’estpris <strong>en</strong> compte qu’à due proportion <strong>de</strong> sontemps <strong>de</strong> prés<strong>en</strong>ce au cours <strong>de</strong>s douze moisprécé<strong>de</strong>nts (59) .La question <strong>de</strong> savoir si le salarié mis à <strong>disposition</strong>est électeur ne se pose pas dans lesmêmes termes que pour le CE ou les DP,puisque les membres <strong>de</strong> la délégation dupersonnel au CHSCT sont désignés par uncollège composé <strong>de</strong>s élus titulaires du CE et<strong>de</strong>s DP.Concernant l’éligibilité, la jurispru<strong>de</strong>nce aestimé que le salarié mis à <strong>disposition</strong> peutêtre éligible à la délégation du personnelau CHSCT <strong>de</strong> l’<strong>en</strong>treprise utilisatrice (60) . Lecomité ayant pour mission <strong>de</strong> contribuer àprotection <strong>de</strong> la santé et <strong>de</strong> la sécurité <strong>de</strong>ssalariés <strong>de</strong> l’établissem<strong>en</strong>t (61) , cette solutionest logique, dès lors que le salarié travailledans l’établissem<strong>en</strong>t où est constitué leCHSCT. Cep<strong>en</strong>dant, toute mise à <strong>disposition</strong>ne permet sans doute pas une telle éligibilité.Il convi<strong>en</strong>t ici <strong>de</strong> rev<strong>en</strong>ir à la notion jurispru<strong>de</strong>ntielled’intégration étroite et perman<strong>en</strong>te àla collectivité <strong>de</strong> travail vue ci-avant. La miseà <strong>disposition</strong> doit être d’une durée suffisanteafin que le salarié partage <strong>de</strong> façon effectiveles conditions <strong>de</strong> travail <strong>de</strong>s autres salariés,et qu’il ait les mêmes intérêts <strong>en</strong> matière <strong>de</strong>santé et <strong>de</strong> sécurité, afin qu’il puisse êtrevalablem<strong>en</strong>t représ<strong>en</strong>tatif <strong>de</strong> la communauté<strong>de</strong> travail (62) .– Pour un tableau récapitulatif <strong>de</strong>s conditionsd’électorat et éligibilité, voir ci-après.La mise <strong>en</strong> œuvre <strong>de</strong>s <strong>disposition</strong>s issues<strong>de</strong> la loi <strong>de</strong> 2008 pose toutefois quelquesdifficultés, notamm<strong>en</strong>t pour le recueil <strong>de</strong>sinformations sur la situation <strong>de</strong>s salariésmis à <strong>disposition</strong> au regard <strong>de</strong> leur prise<strong>en</strong> compte dans les effectifs <strong>de</strong> l’<strong>en</strong>trepriseutilisatrice pour l’organisation <strong>de</strong>s élections.D’abord, la circulaire DGT n o 20 du13 novembre 2008 dispose qu’il revi<strong>en</strong>tà l’<strong>en</strong>treprise utilisatrice d’interroger l’<strong>en</strong>treprised’origine pour déterminer quelssalariés mis à <strong>disposition</strong> elle doit intégrerdans ses effectifs et inscrire sur les listesélectorale.Ensuite, un arrêt du 26 mai 2010 <strong>de</strong> la Cour<strong>de</strong> cassation (63) a précisé qu’il apparti<strong>en</strong>t àl’employeur responsable <strong>de</strong> l’organisation <strong>de</strong>l’élection <strong>de</strong> fournir aux organisations syndicalesles élém<strong>en</strong>ts nécessaires au contrôle<strong>de</strong>s effectifs et <strong>de</strong> l’électorat et que, s’agissant<strong>de</strong>s salariés mis à <strong>disposition</strong>, il doit, sansse borner à interroger les <strong>en</strong>treprises extérieures,fournir aux organisations syndicalesles élém<strong>en</strong>ts dont il dispose ou dont il peut<strong>de</strong>man<strong>de</strong>r judiciairem<strong>en</strong>t la production parces <strong>en</strong>treprises.■ ■ ■(58) Circ. 13 nov. 2008, Fiche 6, n o 2.2.2. (59) J.-B. Cottin, « Le CHSCT », Lamy Axe Droit, éd. 2010, n o 60 et s. (60) Cass. soc., 14 déc. 1999, n o 98-60.629.(61) C. trav., art. L. 4612-1. (62) Voir J.-B. Cottin, « Le CHSCT » précité, n o 135 et s. (63) Cass. soc., 26 mai 2010, n o 09-60.400, Liaisons Sociales 2010,Bref social, n o 15623.Les Cahiers du DRH - n° 180 - Octobre 201121


<strong>Mise</strong> à <strong>disposition</strong> <strong>de</strong> salariés : <strong>comm<strong>en</strong>t</strong> <strong>faire</strong> <strong>en</strong> <strong>pratique</strong> ?faveur <strong>de</strong> l’<strong>en</strong>treprise utilisatrice, cette prised’option restera valable tant que sa situation<strong>de</strong>meurera inchangée. Il ne pourra pas participeraux év<strong>en</strong>tuelles élections organisées dansson <strong>en</strong>treprise d’origine p<strong>en</strong>dant cette pério<strong>de</strong>.Son employeur <strong>de</strong>vra donc impérativem<strong>en</strong>têtre informé <strong>de</strong> son choix. Il retrouvera sondroit <strong>de</strong> vote dans son <strong>en</strong>treprise d’origine,ou dans une autre <strong>en</strong>treprise dans laquelle ilserait mis à <strong>disposition</strong>, à échéance <strong>de</strong> sa mission.La Cour <strong>de</strong> cassation et le législateur ontainsi souhaité éviter <strong>de</strong>s situations <strong>de</strong> « doublevote » ou <strong>de</strong> « double éligibilité », à l’instar <strong>de</strong> lasituation <strong>de</strong>s salariés à temps partiel travaillantsimultaném<strong>en</strong>t dans plusieurs <strong>en</strong>treprises quine sont éligibles que dans l’une <strong>de</strong>s <strong>en</strong>treprisesoù ils travaill<strong>en</strong>t et doiv<strong>en</strong>t choisir celle danslaquelle ils font acte <strong>de</strong> candidature (65) .Gestion du salarié mis à<strong>disposition</strong> titulaire d’un mandatDurée du mandatLa question se pose du sort du mandat dusalarié mis à <strong>disposition</strong> qui a été élu dansl’<strong>en</strong>treprise utilisatrice. Qu’advi<strong>en</strong>t-il <strong>de</strong> celuicià la fin <strong>de</strong> la mission ?L’article L. 2314-26 du Co<strong>de</strong> du travail prévoit,par exemple, que le mandat <strong>de</strong>s déléguésdu personnel pr<strong>en</strong>d fin notamm<strong>en</strong>t par « laperte <strong>de</strong>s conditions requises pour l’éligibilité ».Or, l’éligibilité du salarié mis à <strong>disposition</strong>repose notamm<strong>en</strong>t sur son « intégration étroiteet perman<strong>en</strong>te à la communauté <strong>de</strong> travail » <strong>de</strong>l’<strong>en</strong>treprise utilisatrice, comme l’a relevé leConseil Constitutionnel dans sa décision relativeà la loi du 20 août 2008 :« Le droit <strong>de</strong> participer par l’intermédiaire <strong>de</strong>leurs délégués à “la détermination collective<strong>de</strong>s conditions <strong>de</strong> travail ainsi qu’à la gestion<strong>de</strong>s <strong>en</strong>treprises” a pour bénéficiaires, sinonla totalité <strong>de</strong>s travailleurs employés à unmom<strong>en</strong>t donné dans une <strong>en</strong>treprise, du moinstous ceux qui sont intégrés <strong>de</strong> façon étroiteet perman<strong>en</strong>te à la communauté <strong>de</strong> travailqu’elle constitue, même s’ils n’<strong>en</strong> sont pas lessalariés […] Le législateur a <strong>en</strong>t<strong>en</strong>du précisercette notion d’intégration à la communauté <strong>de</strong>travail afin <strong>de</strong> r<strong>en</strong>forcer la sécurité juridique<strong>de</strong>s <strong>en</strong>treprises et <strong>de</strong>s salariés [et] a prévu, àcet effet, <strong>de</strong>s conditions <strong>de</strong> prés<strong>en</strong>ce continuedans les locaux <strong>de</strong> l’<strong>en</strong>treprise […] » (66) .Ainsi, ayant achevé sa mission dans l’<strong>en</strong>treprised’accueil, le salarié ne fait plus partie <strong>de</strong>sa communauté <strong>de</strong> travail, et son mandat estcaduc, qu’il soit DP, ou membre du CHSCT.Statut protecteurLe salarié mis à <strong>disposition</strong>, titulaire dans l’<strong>en</strong>trepriseutilisatrice d’un mandat représ<strong>en</strong>tatif,peut-il opposer à son employeur d’origine(c’est-à-dire <strong>en</strong> <strong>de</strong>hors du lieu d’exercice <strong>de</strong>son mandat) le bénéfice du statut protecteurattaché par la loi à sa qualité d’anci<strong>en</strong> représ<strong>en</strong>tantdu personnel ?L’article L. 8241-2 du Co<strong>de</strong> <strong>de</strong> travail issu <strong>de</strong> laloi Cherpion apporte une réponse claire à cetteproblématique :« La mise à <strong>disposition</strong> d’un salarié ne peutaffecter la protection dont jouit un salarié <strong>en</strong>vertu d’un mandat représ<strong>en</strong>tatif. »Notons que lors d’une décision réc<strong>en</strong>te, leConseil <strong>de</strong> prud’hommes <strong>de</strong> Nancy (67) a considéréque le statut protecteur est opposable àl’<strong>en</strong>treprise d’origine, <strong>en</strong> précisant que « pourque cette règle soit applicable, <strong>en</strong>core faut-il,s’agissant d’un mandat obt<strong>en</strong>u et exercé dans une<strong>en</strong>treprise extérieure, que l’employeur ait connaissancedu statut <strong>de</strong> travailleur protégé <strong>de</strong> ■ ■ ■(65) C. trav., art. L. 2314-16. (66) Cons. Const., 7 août 2008, n o 2008-568 DC. (67) Cons. prud’h. Nancy, 7 sept. 2009, n o 08/00452, Semaine SocialeLamy 2009, n o 1419.Les Cahiers du DRH - n° 180 - Octobre 201123


<strong>Mise</strong> à <strong>disposition</strong> <strong>de</strong> salariés : <strong>comm<strong>en</strong>t</strong> <strong>faire</strong> <strong>en</strong> <strong>pratique</strong> ?À l’issue <strong>de</strong> sa mise à <strong>disposition</strong>, le salarié retrouve son poste <strong>de</strong> travail dans l’<strong>en</strong>treprise prêteuse sans quel’évolution <strong>de</strong> sa carrière ou <strong>de</strong> sa rémunération ne soit affectée par la pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> prêt.Les salariés mis à <strong>disposition</strong> ont accès aux installations et moy<strong>en</strong>s <strong>de</strong> transport collectifs dont bénéfici<strong>en</strong>t lessalariés <strong>de</strong> l’<strong>en</strong>treprise utilisatrice.Un salarié ne peut être sanctionné, lic<strong>en</strong>cié ou <strong>faire</strong> l’objet d’une mesure discriminatoire pour avoir refusé uneproposition <strong>de</strong> mise à <strong>disposition</strong>.La mise à <strong>disposition</strong> ne peut affecter la protection dont jouit un salarié <strong>en</strong> vertu d’un mandat représ<strong>en</strong>tatif.P<strong>en</strong>dant la pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> prêt <strong>de</strong> main-d’œuvre, le contrat <strong>de</strong> travail qui lie le salarié à l’<strong>en</strong>treprise prêteuse n’estni rompu ni susp<strong>en</strong>du. Le salarié continue d’appart<strong>en</strong>ir au personnel <strong>de</strong> l’<strong>en</strong>treprise prêteuse ; il conserve lebénéfice <strong>de</strong> l’<strong>en</strong>semble <strong>de</strong>s <strong>disposition</strong>s conv<strong>en</strong>tionnelles dont il aurait bénéficié s’il avait exécuté son travaildans l’<strong>en</strong>treprise prêteuse.Le comité d’<strong>en</strong>treprise ou, à défaut, les délégués du personnel <strong>de</strong> l’<strong>en</strong>treprise prêteuse sont consultés préalablem<strong>en</strong>tà la mise <strong>en</strong> œuvre d’un prêt <strong>de</strong> main-d’œuvre et informés <strong>de</strong>s différ<strong>en</strong>tes conv<strong>en</strong>tions signées.Le comité d’hygiène, <strong>de</strong> sécurité et <strong>de</strong>s conditions <strong>de</strong> travail <strong>de</strong> l’<strong>en</strong>treprise prêteuse est informé lorsque le posteoccupé dans l’<strong>en</strong>treprise utilisatrice par le salarié mis à <strong>disposition</strong> figure sur la liste <strong>de</strong> ceux prés<strong>en</strong>tant <strong>de</strong>srisques particuliers pour la santé ou la sécurité <strong>de</strong>s salariés m<strong>en</strong>tionnée au second alinéa <strong>de</strong> l’article L. 4154-2.Le comité d’<strong>en</strong>treprise et le comité d’hygiène, <strong>de</strong> sécurité et <strong>de</strong>s conditions <strong>de</strong> travail ou, à défaut, les déléguésdu personnel <strong>de</strong> l’<strong>en</strong>treprise utilisatrice sont informés et consultés préalablem<strong>en</strong>t à l’accueil <strong>de</strong> salariés mis à la<strong>disposition</strong> <strong>de</strong> celle-ci dans le cadre <strong>de</strong> prêts <strong>de</strong> main-d’œuvre.L’<strong>en</strong>treprise prêteuse et le salarié peuv<strong>en</strong>t conv<strong>en</strong>ir que le prêt <strong>de</strong> main-d’œuvre est soumis à une pério<strong>de</strong> probatoireau cours <strong>de</strong> laquelle il peut y être mis fin à la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’une <strong>de</strong>s parties. Cette pério<strong>de</strong> probatoire estobligatoire lorsque le prêt <strong>de</strong> main-d’œuvre <strong>en</strong>traîne la modification d’un élém<strong>en</strong>t ess<strong>en</strong>tiel du contrat <strong>de</strong> travail.La cessation du prêt <strong>de</strong> main-d’œuvre à l’initiative <strong>de</strong> l’une <strong>de</strong>s parties avant la fin <strong>de</strong> la pério<strong>de</strong> probatoire nepeut, sauf faute grave du salarié, constituer un motif <strong>de</strong> sanction ou <strong>de</strong> lic<strong>en</strong>ciem<strong>en</strong>t. ◆Av<strong>en</strong>ant contractuel <strong>de</strong> mise à <strong>disposition</strong>(Modèle réalisé par Marie Hautefort)Entre les soussignésLa Société < >,< Adresse et coordonnées >Représ<strong>en</strong>tée par Monsieur (ou Madame) < Nom, prénom > agissant <strong>en</strong> qualité<strong>de</strong> < indiquer les fonctions >d’une partetMonsieur (ou Madame) < Nom, prénom >N o d’immatriculation à la Sécurité sociale : < >(Év<strong>en</strong>tuellem<strong>en</strong>t) N o du titre autorisant à travailler : < >d’autre partIl a été conv<strong>en</strong>u ce qui suit :Article 1 er : Objet <strong>de</strong> la missionVARIANTE 1Monsieur (ou Madame) < > est détaché(e) temporairem<strong>en</strong>t auprès <strong>de</strong> la société < >pour accomplir la mission suivante : < >.Les Cahiers du DRH - n° 180 - Octobre 201125


DROIT APPLIQUÉVARIANTE 2La société < société d’origine > ayant mis à la <strong>disposition</strong> <strong>de</strong> la société < société d’accueil >un matériel <strong>de</strong> < définir le matériel et l’équipem<strong>en</strong>t >, charge Monsieur (ou Madame) < >d’<strong>en</strong> assurer la maint<strong>en</strong>ance (ou d’assurer la fonction <strong>de</strong> conseil et d’assistance auprès<strong>de</strong> ses utilisateurs). À cet effet, Monsieur (ou Madame) < > est détaché(e) au sein <strong>de</strong> la société< société d’accueil >.VARIANTE 3Conformém<strong>en</strong>t à ce qui a été exposé < au comité d’<strong>en</strong>treprise ou, à défaut, aux délégués dupersonnel, et, s’il <strong>en</strong> existe un, au CHSCT >, notre société traverse une pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> faible activité.Dans ce contexte, il a été proposé à Monsieur (ou Madame) < >, qui l’accepte, un détachem<strong>en</strong>ttemporaire au sein <strong>de</strong> la société < société d’accueil >, <strong>en</strong> vue d’y exercer une activitécomparable à son travail habituel.Article 2 : Durée du détachem<strong>en</strong>tVARIANTE 1 (<strong>Mise</strong> à <strong>disposition</strong> à durée déterminée)Conformém<strong>en</strong>t à ce qui est prévu dans la conv<strong>en</strong>tion <strong>de</strong> mise à <strong>disposition</strong> passée <strong>en</strong>tre lasociété < société d’origine > et la société < société d’accueil >, le détachem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> Monsieur(ou Madame) < > pr<strong>en</strong>d effet le < date > et se termine, <strong>en</strong> principe, le < date >. Dans lamesure où il s’avèrerait nécessaire <strong>de</strong> le prolonger, il pourra être r<strong>en</strong>ouvelé, sous réserve <strong>de</strong> l’accor<strong>de</strong>xprès <strong>de</strong> Monsieur (ou Madame) < >. Un nouvel av<strong>en</strong>ant au contrat <strong>de</strong> travail sera alorsétabli.Monsieur (ou Madame) < > est informé(e) que sa mission pourra, sur <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> la société< société d’accueil > être écourtée et l’accepte. Dans ce cas, Monsieur (ou Madame) < > seraprév<strong>en</strong>u(e) < fixer un délai <strong>de</strong> prév<strong>en</strong>ance proportionnel au bouleversem<strong>en</strong>t que représ<strong>en</strong>te ledétachem<strong>en</strong>t pour le salarié, surtout <strong>en</strong> cas d’éloignem<strong>en</strong>t géographique par rapport à l’<strong>en</strong>treprised’origine > et sera réintégré(e) dans son <strong>en</strong>treprise d’origine dans les conditions prévuesà l’article 10.VARIANTE 2 (<strong>Mise</strong> à <strong>disposition</strong> à durée « indéterminée »)Conformém<strong>en</strong>t à ce qui est prévu dans la conv<strong>en</strong>tion <strong>de</strong> mise à <strong>disposition</strong> passée <strong>en</strong>tre lasociété < société d’origine > et la société < société d’accueil >, la durée du détachem<strong>en</strong>t <strong>de</strong>Monsieur (ou Madame) < > correspondra au temps nécessaire à l’accomplissem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> la missionm<strong>en</strong>tionnée à l’article 1 er du prés<strong>en</strong>t av<strong>en</strong>ant.La société < société d’accueil >, <strong>en</strong> collaboration avec Monsieur (ou Madame) < >, évalueraaussitôt que possible le temps prévisionnel <strong>de</strong> son détachem<strong>en</strong>t et avertira la société < sociétéd’origine > quand elle sera <strong>en</strong> mesure d’affiner ses prévisions et <strong>de</strong> donner une date certaine àla fin <strong>de</strong> la mission.Article 3 : Description du posteMonsieur (ou Madame) < > est chargé(e) <strong>de</strong> < décrire le travail confié >.Article 4 : Pério<strong>de</strong> probatoire(M<strong>en</strong>tion obligatoire <strong>en</strong> cas <strong>de</strong> modification du contrat <strong>de</strong> travail (changem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> qualification,<strong>de</strong> salaire, <strong>de</strong> secteur géographique…), facultative dans les autres cas) La mise à <strong>disposition</strong> <strong>de</strong>Monsieur (ou Madame) < > est soumise à une pério<strong>de</strong> probatoire d’une durée <strong>de</strong> < X mois,semaines, jours, <strong>en</strong> fonction du <strong>de</strong>gré <strong>de</strong> bouleversem<strong>en</strong>t que représ<strong>en</strong>te le détachem<strong>en</strong>t pourle salarié >, (év<strong>en</strong>tuellem<strong>en</strong>t : r<strong>en</strong>ouvelable une fois).Si, p<strong>en</strong>dant ou à l’issue <strong>de</strong> cette durée, la pério<strong>de</strong> probatoire est jugée non concluante par l’uneou l’autre <strong>de</strong>s parties au prés<strong>en</strong>t contrat, celle qui souhaite y mettre fin <strong>de</strong>vra <strong>en</strong> avertir l’autrepar écrit, <strong>en</strong> respectant un délai <strong>de</strong> prév<strong>en</strong>ance <strong>de</strong> < X jour(s), semaine(s) >.26 Les Cahiers du DRH - n° 180 - Octobre 2011


<strong>Mise</strong> à <strong>disposition</strong> <strong>de</strong> salariés : <strong>comm<strong>en</strong>t</strong> <strong>faire</strong> <strong>en</strong> <strong>pratique</strong> ?Monsieur (ou Madame) < > sera réintégré(e) à l’issue du délai <strong>de</strong> prév<strong>en</strong>ance dans sesanci<strong>en</strong>nes fonctions au sein <strong>de</strong> la Société < société d’origine >.Article 5 : Lieu <strong>de</strong> travailVARIANTE 1À titre informatif, il est précisé que Monsieur (ou Madame) < > exercera ses fonctions dans leslocaux <strong>de</strong> la société < société d’accueil >, à < lieu >.VARIANTE 2Monsieur (ou Madame) < > sera am<strong>en</strong>é(e) à exercer ses fonctions dans le secteur géographiquesuivant : < délimiter le secteur, la ville, le départem<strong>en</strong>t, le bassin d’emploi, etc. >.Article 6 : Durée du travail – HorairesVARIANTE 1La durée du travail <strong>de</strong> Monsieur (ou Madame) < >, ainsi que ses modalités d’aménagem<strong>en</strong>t,sont celles appliquées dans la société < société d’accueil >, pour la catégorie professionnelle àlaquelle il apparti<strong>en</strong>t (1) .Les horaires <strong>de</strong> travail <strong>de</strong> Monsieur (ou Madame) < > seront les suivants : < Indiquer leshoraires >.VARIANTE 2À titre informatif, il est précisé que Monsieur (ou Madame) < > sera soumis(e) aux mêmeshoraires que les salariés <strong>de</strong> l’<strong>en</strong>treprise < société d’accueil >, à savoir, à la date <strong>de</strong> signaturedu prés<strong>en</strong>t av<strong>en</strong>ant : < Indiquer les horaires >.Monsieur (ou Madame) < > est informé(e) que ces horaires pourront être modifiés <strong>en</strong> fonction<strong>de</strong>s impératifs <strong>de</strong> production.(Facultatif) Il pourra lui être <strong>de</strong>mandé, si nécessaire, d’effectuer <strong>de</strong>s heures supplém<strong>en</strong>taires.Article 7 : Conditions d’exécution <strong>de</strong> la missionP<strong>en</strong>dant la pério<strong>de</strong> du détachem<strong>en</strong>t, le contrat <strong>de</strong> travail qui lie Monsieur (ou Madame) < >à la société < société d’origine > n’est ni rompu ni susp<strong>en</strong>du.Monsieur (ou Madame) < > continue d’appart<strong>en</strong>ir à son personnel.Il (ou Elle) conserve par conséqu<strong>en</strong>t le bénéfice <strong>de</strong> l’<strong>en</strong>semble <strong>de</strong>s <strong>disposition</strong>s conv<strong>en</strong>tionnellesdont il (ou elle) bénéficiait avant le détachem<strong>en</strong>t, ainsi que <strong>de</strong> tous les avantages accordésau personnel <strong>de</strong> la société < société d’origine > p<strong>en</strong>dant la pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> détachem<strong>en</strong>t.P<strong>en</strong>dant la durée du détachem<strong>en</strong>t, Monsieur (ou Madame) < > reportera à < au choix, cadre<strong>de</strong> la société d’origine ou <strong>de</strong> la société d’accueil >.Il (ou Elle) pr<strong>en</strong>dra connaissance du règlem<strong>en</strong>t intérieur et <strong>de</strong>s consignes <strong>de</strong> sécurité <strong>de</strong> lasociété < société d’accueil > qu’il (ou elle) s’<strong>en</strong>gage à respecter.(S’il y a lieu) Il (ou Elle) bénéficiera <strong>de</strong>s transports collectifs et <strong>de</strong>s installations <strong>de</strong> restauration<strong>de</strong> la société < société d’accueil >.Article 8 : RémunérationMonsieur (ou Madame) < > continuera à être rémunéré(e) par la société < société d’origine >aux conditions habituelles : < salaires, primes, titres-restaurant >.(Facultatif) Pour comp<strong>en</strong>ser, <strong>en</strong> outre, la gêne occasionnée par le changem<strong>en</strong>t du lieu<strong>de</strong> travail, il (ou elle) percevra, <strong>en</strong> plus, une prime <strong>de</strong> détachem<strong>en</strong>t d’un montant <strong>de</strong> < > €.Cette prime sera supprimée, car n’ayant plus d’objet, quand Monsieur (ou Madame) < >aura réintégré son poste dans la société < société d’origine >.(1) Att<strong>en</strong>tion, <strong>en</strong> cas <strong>de</strong> travail à temps partiel, toutes les m<strong>en</strong>tions obligatoires pour ce type <strong>de</strong> contrat doiv<strong>en</strong>t être reprises dans l’av<strong>en</strong>ant.■ ■ ■Les Cahiers du DRH - n° 180 - Octobre 201127


DROIT APPLIQUÉEn outre, la société < d’origine ou d’accueil > remboursera à Monsieur (ou Madame) < >les frais occasionnés par sa mission selon le barème <strong>en</strong> vigueur < dans l’<strong>en</strong>treprise ouannexé >, sur prés<strong>en</strong>tation <strong>de</strong>s justificatifs au service du personnel.Monsieur (ou Madame) < > bénéficiera <strong>de</strong>s augm<strong>en</strong>tations <strong>de</strong> salaire, collectives ou individuelles,interv<strong>en</strong>ant dans la société < société d’origine >.Article 9 : Remboursem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> fraisLes frais < <strong>de</strong> déplacem<strong>en</strong>t, <strong>de</strong> mission et <strong>de</strong> réception > <strong>en</strong>gagés par Monsieur (ou Madame)< > dans le cadre <strong>de</strong> sa mise à <strong>disposition</strong> lui seront remboursés selon < les modalités <strong>en</strong>vigueur ou fixées par la conv<strong>en</strong>tion collective ou par l’accord d’<strong>en</strong>treprise ou par les usages >dans l’<strong>en</strong>treprise < société d’origine >.Article 10 : RéintégrationEn fin <strong>de</strong> détachem<strong>en</strong>t (ou À l’issue <strong>de</strong> sa mission), la réintégration <strong>de</strong> Monsieur(ou Madame) < > intervi<strong>en</strong>dra au poste précé<strong>de</strong>mm<strong>en</strong>t occupé, avec mainti<strong>en</strong> <strong>de</strong> larémunération perçue au jour <strong>de</strong> la réintégration, hors prime <strong>de</strong> détachem<strong>en</strong>t.Au cas où cette réintégration ne pourrait se <strong>faire</strong> au mom<strong>en</strong>t <strong>de</strong> la cessation du détachem<strong>en</strong>t,<strong>en</strong> particulier si la mission est écourtée, Monsieur (ou Madame) < > est assuré(e) <strong>de</strong> percevoirson salaire p<strong>en</strong>dant le laps <strong>de</strong> temps nécessaire à la libération <strong>de</strong> son poste.La réintégration dans un poste équival<strong>en</strong>t ne sera <strong>en</strong>visagée que dans la mesure où le posted’origine aura été supprimé p<strong>en</strong>dant la pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> mise à <strong>disposition</strong>.Monsieur (ou Madame) < > est assuré(e) <strong>de</strong> percevoir son salaire (év<strong>en</strong>tuellem<strong>en</strong>t : hors prime<strong>de</strong> détachem<strong>en</strong>t) p<strong>en</strong>dant le temps nécessaire à la recherche d’un poste équival<strong>en</strong>t.Fait à < lieu >, le < date >< Signature >Conv<strong>en</strong>tion <strong>de</strong> mise à <strong>disposition</strong>(Modèle réalisé par M arie Hautefort)Entre les soussignésLa Société < emprunteuse >,< Adresse et coordonnées >Représ<strong>en</strong>tée par Monsieur (ou Madame) < Nom, prénom > agissant <strong>en</strong> qualité <strong>de</strong>< indiquer les fonctions >d’une partetLa Société < prêteuse >,< Adresse et coordonnées >Représ<strong>en</strong>tée par Monsieur (ou Madame) < Nom, prénom > agissant <strong>en</strong> qualité <strong>de</strong>< indiquer les fonctions >d’autre partIl a été conv<strong>en</strong>u ce qui suit :Article 1 er : Objet <strong>de</strong> la conv<strong>en</strong>tionLa prés<strong>en</strong>te conv<strong>en</strong>tion a pour objet la mise à <strong>disposition</strong> <strong>de</strong> Monsieur (ou Madame)< i<strong>de</strong>ntité du ou <strong>de</strong> la salarié(e) > par la société < prêteuse > à la société < emprunteuse >,dans le cadre <strong>de</strong> < préciser l’objet <strong>de</strong> la mise à <strong>disposition</strong> >.28 Les Cahiers du DRH - n° 180 - Octobre 2011


<strong>Mise</strong> à <strong>disposition</strong> <strong>de</strong> salariés : <strong>comm<strong>en</strong>t</strong> <strong>faire</strong> <strong>en</strong> <strong>pratique</strong> ?Article 2 : I<strong>de</strong>ntité et qualification du salarié mis à <strong>disposition</strong>Aux fins énoncées à l’article 1 er <strong>de</strong> la prés<strong>en</strong>te conv<strong>en</strong>tion, Monsieur (ou Madame) < >, ayant donnéson accord, qui a été matérialisé par un av<strong>en</strong>ant à son contrat <strong>de</strong> travail, est mis(e), par son employeur, lasociété < prêteuse >, à la <strong>disposition</strong> <strong>de</strong> la société < emprunteuse > pour y exercer les fonctions <strong>de</strong> < >.En application <strong>de</strong> la conv<strong>en</strong>tion collective <strong>de</strong> < conv<strong>en</strong>tion collective <strong>de</strong> la société prêteuse >, Monsieur (ouMadame) < > bénéficiera du coeffici<strong>en</strong>t < > correspondant à sa qualification et aux fonctions exercées.Article 3 : Durée <strong>de</strong> la mise à <strong>disposition</strong>VARIANTE 1 (<strong>Mise</strong> à <strong>disposition</strong> à durée déterminée)Cette mise à <strong>disposition</strong> pr<strong>en</strong>d effet le < date > et <strong>de</strong>vrait normalem<strong>en</strong>t cesser le < date >.Si la mission <strong>de</strong> Monsieur (ou Madame) < > n’est pas achevée à cette date, sa mise à <strong>disposition</strong>sera prolongée, avec son accord, exprimé dans un nouvel av<strong>en</strong>ant à son contrat <strong>de</strong> travail,pour une durée à déterminer.Si la société < emprunteuse > souhaite mettre fin à la mission <strong>de</strong> Monsieur (ou Madame) < > avantle terme prévu à la prés<strong>en</strong>te conv<strong>en</strong>tion, elle <strong>de</strong>vra justifier sa décision par écrit et avertir la société< prêteuse > <strong>en</strong> respectant un préavis <strong>de</strong> < X mois, semaines, jours – correspondance à établir avecl’av<strong>en</strong>ant au contrat <strong>de</strong> travail >, par lettre recommandée avec <strong>de</strong>man<strong>de</strong> d’avis <strong>de</strong> réception.VARIANTE 2 (<strong>Mise</strong> à <strong>disposition</strong> à durée « indéterminée »)Cette mise à <strong>disposition</strong> pr<strong>en</strong>d effet le < date >. Sa durée est indéterminée, car elle est liée autemps nécessaire à l’accomplissem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> la mission, qui n’est pas immédiatem<strong>en</strong>t prévisible.Si la société < emprunteuse > souhaite mettre fin à la mission <strong>de</strong> Monsieur (ou Madame)< >, elle <strong>de</strong>vra justifier sa décision par écrit et avertir la société < prêteuse > <strong>en</strong> respectant unpréavis <strong>de</strong> < X mois, semaines, jours – correspondance à établir avec l’av<strong>en</strong>ant au contrat <strong>de</strong>travail >, par lettre recommandée avec <strong>de</strong>man<strong>de</strong> d’avis <strong>de</strong> réception.Article 4 : Gestion du salarié mis à <strong>disposition</strong>P<strong>en</strong>dant la durée <strong>de</strong> la mise à <strong>disposition</strong> auprès <strong>de</strong> la société < emprunteuse >, la société< prêteuse > reste l’employeur <strong>de</strong> Monsieur (ou Madame) < >, le (ou la) rémunère et assurela gestion <strong>de</strong> son dossier.La société < prêteuse > doit recevoir <strong>de</strong> la société < emprunteuse > toutes informations sur lesabs<strong>en</strong>ces du salarié dont les justificatifs lui seront adressés directem<strong>en</strong>t par Monsieur (ou Madame) < >.La mission <strong>de</strong> Monsieur (ou Madame) < > est celle qui figure dans l’av<strong>en</strong>ant contractuel <strong>de</strong> mise à <strong>disposition</strong>qu’il a signé. Il apparti<strong>en</strong>t à la société < emprunteuse > d’<strong>en</strong> définir les détails et les modalités.VARIANTE 1La société < emprunteuse > mettra à <strong>disposition</strong> <strong>de</strong> Monsieur (ou Madame) < > tous lesmoy<strong>en</strong>s nécessaires au bon exercice <strong>de</strong> sa mission.VARIANTE 2Monsieur (ou Madame) < > sera <strong>en</strong>cadré(e) par Monsieur (ou Madame) < nom et qualification >qui lui donnera toutes instructions nécessaires et <strong>en</strong> contrôlera l’exécution.Article 5 : FacturationLa société < emprunteuse > remboursera à la société < prêteuse >, y compris p<strong>en</strong>dant lescongés acquis au titre du temps <strong>de</strong> mise à <strong>disposition</strong>, sur prés<strong>en</strong>tation d’une facture m<strong>en</strong>suelle :– le salaire, les primes et avantages divers effectivem<strong>en</strong>t versés au salarié ;– les charges sociales patronales y affér<strong>en</strong>tes ;– les in<strong>de</strong>mnités <strong>de</strong> congés payés ;– les remboursem<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> frais professionnels.La société < emprunteuse > paiera le montant <strong>de</strong> la facturation m<strong>en</strong>suelle au plus tard unmois après la date d’émission <strong>de</strong> la facture.Fait à < lieu >, le < date >Pour la société < prêteuse >, < Signature >Pour la société < emprunteuse >, < Signature >■ ■ ■Les Cahiers du DRH - n° 180 - Octobre 201129

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