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Un drame algérien - Alger de ma jeunesse

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UN DRAME ALGERIENles appelant par leurs noms :— Je ne vous ai fait que du bien, que me voulez­vous ?Il venait <strong>de</strong> faire fuir sa femme, ses enfants, un vieux grandpère,par le jardin, dans les fourrés voisins et cherchait à gagner dutemps. Il ne <strong>de</strong>vait pas tar<strong>de</strong>r à succomber. <strong>Un</strong> coup <strong>de</strong> hachel'abattit lorsque la porte détruite put livrer passage auxassassins (1).Sa famille dut passer la nuit dans le <strong>ma</strong>quis et ne fut délivréeque dans la journée du 10.Le 9 au soir, on ignorait tout du <strong>drame</strong> <strong>de</strong> Guel<strong>ma</strong>, à quelqueskilomètres <strong>de</strong> la ville.C'est ainsi que le fermier Gaucci Antoine se promenait envoiture avec un Italien, prisonnier <strong>de</strong> guerre qui lui avait étéconfié. Les indigènes racontent qu'un groupe s'est approché ducabriolet, disant à Gaucci : « Descends ! on va te tuer. » Il aprotesté, il n'avait fait <strong>de</strong> <strong>ma</strong>l à personne, les Arabes étaient sesamis, etc. Quelques­uns répondirent : « C'est vrai, tu peux t'enaller. »Mais un vieux intervint : « Le Coran a dit que tous ceux quiportent un chapeau doivent disparaître <strong>de</strong> la terre. C'est la loi duprophète ! » Et les <strong>de</strong>ux hommes furent tués. Gaucci était lelocataire du do<strong>ma</strong>ine du Zemzouna, sis à 2 kilomètres <strong>de</strong> Petit. Il aété abattu sur la propriété, avec son employé, à coups <strong>de</strong> feu. Leprisonnier <strong>de</strong> guerre fut presque scalpé par un coup <strong>de</strong> serpe quelui fendit le crâne horizontalement d'arrière en avant. Les <strong>de</strong>uxhommes étaient sans armes et, par suite, sans défense (2).(1) Deux <strong>de</strong>s assassins du.colon Bozzina ont été condamnés à mort par le tribunal militaire <strong>de</strong>Constantine. Ils se nomment Amira Salah et Fedaha A<strong>ma</strong>r (7 décembre 1945). Il n'y a pas eud'exécutions.(2) Le 21 septembre 1946, les assassins <strong>de</strong> M. Gaucci Antoine et du prisonnier Baali Paolo ontcomparu <strong>de</strong>vant le tribunal militaire : douze inculpés <strong>de</strong> pillage et <strong>de</strong> meurtre. On a enregistré unecondamnation à mort par contu<strong>ma</strong>ce, cinq acquittements et <strong>de</strong>s peines <strong>de</strong> prison. Le 5 octobresuivant, quatre prévenus ont été acquittés.184UN DRAME ALGERIENPuis ce fut Vella, qui venait d'être démobilisé et qui était enpromena<strong>de</strong> sur la route avec <strong>de</strong>ux jeunes filles. Vella futbrusquement assailli et tué à coups <strong>de</strong> fusil. Il eut le ventre ouvertlittéralement. Les jeunes femmes, affolées, prirent la fuite. Ellesfurent rattrapées et violées par une dizaine <strong>de</strong> bandits.Sa<strong>ma</strong>ti était coiffeur à <strong>Alger</strong>. Il était arrivé au village <strong>de</strong>puishuit ou dix jours. Il était allé au bord <strong>de</strong> la rivière pour pêcher. Ilfut abordé et tué à coups <strong>de</strong> boussaadi.A la ferme <strong>de</strong> M. Prunetti, à 10 kilomètres <strong>de</strong> Guel<strong>ma</strong>, setrouvaient les époux Winschel en qualité <strong>de</strong> métayers. Le 9 <strong>ma</strong>i,vers 15 heures, ils étaient agressés et tués. Le personnel indigèneétait attaché à la ferme <strong>de</strong>puis plusieurs années. Certains ouvriers<strong>de</strong>puis vingt ans. Aucun d'eux n'a prévenu les gérants ou lepropriétaire <strong>de</strong> la menace qui pesait sur la région. 5 prisonniersitaliens, à la première alerte, ont abandonné les métayers. Ils ontpris la fuite vers Guel<strong>ma</strong> Ils disent qu'ils ont été arrêtés puisrelâchés sur cette observation d'un chef qu'ils n'étaient pasfrançais (2).Au village <strong>de</strong> Petit, huit <strong>ma</strong>isons ont été complètementdévalisées. Elles furent facilement ouvertes. On recherchait surtoutles étoffes et le linge. Tout fut enlevé, même les ri<strong>de</strong>aux <strong>de</strong>sfenêtres. Quelques bris <strong>de</strong> meubles. Mais les bestiaux et les grainsn'ont pas été touchés.« J'ai l'impression, nous écrit un ami, à la suite <strong>de</strong>s confi<strong>de</strong>ncesqui m'ont été faites, que les biens et le cheptel ont été respectés à lasuite d'un mot d'ordre donné dans la conviction que cela serviraitaux successeurs <strong>de</strong>s Français, dès que ceux­ci seraientdéfinitivement chassés. »(2) Le 4 septembre 1946, 1e Tribunal militaire avait à connaître <strong>de</strong> l'assassinat <strong>de</strong>s épouxWinschel. Sept accusés pour meurtre, un inculpé pour vol comparaissaient <strong>de</strong>vant ce Tribunal.L'affaire a été renvoyée, l'un <strong>de</strong>s inculpés ayant été arrêté la veille et l'instruction <strong>de</strong>vant êtrecomplétée.185

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