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Un drame algérien - Alger de ma jeunesse

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UN DRAME ALGERIENC'est à Sétif qu'habitait Ferhat Abbas, le phar<strong>ma</strong>cien nanti <strong>de</strong>nombreux <strong>ma</strong>ndats électoraux, <strong>de</strong>venu le chef <strong>de</strong> l'organisationayant pour programme la disparition <strong>de</strong> tous les Françaisd'Algérie, puis le député siégeant à la Constituante <strong>de</strong> 1945. C'est àSétif qu'avait été rédigé le <strong>ma</strong>nifeste du 3 février 1943, résu<strong>ma</strong>nt,en <strong>de</strong>s phrases impératives, les prétentions du nouveau partixénophobe issu <strong>de</strong> l'ancien parti du Dr Bendjelloul, conseillergénéral du chef­lieu.Nous aurons à revenir sur l'action agressive <strong>de</strong>s « Amis duManifeste », alliés au parti populaire <strong>algérien</strong> (P.P.A.) et soutenuspar le groupe <strong>de</strong>s Oulé<strong>ma</strong>s, prenant ses mots d'ordre en Orient, etcréateur <strong>de</strong>s Mé<strong>de</strong>rsas occultes, installées peu à peu dans tous lescentres urbains et ruraux du département <strong>de</strong> Constantine et <strong>de</strong>sgroupes <strong>de</strong> scouts, jeunes musul<strong>ma</strong>ns entraînés pour les assautsfuturs...Bornons­nous ici à enregistrer les faits qui se sont déroulés le 8<strong>ma</strong>i 1945 dans la cité sétifienne :Le 18 <strong>ma</strong>i, dix jours après, l'administration communiquait à lapresse la note officielle qui suit :« Le 8 <strong>ma</strong>i, un cortège <strong>de</strong> musul<strong>ma</strong>ns <strong>de</strong>vait partir <strong>de</strong> laMosquée <strong>de</strong> la gare, vers 9 h. 15, pour se rendre au monument auxmorts. L'autorisation avait été accordée, sous réserve expresse quela <strong>ma</strong>nifestation n'aurait pas un caractère politique, et que le défilés'effectuerait sans pancartes ou ban<strong>de</strong>roles. Cette promesse ne futpas tenue. Des panneaux portant <strong>de</strong>s inscriptions telles que :Libérez Messali ! Nous voulons être vos égaux ! furent exhibés.Les <strong>ma</strong>nifestants, au nombre <strong>de</strong> 8 à 10.000, déferlèrent dans la rueClemenceau et se heurtèrent à la police, à hauteur <strong>de</strong> l'Hôtel <strong>de</strong>France. Aussitôt <strong>de</strong>s coups <strong>de</strong> feu claquèrent et les passants furentagressés et abattus à coups <strong>de</strong> pistolets, <strong>de</strong> couteaux et <strong>de</strong> bâtons.16UN DRAME ALGERIEN« La police et la gendarmerie réagirent vigoureusement, aidéespar la troupe alertée, dont l'arrivée sur les lieux fut presqueimmédiate.« Les <strong>ma</strong>nifestants, repoussés, continuèrent toutefois à attaquerles Français isolés dans les différents quartiers <strong>de</strong> la ville, etnotamment au <strong>ma</strong>rché, où <strong>de</strong>s émeutiers, qui obéissaient sansdoute à un mot d'ordre, assassinaient tous les passants qu'ilsrencontraient. »« Vers onze heures, l'ordre fut rétabli et la force publiquecommença les opérations <strong>de</strong> nettoyage, effectuant les perquisitionset les arrestations qui s'imposaient.« Nombre <strong>de</strong>s victimes : 22 tués, dont M. Deluca, prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong>la Délégation spéciale <strong>de</strong> Sétif ; Vaillant, ex­prési<strong>de</strong>nt du Tribunalcivil, Raynal, <strong>ma</strong>réchal <strong>de</strong>s logis <strong>de</strong> gendarmerie, 48 blessés. »« A l'appui <strong>de</strong> cette note, précise dans sa sobriété, nouspouvons donner les renseignements suivants qu'a bien voulu nousfaire parvenir un vieux Sétifien, dont l'esprit pondéré et letémoignage ne sauraient être mis en doute.« Depuis quelques se<strong>ma</strong>ines, l'arrogance <strong>de</strong>s indigènes se<strong>ma</strong>nifestait, à Sétif, dans toutes les circonstances. Les scouts « ElAyat » avaient parcouru l'arrondissement, exaltant la fiertémusul<strong>ma</strong>ne. Le préfet (1) avait eu du <strong>ma</strong>l à se faire respecter àAïn­Zada. Mostefaï, lieutenant <strong>de</strong> Ferhat Abbas (2) avait fait <strong>de</strong>sconférences à Périgotville et ailleurs. Abbas lui­même avait(1) Notons ici que l'attitu<strong>de</strong> du préfet, M. Lestra<strong>de</strong>­Carbonnel, a été énergique. Tout lepersonnel <strong>de</strong> la préfecture a fait face à la situation avec beaucoup <strong>de</strong> dévouement. On ne peut en direautant <strong>de</strong> quelques collaborateurs du chef du département, heureusement assez rares.(2) M. Mostefaï, avocat au barreau <strong>de</strong> Sétif, membre du Comité <strong>de</strong>s «Amis du Manifeste et <strong>de</strong>la Liberté » a été condamné en juin 1935, à <strong>de</strong>ux ans <strong>de</strong> prison, pour détention d'armes et munitions<strong>de</strong> guerre. Il a été l'objet <strong>de</strong> nouvelles poursuites pour le rôle joué par lui dans les événements du 8<strong>ma</strong>i. Nous ignorons la suite donnée à ses <strong>de</strong>rnières. Toutes ces accusations ont fondu <strong>de</strong>vantl'amnistie générale venue gracier tous les inculpés. Comme son chef <strong>de</strong> file, Abbas, M. Mostefaï aété élu député à la Constituante 1945.17

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