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Un drame algérien - Alger de ma jeunesse

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UN DRAME ALGERIEN« L'insurrection paraît pourtant imminente à l'intérieur <strong>de</strong> laville. De l'extérieur, nous arrivent <strong>de</strong>s nouvelles alar<strong>ma</strong>ntes : lesattroupements sont nombreux autour <strong>de</strong> la ville, <strong>de</strong>s Français ontété assassinés. Les lignes téléphoniques et les voies ferrées sontcoupées, les routes barrées et les ponts sautés, la guerre sainte estdéclenchée. Le <strong>de</strong>voir <strong>de</strong> chaque Français est clair, il faut lutter.Tous les travailleurs français sont présents à leurs postes <strong>de</strong>combat. Les travailleurs musul<strong>ma</strong>ns, par contre, sont sourds etmuets.« <strong>Un</strong> jour plein d'angoisse s'écoule. Les combats continuentautour <strong>de</strong> la ville avec la même violence. La ville est encerclée.Aucune preuve <strong>de</strong> loyalisme, n'est faite par <strong>de</strong>s syndicalistesmusul<strong>ma</strong>ns. Les arrestations commencent, le milieu syndicalisteest fortement touché par ces mesures ; les cheminots ont la plusgran<strong>de</strong> place, viennent ensuite les services civils <strong>de</strong> la guerre, lesPonts et Chaussées, les ouvriers agricoles ; les chefs <strong>de</strong>l'insurrection sont presque tous <strong>de</strong>s syndicalistes et les plus lettréset évolués <strong>de</strong> ce milieu. Les troupes <strong>de</strong> choc comprennentévi<strong>de</strong>mment les <strong>ma</strong>sses frustes et parmi celles­ci certains membres<strong>de</strong>s différents syndicats. La trahison est totale ou presque.« Le 4e jour <strong>de</strong> l'insurrection, une dizaine <strong>de</strong> syndicalistesviennent se faire inscrire comme loyalistes. Sans commentaire.Cependant, il est à constater que les syndicats du personnel <strong>de</strong>stransports routiers, <strong>de</strong>s employés communaux <strong>de</strong> l'oued Cherf et<strong>de</strong> Guel<strong>ma</strong> ont fait preuve d'un bon état d'esprit, notamment leca<strong>ma</strong>ra<strong>de</strong> Mokhnachi, secrétaire du syndicat <strong>de</strong>s employéscommunaux <strong>de</strong> l'oued Cherf.« Il est a re<strong>ma</strong>rquer également que certains ouvriers agricolesmusul<strong>ma</strong>ns non syndiqués ont sauvé leurs patrons ou se sont jointsà eux pour assurer leur défense. »176UN DRAME ALGERIEN« 3° Après l'insurrection. — Le milieu syndicaliste musul<strong>ma</strong>nreste sur sa position. La guerre n'est pas terminée et l'hostilité estsour<strong>de</strong>. La peur semble <strong>ma</strong>intenant s'être emparée <strong>de</strong> certainséléments trompés par les meneurs <strong>ma</strong>is cette peur n'est pas,comme on serait tenté <strong>de</strong> le supposer, le commencement <strong>de</strong> lasagesse. Les conciliabules par petits groupes continuent, lesinscriptions sur les murs continuent, sur l'urinoir <strong>de</strong> la gareégalement. « Vous pouvez détruire l'Algérie, vous ne détruirez pasl'islamisme » ; croix gammées sur différents murs <strong>de</strong> la ville, etc.« Le problème reste entier. Le nationalisme vit encore. Quesera l'avenir ? Les événements sont encore trop récents pourconclure. Cependant, il est à penser que les musul<strong>ma</strong>ns nousobservent et nous jugent, en ce moment, à nos actes et à la foi quenous avons dans le triomphe <strong>de</strong> l'esprit français dans ce pays. Ilfaut donc que sur tous les terrains et notamment sur celui dusyndicalisme, la vérité, toute la vérité reprenne ses droits afin ques'affirme, dans l'union, un idéal corporatif nouveau débarrassé <strong>de</strong>toute dé<strong>ma</strong>gogie et duquel seront extirpés tous les miasmes <strong>de</strong> laguerre sainte antifrançaise et tous les nationalistes qui, dans l'étatactuel, ont détruit, à Guel<strong>ma</strong> et dans la région, le sens et l'espritmême du syndicalisme. »CONSIDERATIONS GENERALES« L'insurrection sanglante n'a, du point <strong>de</strong> vue syndicalisme,aucun rapport avec la légen<strong>de</strong> d'un complot faciste, et il n'existe,d'autre part, aucune corrélation entre les insurgés et les« <strong>ma</strong>rcheurs <strong>de</strong> la faim » ou les foules conscientes pleines <strong>de</strong> foiqui partaient à la conquête d'un avenir meilleur tant économiqueque politique et social. Les insurgés, armés <strong>de</strong> fusils, <strong>de</strong> haches, <strong>de</strong>serpes et <strong>de</strong> pioches, fanatisés par une longue campagne177

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