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Un drame algérien - Alger de ma jeunesse

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UN DRAME ALGERIENflagrants, l'opinion publique en France. On invoque la faim, l'état<strong>de</strong> misère <strong>de</strong>s révoltés, on dénonce les victimes françaises commeles organisateurs <strong>de</strong> l'émeute : autant <strong>de</strong> contre­vérités impu<strong>de</strong>ntesqui ne trouvent pas <strong>de</strong> démentis suffisants dans la métropole,laquelle, <strong>de</strong> bonne foi, condamne <strong>de</strong>s Français, frappés parce qu'ilsreprésentaient la France dans un pays qui est, géographiquement,politiquement, historiquement, la suprême espérance <strong>de</strong> notrePatrie dans l'avenir.Mensonges impu<strong>de</strong>nts, disons­nous, et nous pouvons apporterau débat qui s'ouvrira <strong>de</strong><strong>ma</strong>in (1), trop tard peut­être, pour la causefrançaise, <strong>de</strong> nombreux documents.En voici un, démonstratif au possible, qui é<strong>ma</strong>ne d'uneassociation apparentée jusqu'à ce jour aux auteurs <strong>de</strong>s traitsprovocateurs appuyant, en France et en Algérie, les menéesantifrançaises.A Guel<strong>ma</strong>, comme dans toutes les villes françaises existent <strong>de</strong>spartis avancés qui, comme tous les partis, comprennent <strong>de</strong>s agitéset <strong>de</strong>s braves gens. Ces partis avancés organisent <strong>de</strong>s syndicats quisont <strong>de</strong>s centres <strong>de</strong> propagan<strong>de</strong> où les indigènes sont admis avecempressement.<strong>Un</strong> bureau d'<strong>Un</strong>ion locale <strong>de</strong> ces partis groupe plusieurssyndicats : les P.T.T., les cheminots, les employés communaux, lepersonnel civil <strong>de</strong> la guerre, tous fervents a<strong>de</strong>ptes <strong>de</strong> la C.G.T. Enprésence <strong>de</strong> la gravité <strong>de</strong>s événements, le bureau a pris part, auxcôtés <strong>de</strong>s autorités constituées, à la défense <strong>de</strong> la ville. Cela lui aété vivement reproché par le Comité général extraordinaire duparti, qui a traité son action d'« activité antisyndicaliste etdangereuse ».L'<strong>Un</strong>ion locale a riposté, et <strong>de</strong> façon <strong>ma</strong>gistrale, par un rapportqui accuse à la fois une hauteur <strong>de</strong> vues et un patriotisme dignesUN DRAME ALGERIENd'être cités en exemple. <strong>Un</strong> tel document a sa place ici. Il doit êtrecité in extenso. Il constitue un procès­verbal <strong>de</strong> constat en mêmetemps qu'une page d'Histoire. En voici le texte, émouvant <strong>de</strong>franchise et <strong>de</strong> simplicité.ANALYSE DES FAITS« 1° Avant l'insurrection. — Depuis quelques mois le milieusyndicaliste musul<strong>ma</strong>n, qui comprenait la <strong>ma</strong>jorité <strong>de</strong>s adhérentsdans tous les syndicats <strong>de</strong> Guel<strong>ma</strong> et sa région, montrait unehostilité très <strong>ma</strong>rquée à l'égard <strong>de</strong>s éléments européens dusyndicalisme. La plus petite revendication, l'inci<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> travail leplus insignifiant étaient grossis et déformés intentionnellement parles musul<strong>ma</strong>ns, dans un but <strong>de</strong> propagan<strong>de</strong> antifrançaise d'abord etsurtout pour en arriver à déconsidérer les responsables ou lesmembres européens <strong>de</strong>s différents syndicats. La dé<strong>ma</strong>gogie la plusgrossière et la surenchère se donnaient libre cours et ellessemblaient nettement être la conséquence <strong>de</strong> directives reçues <strong>de</strong>milieux nationalistes. Certains musul<strong>ma</strong>ns qui étaient jusque làrestés fidèles à la cause française adoptèrent même une attitu<strong>de</strong>suspecte qui dénotait la naissance d'un courant profond, d'unevéritable folie collective, qui allaient tout emporter. Dans les<strong>de</strong>rniers jours qui précédèrent les événements, l'arrogance était àson comble et les provocations se succédaient sans cesse ; la lutteétait ouvertement engagée. Sur certains visages on lisait une haineféroce qui allait pouvoir s'assouvir, tandis que d'autres affichaientun sourire entendu qui présageait une explosion très proche : « Çava changer », tel était le slogan en vogue. La conclusion quetiraient les Européens, en général, <strong>de</strong> cette situation et <strong>de</strong> cet étatd'esprit était que les musul<strong>ma</strong>ns comme les Européens attendaient,(1) Ces lignes ont été écrites en décembre 1945,172173

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