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Un drame algérien - Alger de ma jeunesse

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UN DRAME ALGERIENl'hostilité <strong>de</strong>s indigènes vis­à­vis <strong>de</strong>s Français et qu'ont eu lieu lesdéfilés <strong>de</strong>s scouts.***Telle était la situation à El­Milia, lorsque se présentèrent lesévénements <strong>de</strong> Sétif et <strong>de</strong> sa banlieue. Le territoire <strong>de</strong> la communed'El­Milia présentait environ 300 Français, éparpillés, noyés dansune <strong>ma</strong>sse <strong>de</strong> 80.000 indigènes. Dès le 9 <strong>ma</strong>i, <strong>de</strong>s nouvellesalar<strong>ma</strong>ntes arrivaient, alertant l'autorité locale. Il fallait aviserd'urgence. Les responsabilités furent rapi<strong>de</strong>ment prises parl'Administrateur, M. Sultana, d'une part, et le chef <strong>de</strong> lagendarmerie, l'adjudant Fortassin, un bon Français, qui s'étaitabsenté quelque temps, pour participer au débarquement enFrance, puis à la reprise <strong>de</strong> Paris sur les Alle<strong>ma</strong>nds. Ce passérécent était, pour tous, une garantie <strong>de</strong>s qualités d'énergie que l'onétait en droit d'attendre du chef <strong>de</strong> la briga<strong>de</strong>.L'Administrateur se chargea lui­même d'aller porter <strong>de</strong>s armeset <strong>de</strong>s instructions aux Français isolés <strong>de</strong> sa commune, notammentdans les villages. La gendarmerie s'occupa, avec quelquesSénégalais, <strong>de</strong> nettoyer le chef­lieu <strong>de</strong> tout élément suspect (1).On sut bientôt que l'émeute <strong>de</strong>vait éclater à El Milia le 11 <strong>ma</strong>i,après la prière du vendredi, vers 14 heures. On était prêt à larecevoir. Les <strong>de</strong>ux partis s'observaient, quand, à 16 heures, arrivaitle renfort d'un tabor <strong>ma</strong>rocain. Le 12 <strong>ma</strong>i, <strong>de</strong>s arrestations avaientlieu. Peu, du reste, l'affaire ayant échoué (2).(1) Par précaution, tontes les familles françaises habitant El Milia, Catinat, Arago, les fermesisolées, les <strong>ma</strong>isons forestières, ont été reçues à la caserne, où se trouvaient quelques Sénégalaissous le com<strong>ma</strong>n<strong>de</strong>ment d'un sous­officier. Ces familles ont couché à la caserne les samedi etdi<strong>ma</strong>nche (12 et 13 <strong>ma</strong>i).(2) L'émeute <strong>de</strong> <strong>ma</strong>i 1945 a­t­elle échoué en réalité ? On prête à un notable <strong>de</strong> la commune d'ElMilia cette réponse à l'un <strong>de</strong> ses coreligionnaires, qui considérait l'œuvre entreprise comme unefaute aux conséquences graves pour l'avenir : "Tu te trompes, cela a déjà un gros succès. Car lesFrançais n'ont plus qu'un objectif, quitter l'Algérie au plus tôt !.., "160UN DRAME ALGERIENC'est le 12 <strong>ma</strong>i que M. Laugier, inspecteur <strong>de</strong>s Eaux et Forêts,se lançait d'El­Milia en compagnie <strong>de</strong> gar<strong>de</strong>s, sur la routeforestière <strong>de</strong> Tamendjar, M'Cid, Béni F'tah, pour porter secours àtrois gar<strong>de</strong>s forestiers, menacés par <strong>de</strong>s ban<strong>de</strong>s armées arrivant <strong>de</strong>smontagnes.Les sauveteurs se trouvèrent, à un tournant du chemin, en présenced'un barrage, formé par un chêne énorme, abattu sur la chaussée, etdéfendu par <strong>de</strong> nombreux indigènes armés <strong>de</strong> fusils. Le combat seprésentait comme trop inégal. Les Français durent se retirer.A leur retour, ils apprenaient que les agents menacés s'étaient,heureusement, repliés avec leurs familles, par <strong>de</strong>s sentiersforestiers, à El­Hanseur, petite station située à 15 kilomètres d'El­Milia. Ils étaient sauvés...Le 13 <strong>ma</strong>i, la situation était éclaircie ; les <strong>ma</strong>sses mobiliséespour l'émeute rentraient dans les méchtas. Le calme régnait, avecl'inquiétu<strong>de</strong> d'un renouveau toujours possible.Les indigènes inculpés <strong>de</strong> construction <strong>de</strong> barrica<strong>de</strong>s, il y avaiteu plusieurs barrages sur la route conduisant chez les gar<strong>de</strong>sforestiers, ont été arrêtés, <strong>de</strong>puis, au nombre <strong>de</strong> 22, et condamnés à<strong>de</strong>s peines <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux, trois et cinq ans <strong>de</strong> prison. M. Taïeb, avocat,orateur <strong>de</strong> la Mé<strong>de</strong>rsa, arrêté également et condamné à 2 ans <strong>de</strong>prison, a bientôt été gracié. Son retour à El­Milia a été l'occasiond'une réception triomphale, <strong>de</strong> la part <strong>de</strong>s indigènes, qui l'ont élu,le 21 octobre 1945, Conseiller général, à l'unanimité.***Nous avons tenu à citer l'organisation constatée à El­Milia,comme un exemple <strong>de</strong> ce qui s'est passé, visiblement, en <strong>ma</strong>intsendroits, sur le territoire <strong>algérien</strong>. <strong>Un</strong> programme très précis, très161

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