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Un drame algérien - Alger de ma jeunesse

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UN DRAME ALGERIENLE DRAME DE SETIFC'est à Sétif qu'a jailli la première étincelle qui amis le feu à lapetite Kabylie, en <strong>ma</strong>i 1945.Sétif, <strong>de</strong>venue un centre commercial important, collectant lesgrosses productions d'une région où les colons, <strong>de</strong>puis <strong>de</strong>nombreuses années, ont appliqué les formules scientifiques <strong>de</strong> laculture <strong>de</strong>s céréales, était administrée par un <strong>ma</strong>ire débonnaire etconciliant estimé <strong>de</strong> tous : M. Deluca, avoué, nommé, <strong>de</strong>puisquelques mois, Prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> la Délégation provisoire.M. Deluca succédait à un <strong>ma</strong>ire élu, le Dr Masselot,Administrateur pondéré et équitable, jouissant également <strong>de</strong> lasympathie générale. On peut donc dire que les municipalitéssétifiennes ne donnaient aucune excuse au mécontentement <strong>de</strong>sindigènes.Mais Sétif était un centre d'agitation antifrançaise, où <strong>de</strong>sinci<strong>de</strong>nts nombreux s'affir<strong>ma</strong>ient comme tendancieux et visantdirectement l'autorité française.14UN DRAME ALGERIENDéjà, cette cité avait été le théâtre d'un <strong>drame</strong> évocateur d'unétat d'esprit particulier.<strong>Un</strong>e émeute à caractère militaire avait, été esquissée le 1erfévrier 1935. Il s'en était fallu <strong>de</strong> peu que l'affaire prît uneimportance <strong>de</strong>s plus grave. On lui avait donné une couleurantijuive, ce qui n'a pas été démontré, cette traduction pouvantcependant s'expliquer par les troubles qui, le 5 août 1934, avaientensanglanté les rues <strong>de</strong> Constantine et dont les détails horrifiantssont encore présents à la mémoire <strong>de</strong> tous les Algériens.Malgré les démentis officiels, il est établi que les inci<strong>de</strong>nts <strong>de</strong>février 1935, à Sétif, ont eu pour acteurs principaux <strong>de</strong>s soldatsindigènes, précipitamment sortis <strong>de</strong> la caserne pour venger lesca<strong>ma</strong>ra<strong>de</strong>s engagés dans une querelle <strong>de</strong> <strong>ma</strong>ison close. Il y eut <strong>de</strong>smorts : un militaire et un agent <strong>de</strong> police français, M. Colas, tombéau cours <strong>de</strong> l'assaut forcené d'un poste <strong>de</strong> police. Des civils venantrenforcer le groupe <strong>de</strong> perturbateurs, l'émeute gagna la ville et <strong>de</strong>spillages <strong>de</strong> <strong>ma</strong>gasins se sont produits. Il fallut une interventionénergique pour mettre fin à la <strong>ma</strong>nifestation.Ces événements n'avaient pas <strong>ma</strong>nqué d'avoir une répercussiondans tout le département — notamment à Canrobert, Aïn­Beïda,Guel<strong>ma</strong>. <strong>Un</strong> rapport officiel donne ces conclusions précises : « Iln'est pas exagéré <strong>de</strong> dire qu'à cette heure, l'autorité française estméconnue. Partout, dans les villes comme dans les campagnes, lesindigènes sont exaltés au point d'être convaincus qu'ils constituentune force, avec laquelle nous <strong>de</strong>vons désor<strong>ma</strong>is compter. L'ordrepublic est à la merci du moindre inci<strong>de</strong>nt ou d'un faux bruitquelconque. Il est juste temps <strong>de</strong> réagir si l'on ne veut pas que lasituation, grave aujourd'hui, <strong>de</strong>vienne sans issue <strong>de</strong><strong>ma</strong>in. »1935... on n'a pas réagi. Et les événements <strong>de</strong> 1939­44 n'étaientpas faits pour décourager les fauteurs <strong>de</strong> troubles.15

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