Un drame algérien - Alger de ma jeunesse

Un drame algérien - Alger de ma jeunesse Un drame algérien - Alger de ma jeunesse

10.07.2015 Views

UN DRAME ALGERIENEt grâce à une propagande couverte par la censure officielle,l'opinion publique, en France, était — et reste encore —audacieusement trompée, abusée sur la situation et l'attitude desFrançais d'Algérie — fonctionnaires, commerçants et colons.Le résultat de cette politique — que l'état de guerre ne sauraitexpliquer, mais qu'il empêchait de critiquer ouvertement, car lacensure à sens unique était impitoyable — a abouti aux journéessanglantes des 8 et 9 mai 1945, où plus de cent Français furentmassacrés dans des conditions horribles, rappelant, dans unraccourci effrayant, le grand drame des circoncellions, dont lesmêmes campagnes furent témoins, à quatorze siècles de distance...Le drame est passé, comme passent tous les événements, mêmeles, plus douloureux, pour les sociétés humaines.Chose triste à dire : le danger n'est pas écarté pour la France etses représentants, en Afrique du Nord. Il persiste et il s'aggrave.On semble refuser de s'inspirer des enseignements del'expérience vécue si tragiquement. On fait pis encore : on cache lavérité. On fausse l'Histoire, dans un sentiment que la raison etl'équité se refusent à expliquer. On jette un voile sur des faits dontil faudrait tirer des conclusions logiques, exemptes de passion,mais fermes, afin d'en éviter le retour.On gracie les coupables, condamnés régulièrement par destribunaux. On renvoie dans le bled ces éléments nocifs etperturbateurs qui, forts de l'impunité inattendue dont ils viennentd'être l'objet, et qu'ils attribuent à de la faiblesse (pour ne pasemployer un autre mot), deviennent plus arrogants, plus agressifs,plus menaçants.10UN DRAME ALGERIENOn voudrait préparer des lendemains rendant inéluctablel'évacuation totale des Français de l'Afrique du Nord que l'onn'agirait pas autrement.Les Français d'Algérie, qui avaient quelque droit des'enorgueillir de l'œuvre accomplie par eux et surtout par leursascendants — dont les tombes garnissent les cimetières du bledafricain — vont­ils être acculés à cette extrémité ?Certains, déjà, songent à cette solution, combattue parbeaucoup.Leur laissera­t­on le droit de se défendre auprès de leurs frèresde France, odieusement trompés sur la situation exacte existant ausud de la Méditerranée ? Leur permettra­t­on de soulignerl'injustice criante que l'on commet à leur égard et qui risque — encompromettant gravement la situation de notre pays sur la plateforme,désormais historique, qui a sauvé la civilisation dans leduel gigantesque qui vient de prendre fin — de diminuer à jamaisla position de notre nation dans le concert européen ?Trop de mensonges effrontés ont été répandus. Un malentendugrave, doit disparaître.Comment ?En disant la vérité, la vérité simple, la vérité vraie.Or, la vérité est toute à l'honneur des Français de l'Afrique duNord, dans le drame de mai 1945, dont on cherche à détruire lesarchives.Elle montre des faits d'évidence que l'on doit mettre en pleinelumière, dans un souci de justice impartiale.Le premier de ces faits est que, partout où les Français isolésont eu quelques instants, si courts soient­ils, pour organiser leur,défense, ils l'ont fait avec une crânerie, un courage et unepersévérance qui font honneur à notre race.11

UN DRAME ALGERIENLa deuxième des constations est que, malgré la propagandenocive, ouvertement déclenchée dans les milieux autochtones,malgré les menaces qui ne leur ont pas été épargnées (et quicontinuent à s'exercer), des indigènes sont restés fidèles auxamitiés françaises.La troisième est que l'armée a sauvé la situation, malgré lesfaibles moyens dont elle disposait. Tout l'honneur en revient à seschefs, aux officiers, sous­officiers et soldats qui, résolument,parfois isolément, se sont jetés, sans souci du danger, en rasecampagne, au milieu de milliers d'insurgés, qu'ils ont mis en fuite,arrêtant ainsi le plus atroce des carnages. Parmi ces soldats, ceshéros, étaient des indigènes. Certains ont payé leur dévouement deleur vie.Ces exceptions doivent être constatées, soulignées dans unsentiment d'équité, dont nous ne devons jamais nous départir,même dans les plus graves des conjonctures.Nous employons ce mot « exceptions » par comparaison avec lamasse des émeutiers, réunis en maints endroits, sur un simple motd'ordre, et donnant l'impression d'une unanimité totale dansl'attitude des révoltés.Cet entraînement du milieu a reçu, chose inouïe, lacollaboration spontanée, les directives, pouvons­nous dire, defonctionnaires indigènes locaux qui, grâce à nous, avaient étéélevés aux grades sociaux les plus enviables, beaucoup à la dignitéde citoyens français, certains même ayant pénétré notre civilisationau point d'épouser des femmes françaises.Nos observations seraient incomplètes si nous ne rendionshommage aux nombreux fonctionnaires français qui, sentinellesavancées de notre civilisation, dans le bled algérien, ont suvaillamment faire face à leur devoir, en courant les plus grandspérils, aux côtés des colons.12UN DRAME ALGERIENIl y a eu quelques défaillances regrettables, heureusement trèsrares, de personnalités administratives. Constatons le fait,simplement pour mémoire. Il ne fait que souligner davantage labelle attitude prise par la presque unanimité de ceux qui, ayant laresponsabilité du pouvoir et de l'ordre, à l'intérieur et dans lesvilles menacées, ont su rester dignes des fonctions dont ils étaientinvestis.Ces constatations faites, entrons dans le vif du récit desévénements qui ont marqué les journées tragiques de mai 1945, enAlgérie, en élaguant, de parti­pris, tout détail douteux ou qui nenous serait pas confirmé par des témoins dignes de foi.13

UN DRAME ALGERIENLa <strong>de</strong>uxième <strong>de</strong>s constations est que, <strong>ma</strong>lgré la propagan<strong>de</strong>nocive, ouvertement déclenchée dans les milieux autochtones,<strong>ma</strong>lgré les menaces qui ne leur ont pas été épargnées (et quicontinuent à s'exercer), <strong>de</strong>s indigènes sont restés fidèles auxamitiés françaises.La troisième est que l'armée a sauvé la situation, <strong>ma</strong>lgré lesfaibles moyens dont elle disposait. Tout l'honneur en revient à seschefs, aux officiers, sous­officiers et soldats qui, résolument,parfois isolément, se sont jetés, sans souci du danger, en rasecampagne, au milieu <strong>de</strong> milliers d'insurgés, qu'ils ont mis en fuite,arrêtant ainsi le plus atroce <strong>de</strong>s carnages. Parmi ces soldats, ceshéros, étaient <strong>de</strong>s indigènes. Certains ont payé leur dévouement <strong>de</strong>leur vie.Ces exceptions doivent être constatées, soulignées dans unsentiment d'équité, dont nous ne <strong>de</strong>vons ja<strong>ma</strong>is nous départir,même dans les plus graves <strong>de</strong>s conjonctures.Nous employons ce mot « exceptions » par comparaison avec la<strong>ma</strong>sse <strong>de</strong>s émeutiers, réunis en <strong>ma</strong>ints endroits, sur un simple motd'ordre, et donnant l'impression d'une unanimité totale dansl'attitu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s révoltés.Cet entraînement du milieu a reçu, chose inouïe, lacollaboration spontanée, les directives, pouvons­nous dire, <strong>de</strong>fonctionnaires indigènes locaux qui, grâce à nous, avaient étéélevés aux gra<strong>de</strong>s sociaux les plus enviables, beaucoup à la dignité<strong>de</strong> citoyens français, certains même ayant pénétré notre civilisationau point d'épouser <strong>de</strong>s femmes françaises.Nos observations seraient incomplètes si nous ne rendionshom<strong>ma</strong>ge aux nombreux fonctionnaires français qui, sentinellesavancées <strong>de</strong> notre civilisation, dans le bled <strong>algérien</strong>, ont suvaillamment faire face à leur <strong>de</strong>voir, en courant les plus grandspérils, aux côtés <strong>de</strong>s colons.12UN DRAME ALGERIENIl y a eu quelques défaillances regrettables, heureusement trèsrares, <strong>de</strong> personnalités administratives. Constatons le fait,simplement pour mémoire. Il ne fait que souligner davantage labelle attitu<strong>de</strong> prise par la presque unanimité <strong>de</strong> ceux qui, ayant laresponsabilité du pouvoir et <strong>de</strong> l'ordre, à l'intérieur et dans lesvilles menacées, ont su rester dignes <strong>de</strong>s fonctions dont ils étaientinvestis.Ces constatations faites, entrons dans le vif du récit <strong>de</strong>sévénements qui ont <strong>ma</strong>rqué les journées tragiques <strong>de</strong> <strong>ma</strong>i 1945, enAlgérie, en élaguant, <strong>de</strong> parti­pris, tout détail douteux ou qui nenous serait pas confirmé par <strong>de</strong>s témoins dignes <strong>de</strong> foi.13

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