UN DRAME ALGERIENcependant, établi <strong>de</strong> nombreuses responsabilités.On s'est étonné que le fil reliant la poste du cheflieu <strong>de</strong> lacommune à Constantine n'ait pas été coupé par les rebelles.L'enquête, commencée le len<strong>de</strong><strong>ma</strong>in, a révélé que l'ai<strong>de</strong>téléphoniste <strong>de</strong> M. Marchetti se trouvait parmi les émeutiers, avecmission, dès que les trois Français auraient été tués, d'appeler laPréfecture et <strong>de</strong> signaler l'inutilité d'envoyer <strong>de</strong>s renforts, le calmecomplet étant revenu dans la région. Cela aurait donné du tempspour exterminer les 102 Français réfugiés au bordj administratif.Et ceci souligne l'organisation qui a présidé à l'attaque duvillage et que d'autres faits viennent encore établir :Les défenseurs du bordj ont entendu nettement lescom<strong>ma</strong>n<strong>de</strong>ments faits, la nuit, aux assaillants, en langue arabe, parexemple : « Le douar Zarza ! à votre tour !... Avancez et tirez !... »Vers onze heures et <strong>de</strong>mie, le bordj a reçu un coup <strong>de</strong> téléphoned'une <strong>ma</strong>ison évacuée du village — où, par conséquent — <strong>de</strong>sémeutiers avaient pénétré : « Sortez vite !... On va attaquer les<strong>ma</strong>gasins <strong>de</strong> la S.I.P. et enlever le blé ! » Simple subterfuge pourexposer les défenseurs du bordj au feu <strong>de</strong>s tireurs dispersés dansles jardins.Les faits dont rémunération précè<strong>de</strong>, et qui ne peuvent être niés,sont donnés simplement pour fixer <strong>de</strong>s points d'Histoire et affirmerle caractère local <strong>de</strong> l'émeute. D'autres faits sont passés soussilence, afin d'éviter <strong>de</strong>s polémiques, toujours fâcheuses enprésence d'un problème qui met en cause l'avenir même <strong>de</strong> laFrance en Afrique du Nord.***Ajoutons les détails suivants au récit qui précè<strong>de</strong> : A 300mètres du village, sur la route <strong>de</strong> Constantine, du côté opposé à126UN DRAME ALGERIENl'arrivée <strong>de</strong>s émeutiers, se trouve l'hôpital <strong>de</strong> Béhagle, où habiteMme Albertini, infirmière visiteuse. On a oublié, au bordj, <strong>de</strong>prévenir cette Française. En effectuant la visite <strong>de</strong> 8 heures du soir,Mme Albertini trouve les salles en émoi. La famille <strong>de</strong> l'infirmier,qui est luimême en traitement à Constantine, se sauveprécipitamment en lui signalant le danger : « Les émeutiers sontdans le village ! » Des <strong>ma</strong>la<strong>de</strong>s se préparent à fuir. Elle retient lesfemmes et pour leur inspirer confiance, elle continue à leur donnerses soins. Au milieu <strong>de</strong> la nuit, elle sort <strong>de</strong> l'établissement pour serendre compte <strong>de</strong> ce qui se passe. Elle perçoit <strong>de</strong>s coups <strong>de</strong> feu.Elle voit <strong>de</strong> la lumière sur le village, au<strong>de</strong>ssus <strong>de</strong>s arbres. Elleentend causer tout près d'elle. Faisant bonne contenance, elle dit :« Bonsoir ! », on lui répond, en français : « Aujourd'hui il n'y aplus <strong>de</strong> bonsoir ! » Elle n'insiste pas. Elle rentre dans les salles,prépare du lait, <strong>de</strong>s tisanes. Le jour arrive. Le village est libéré.Elle est sauvée, sans aucun doute, grâce à sa présence d'esprit.***A cinq kilomètres <strong>de</strong> Fedj M'Zala, dans les contrefortsmontagneux <strong>de</strong> la plaine du Ferdjioua, à l'ouest du village, setrouve une exploitation minière dirigée par un ingénieur, M.Gervais. Le chef <strong>de</strong> chantier, Cossu, est au village avec sa femme.Mis au courant <strong>de</strong>s bruits qui circulent, avant la nuit, le ménage sehâte <strong>de</strong> rejoindre la mine, où le directeur ignore ce qui se passe etse trouve seul. Cossu traverse <strong>de</strong>s groupes d'émeutiers, sansinci<strong>de</strong>nts. Il re<strong>ma</strong>rque qu'on plusieurs endroits la lignetéléphonique a été coupée. On a isolé l'exploitation du bureau <strong>de</strong>poste. C'est là un avertissement grave.M. Gervais prévenu, les trois personnes se barrica<strong>de</strong>nt dans la127
UN DRAME ALGERIEN<strong>ma</strong>ison du directeur, attendant les événements. Elles n'ont pasd'armes, ces <strong>de</strong>rnières ont été réquisitionnées, <strong>de</strong>puis <strong>de</strong>ux ans, parl'administration. La nuit se passe. Le jour arrive. Avec la troupe, lasécurité est revenue.***On peut conclure : les émeutiers agissaient avec métho<strong>de</strong>. Ils sesont acharnés après les défenseurs <strong>de</strong> la poste. Ceuxci mis hors <strong>de</strong>cause, l'assaut du bordj aurait eu lieu. La mine, l'hôpital auraienteu leur tour, puis les villages vers Constantine.***Ajoutons que la conduite du gendarme Bechouche Charles areçu sa légitime récompense <strong>de</strong> la part <strong>de</strong> l'autorité militaire. M. legénéral Henry Martin, com<strong>ma</strong>ndant les troupes <strong>de</strong> l'Afrique duNord, a, tenu à apporter luimême au vaillant soldat, muté dans ledépartement d'<strong>Alger</strong>, la médaille militaire pour son héroïqueconduite. La population française <strong>de</strong> Fedj M'Zala a applaudi à cetacte <strong>de</strong> justice et a exprimé sa vive reconnaissance au général.M. Bechouche Charles est fils <strong>de</strong> naturalisé. Il a vécu en Franceet a épousé une Lorraine. Il n'est pas un Français adapté. C'est unFrançais total, qui élève ses <strong>de</strong>ux enfants dans le culte <strong>de</strong> notrePatrie. Nous sommes heureux <strong>de</strong> lui rendre cet hom<strong>ma</strong>ge.***Nous avons dit que 4 centres <strong>de</strong> colonisation dépen<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> lacommune mixte <strong>de</strong> Fedj M'Zala : Richelieu à 20 kilomètres,Tiberguent à 10 kilomètres, Rouached 12 kilomètres, Lucet,128UN DRAME ALGERIEN5 kilomètres, dans la direction est, vers Mila et Constantine.Richelieu n'a pas été inquiété, pas plus que Tiberguent.Cependant <strong>de</strong>s arrestations avaient eu lieu à Richelieu pour propostenus contre la France, par 4 indigènes, condamnés <strong>de</strong>puis par leTribunal militaire, et relâchés par l'autorité civile.Lucet a été alerté par le juge <strong>de</strong> paix <strong>de</strong> Fedj M'Zala, à 6 heuresdu soir le 9 <strong>ma</strong>i. Les Français du village se sont aussitôt groupés etse sont réfugiés dans le fortin dit bordjécole. M. EdmondPatonnier a pris la direction <strong>de</strong> la défense. Les colons avaient19 fusils, y compris <strong>de</strong>s fusils réformés obtenus à Fedj M'Zala.La poste du centre, toute proche du fortin, a pu <strong>ma</strong>intenir,jusqu'à 3 heures du <strong>ma</strong>tin, la communication vers le cheflieu <strong>de</strong> lacommune. A cette heure on ne répondait plus aux appelstéléphoniques et l'on mettait, dans l'inquiétu<strong>de</strong> grandissante, leschoses au pire.A 6 heures, au petit jour, les colons sont sortis du bordj pourvérifier les écuries. Tous les khamès <strong>de</strong> gar<strong>de</strong> étaient partis.D'habitu<strong>de</strong> ils couchaient au village. Vers les champs, on entendaitles petits bergers lançant <strong>de</strong>s appels et criant : « Ouh ! ouh ! »Pendant neuf jours les replis, pour la nuit, ont eu lieu au bordjécole.A Rouached, centre situé dans la montagne, à 6 kilomètres aunord <strong>de</strong> la route allant vers Constantine, la population n'avait pasété prévenue du danger. Ce n'est que vers 3 heures du <strong>ma</strong>tin queM. Gros, adjoint spécial, apprend ce qui se passe à Fedj M'Zala, ilalerte les colons. Chacun prépare ses armes et reste chez soi,attendant le jour.Le <strong>ma</strong>tin, <strong>de</strong>s khamès disent qu'ils ont reçu la visited'émissaires. Tout près <strong>de</strong>s <strong>ma</strong>isons, dans les ravins, <strong>de</strong> fortsgroupements d'émeutiers se sont réunis, prêts à l'action, attendantun signal, qui <strong>de</strong>vait venir <strong>de</strong> Fedj par un feu annonçant que les129
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