UN DRAME ALGERIENLe 12 <strong>ma</strong>i au <strong>ma</strong>tin, une patrouille dirigée par MM. Lagaly etAubertier, capitaine et lieutenant <strong>de</strong> réserve, va recueillir les restesdu fusilier <strong>ma</strong>rin Hamond, trouvés dans le car.M. Hosteins et le lieutenant Ottaviani essaient vainementd'atteindre les corps <strong>de</strong> Mme Lambert et <strong>de</strong> son <strong>ma</strong>ri, gar<strong>de</strong>forestier. Ils rentrent à 19 heures, n'ayant pu remplir leur mission.A 15 h. 30, le corps <strong>de</strong> M. Piras est inhumé dans la plaine, prèsd'Aokas. <strong>Un</strong>e cérémonie touchante a lieu à cette occasion.A 18 heures, un inci<strong>de</strong>nt attriste la colonie : le conducteureuropéen <strong>de</strong> la camionnette <strong>de</strong>s P.T.T., donne <strong>de</strong>s signes <strong>de</strong>dérangement cérébral. Il se sauve dans la campagne.A 23 heures, M. Saurel, receveur <strong>de</strong>s P.T.T. semble égalementatteint mentalement. On le <strong>ma</strong>îtrise et on le soigne a l'hôpital.La nuit se termine sans autres inci<strong>de</strong>nts. Les <strong>de</strong>ux <strong>de</strong>rniers sontsignificatifs <strong>de</strong> l'ébranlement nerveux provoqué chez certains parles événements qui se déroulent avec rapidité et dont le récit nepeut donner qu'une idée superficielle.Disons tout <strong>de</strong> suite que le receveur <strong>de</strong>s P.T.T. a reprisrapi<strong>de</strong>ment son équilibre et que le chauffeur européen a étéretrouvé, vingtquatre heures après sa fugue, à proximité <strong>de</strong>l'agglomération d'Aokas. Il était sain et sauf, heureusement, etavait été simplement un peu désaxé par l'ambiance et une extrêmefatigue.L'aube du 13 <strong>ma</strong>i fait entrer les assiégés dans le cinquième jour<strong>de</strong> leur résistance.Les patrouilles ont permis <strong>de</strong>s visites rapi<strong>de</strong>s aux fermes lesplus proches, afin <strong>de</strong> renouveler les provisions <strong>de</strong> bouchenécessaires aux 400 personnes dont il fallait assurer la subsistance.De ce côté, grâce aux détachements envoyés en reconnaissance, lesassiégés n'ont pas eu trop à souffrir.UN DRAME ALGERIENLe 13 <strong>ma</strong>i, jour dominical, l'activité <strong>de</strong>s défenseurs continue às'exercer. Dès le <strong>ma</strong>tin, M. Hosteins. accompagné d'un groupe <strong>de</strong>fusiliers <strong>ma</strong>rins, avec leur chef M. Schnei<strong>de</strong>r, arrive à joindre lescadavres <strong>de</strong> Mme et M. Lambert, qui sont inhumés sur place. <strong>Un</strong>eenquête est commencée ( 1 ).A 10 heures, à Aokas, le père Moussion, <strong>de</strong>s Pères blancs, ditune messe en plein air, <strong>de</strong>vant le catafalque contenant les restes dufusilier Hamond.Dans la soirée, on constate que les émeutiers se dispersent. Lescolons peuvent aller visiter leurs fermes, <strong>ma</strong>is reviennent au bordj,pour passer la nuit, qui est calme.Le lundi <strong>ma</strong>tin, 14 <strong>ma</strong>i, nouvelles visites <strong>de</strong>s <strong>ma</strong>isons isolées et<strong>de</strong>s fermes.Le 16 <strong>ma</strong>i, tous les Français réintègrent leurs domiciles. Aokasest sauvé...Les dévouements ont été nombreux. Civils et militaires ontrivalisé <strong>de</strong> zèle. On n'ose citer <strong>de</strong>s noms, <strong>de</strong> peur <strong>de</strong> commettre <strong>de</strong>somissions, c'estàdire <strong>de</strong>s injustices.La commune mixte d'Oued Mars a donné un bel exempled'union française et <strong>de</strong> courage collectif en présence du gravedanger dont elle a été menacée, cinq jours durant.L'attaque dont le bordj administratif a été l'objet s'estpoursuivie avec ténacité pendant quatre jours. Il a fallu le cran <strong>de</strong>sdéfenseurs, leur activité <strong>de</strong> jour et <strong>de</strong> nuit, pour que, secondés parles secours envoyés <strong>de</strong> Bougie et d'ailleurs, grâce à l'Armée qui est(1) Notons ici que le 22 décembre 1945, le Tribunal militaire <strong>de</strong> Constantine a prononcé cinqcondamnations à mort : Ha<strong>ma</strong>ni Mohamed, Ha<strong>ma</strong>ni Aïssa, Khamli Mohand, Amraoui Ali etAllouache Mohand. Les exécutions n'ont pas eu lieu, nous affirmeton. Soixantecinq inculpés ontcomparu — parmi lesquels, avec les assassins <strong>de</strong> Mme et M. Lambert, se trouvaient les agresseursdu car Deschanel.— Cinquantesix émeutiers se sont vus infliger <strong>de</strong>s peines variant <strong>de</strong>s travauxforcés à perpétuité à un an <strong>de</strong> prison avec sursis. Quatre ont été acquittés.110111
UN DRAME ALGERIENintervenue avec rapidité et énergie, grâce à la Marine et à l'activité<strong>de</strong> M. Byr, souspréfet, ils aient pu échapper à un <strong>ma</strong>ssacregénéral.Cap Aokas a été le <strong>de</strong>rnier et définitif barrage opposé au flot<strong>de</strong>s agresseurs, qui composaient — quelques rares unités mises àpart, et que nous sommes heureux <strong>de</strong> signaler — l'unanimité <strong>de</strong> lapopulation indigène surexcitée par l'action <strong>de</strong>s Oulé<strong>ma</strong>s, du P.P.A.et <strong>de</strong>s « Amis du Manifeste », <strong>de</strong> Sétif à Bougie en passant parKerrata.La durée du conflit, qui a mis aux prises les Kabyles <strong>de</strong> l'est <strong>de</strong>Bougie et les quelques Français isolés parmi eux, donne la note <strong>de</strong>l'acharnement <strong>de</strong>s agresseurs et du danger <strong>de</strong>s formules optimistespar lesquelles on essaie <strong>de</strong> tromper l'opinion publique dans laMétropole.* * *Ainsi que nous l'avons vu, le petit centre <strong>de</strong> Zia<strong>ma</strong>Mansouria aeu sa part <strong>de</strong> danger et d'inquiétu<strong>de</strong>s. On peut dire que c'est grâce àla belle attitu<strong>de</strong> et aux initiatives heureuses <strong>de</strong> son Adjoint spécial,M. Clanet, que sa population française est sortie in<strong>de</strong>mne <strong>de</strong>l'épreuve.M. Clanet et la briga<strong>de</strong> <strong>de</strong> gendarmerie ont été prévenus, le<strong>ma</strong>rdi 8 <strong>ma</strong>i, à 23 heures, que <strong>de</strong> graves événements se préparaientdans la région <strong>de</strong> Kerrata.Le mercredi 9 <strong>ma</strong>i, au <strong>ma</strong>tin, M. Clanet s'est rendu à Aokas etest revenu avec 20 fusils et 1.420 cartouches. Ces armes ont étédistribuées par lui dans l'aprèsmidi et un service <strong>de</strong> surveillanceorganisé. M. Clanet a convoqué <strong>de</strong>s notables indigènes, les a misau courant <strong>de</strong> la situation et leur a <strong>de</strong><strong>ma</strong>ndé d'assurer l'ordre dansle village. Ils ont accepté. Des patrouilles, armées <strong>de</strong> fusils, ont fait<strong>de</strong>s ron<strong>de</strong>s toute la nuit.112UN DRAME ALGERIENVers 23 heures, la patrouille, composée <strong>de</strong> MM Delgado etGabrielli et du gar<strong>de</strong> champêtre Moussaceb, a mis en fuite unedizaine d'individus qui étaient cachés dans une excavation, àproximité du pont <strong>de</strong> l'oued Kemhoum (près du cimetière, à unkilomètre du village). Toute la nuit, M. Clanet et un gendarme sontrestés au téléphone, prêts à faire face à toute éventualité.Le jeudi 10 <strong>ma</strong>i, les communications téléphoniques ayant étécoupées sur <strong>de</strong>ux circuits, avec Bougie, une surveillance plusétroite, <strong>de</strong> jour et <strong>de</strong> nuit, a dû être organisée.Le vendredi 11 <strong>ma</strong>i, M. Clanet téléphone, par Djidjelli, à laPréfecture pour avoir du renfort, car on vient d'apprendre que <strong>de</strong>sban<strong>de</strong>s armées se rapprochent et qu'aux Falaises, M. Piras a été tuéet sa femme grièvement blessée.Les femmes et les enfants <strong>de</strong> Mansouria sont rassemblés dansla <strong>ma</strong>ison cantonnière. <strong>Un</strong>e chenillette, partie <strong>de</strong> Mansouria vers 8heures, montée par <strong>de</strong>ux Européens armés, est arrêtée sur la routedu col <strong>de</strong> Bettacha. Les <strong>de</strong>ux hommes sont désarmés, l'un <strong>de</strong> sonmousqueton, l'autre d'un revolver, et il leur est signifié d'avoir àabandonner la chenillette. Ils ont cependant pu rentrer avec levéhicule, grâce à la mésentente provoquée entre les dissi<strong>de</strong>nts,certains voulant les tuer, alors que d'autres s'y opposaient.Le danger <strong>de</strong>venant plus sérieux et les rebelles se rapprochantdu centre, le village étant cerné, M. Clanet téléphone à nouveau àla Préfecture pour signaler la situation et <strong>de</strong><strong>ma</strong>n<strong>de</strong>r <strong>de</strong>s secoursimmédiats. Au début <strong>de</strong> l'aprèsmidi on déci<strong>de</strong> d'évacuer le villageet la population se transporte sur l'île qui fait face àl'agglomération. Vers 16 h. 30, un gar<strong>de</strong>côte arrive, M. Clanetmonte à bord et le com<strong>ma</strong>ndant, sur ses indications, fait tirerplusieurs bordées dans la direction <strong>de</strong> la fraction Tizrarane (à l'est<strong>de</strong> Mansouria).113
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