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Un drame algérien - Alger de ma jeunesse

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UN DRAME ALGERIENdroiture du chef <strong>de</strong>s « douaslas » (pluriel arabisé du nom Dussaix)pour lui <strong>de</strong><strong>ma</strong>n<strong>de</strong>r <strong>de</strong> trancher un différend par un arbitrage quetous acceptaient comme une décision <strong>de</strong> <strong>ma</strong>rabout, é<strong>ma</strong>nant <strong>de</strong> lajustice divine.Bienfaiteur attitré <strong>de</strong>s indigènes, Eugène Dussaix ne se faisaitpas d'illusion sur les menaces que pouvait représenter l'avenir, enAlgérie, en présence d'une politique qui ne savait pas toujourss'inspirer <strong>de</strong>s vérités essentielles <strong>de</strong>vant assurer la pérennité <strong>de</strong>l'œuvre française.Les interventions <strong>de</strong> l'élu, au sein du Conseil général <strong>de</strong>Constantine et <strong>de</strong>s Délégations financières d'<strong>Alger</strong>, sont édifiantesà cet égard. Elles constituaient, pour les Pouvoirs publics, <strong>de</strong>savertissements dont une politique fâcheuse <strong>de</strong> laisser aller,d'intérêts personnels, <strong>de</strong> faiblesse et d'incompréhension coupables'est refusée <strong>de</strong> tenir compte, prenant ainsi la responsabilité <strong>de</strong>sscènes tragiques qui sont comme la préface <strong>de</strong> la disparition <strong>de</strong> laFrance en Afrique du Nord.Nous n'exagérons pas, hélas ! en écrivant ces mots.Les scènes tragiques <strong>de</strong> <strong>ma</strong>i 1945, Eugène Dussaix les avaitprévues. Il les considérait comme fatales, parce qu'elles <strong>de</strong>vaientlogiquement être la résultante <strong>de</strong> directives ouvrant le champ auxrevendications les plus audacieuses <strong>de</strong> groupements ethniques quine peuvent être <strong>ma</strong>intenus dans l'ordre et la voie du progrès quepar une politique d'équité et d'autorité.En décembre 1937, Eugène Dussaix, revenant <strong>de</strong>s Délégationsfinancières, était arrivé à Kerrata, qu'il <strong>de</strong>vait quitter au plus tôtpour subir à <strong>Alger</strong> une opération chirurgicale dont il n'ignorait pasla gravité.Son <strong>de</strong>rnier geste fut <strong>de</strong> convoquer les jeunes <strong>de</strong> la famille,neveux ou alliés. Sa <strong>de</strong>rnière volonté fut <strong>de</strong> les inviter à partir sanstar<strong>de</strong>r à Sétif, a apporter à Mahouan un chargement <strong>de</strong> ciment.98UN DRAME ALGERIENIl compléta sa pensée par ces mots :—Vous ouvrirez notre caveau familial. Vous mettrez sur le sol,bien rangés, les nombreux cercueils <strong>de</strong> ceux qui nous ont quittés,leur tâche accomplie ici­bas. Vous coulerez par­<strong>de</strong>ssus un mortier<strong>de</strong> ciment, <strong>de</strong> façon à former un bloc in<strong>de</strong>structible, mettant noschers morts à l'abri <strong>de</strong> toute profanation ! Il partit à <strong>Alger</strong>, etquelques jours après, la région qui s'étend <strong>de</strong> Bougie à Sétif étaiten <strong>de</strong>uil. Dussaix était mort en donnant une fois <strong>de</strong> plus à sonentourage l'exemple d'une sérénité <strong>de</strong> croyant, ayant toujoursaccompli son <strong>de</strong>voir sur la terre, certain du but vers lequel il sedirige et qui lui donnera la seule récompense à laquelle il n'a cesséd'aspirer.« A l'abri <strong>de</strong> toute profanation. » L'ordre donné s'est justifié...Oserait­on nier aujourd'hui qu'il a traduit une claire vision <strong>de</strong>l'avenir, <strong>de</strong> cet avenir dont quelques Français, hélas ! doiventsupporter, <strong>de</strong>vant l'Histoire, l'entière responsabilité ?***Il ne suffisait pas <strong>de</strong> délivrer Kerrata : <strong>Un</strong>e tâche importante,dangereuse, s'imposait à la troupe : chasser les insurgés <strong>de</strong>s gorgesprofondément encaissées qui, partant du village, aboutissent àl'embranchement <strong>de</strong> Souk El Tenine sur la route <strong>de</strong> Djidjelli àBougie.Le détachement Bergeret accomplit cette mission avec quatreautos mitrailleuses, un peloton <strong>de</strong> la section saharienne portée <strong>de</strong>la Légion et une section d'artillerie <strong>de</strong> 75 (Lieutenant Laplazie).Ces troupes sont accrochées à chaque tournant <strong>de</strong>s gorges, oùles révoltés se cachent facilement, dans les halliers surplombant laroute et tirent avec aisance, sans être vus. « Le combat est dur. Les99

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