UN DRAME ALGERIENLe récit <strong>de</strong> M. Arron<strong>de</strong>au vient compléter très utilement lesdétails que nous avions donnés sur le <strong>drame</strong> <strong>de</strong> Kerrata. Que sonauteur en soit remercié.Signalons quelques infor<strong>ma</strong>tions recueillies par la presse àpropos du <strong>drame</strong> <strong>de</strong> Kerrata :— Le 23 juillet 1945 : condamnations à mort <strong>de</strong> : KsaïrAbdallah ben Belkacem, Brik Salah Mohamed ben Larbi, KhenMahmoud ben Salah, pour assassinat avec préméditation et guetapens,sur M. Baro Joseph, chef d'exploitation <strong>de</strong> l'entrepriseBachelot, aux Babors : c'est là un <strong>drame</strong> que nous n'avions pasencore signalé.— Le 13 octobre 1945, le Tribunal militaire <strong>de</strong> Constantinecondamnait à la peine <strong>de</strong> mort le nommé Khe<strong>ma</strong>che Ali Ben Saïdpour sa participation active aux actes <strong>de</strong> pillage et à l'incendie <strong>de</strong>la Poste.12 autres pillards ont également été frappés <strong>de</strong> condamnationsvariant <strong>de</strong> vingt ans <strong>de</strong> travaux forcés à six mois <strong>de</strong> prison.— Déjà le 24 juillet, avaient été fusillés à Constantine 10émeutiers condamnés par le même tribunal.Cinbani Lakhdar Ben M'Hammed, 37 ans ; Abacha Ab<strong>de</strong>lka<strong>de</strong>r,27 ans ; Djabali Salah, 49 ans ; Hamrouch Abdallah, 23 ans ;tous du douar Kalaoun ;Grioun Saïd, 22 ans ; Aïd Ali, 48 ans ;Saïdani Larbi., dit Attia Ben Abdallah ; Abbas ben Adballahben Amor, 61 ans ;tous quatre du douar Béni Meraï ;Affoun Saïd, dit Sassy, sans origine, 47 ans ; Djabali LamriBen Mohamed, 25 ans, <strong>de</strong> Takitount (1).94UN DRAME ALGERIEN— Le 3 novembre, le chef meneur, Chaabane Messaoud,s'entendait condamner à la peine <strong>de</strong> mort. Son complice RamliRabah, le crieur public qui excitait les youyou <strong>de</strong>s femmes etexhortait les révoltés à être sans pitié, ainsi que trois incendiaires,étaient frappés <strong>de</strong> la peine <strong>de</strong>s travaux forcés à perpétuité.— Le 8 décembre 1945, 3 indigènes étaient présentés à laJustice militaire du cheflieu du département, pour répondre <strong>de</strong>smeurtres du jeune Onis et <strong>de</strong> Mlle Zemmour. <strong>Un</strong> quatrième accuséétait en fuite.Ont été condamnés :A la peine <strong>de</strong> mort : Kheloufi Mohamed Mani Abdallah etAmour Bachir, ce <strong>de</strong>rnier par contu<strong>ma</strong>ce.A vingt ans <strong>de</strong> travaux forcés et vingt ans d'interdiction <strong>de</strong>séjour : Manadi Areski.— Le 15 décembre 1945, comparaissent 50 inculpés pour lesaffaires <strong>de</strong> pillage, incendies et meurtres <strong>de</strong> Kerrata. Le tribunalprononce six condamnations à mort : Kheloufi Mohamed,Bakouche Lahcène, Aouali Moussa, Bakouche Ahmed, KahmiRabah, Ham<strong>ma</strong>r Mohamed.Tous ces prévenus avaient déjà été condamnés : le premier àmort, les autres à <strong>de</strong>s peines <strong>de</strong> travaux forcés. Les autres accusés(1) Sur plus <strong>de</strong> cent condamnations à mort, il nous a été affirmé que vingt à peine ont étésuivies d'exécutions. La <strong>ma</strong>nsuétu<strong>de</strong> administrative— annulant <strong>de</strong>s décisions judiciaires—est venue an secours <strong>de</strong> ceux dont la culpabilité avait étéétablie, <strong>ma</strong>lgré le silence collectif opposé aux investigations judiciaires. <strong>Un</strong>e mesure <strong>de</strong> grâcecollective a complété l'abdication <strong>de</strong> l'autorité sans lui attirer, du reste, la reconnaissance <strong>de</strong>sintéressés— l'élection du 2 juin 1948, en est la démonstration.— On est allé plus loin : <strong>de</strong>s commissionsfonctionnent pour distribuer sur les fonds publics, alimentés dans la proportion <strong>de</strong> 7/8 par <strong>de</strong>simpôts français, <strong>de</strong>s in<strong>de</strong>mnités aux rehelles qui ont résisté à l'Armée et dont les habitations ont étédétruites. Nous pouvons citer le cas du douar Menar <strong>de</strong> Fedj M'Zala, qui a participé à l'odieux<strong>ma</strong>ssacre <strong>de</strong>s familles <strong>de</strong>s forestiers <strong>de</strong> Tamentout. Ce n'est pas sans tristesse que nous enregistrons<strong>de</strong> tels exemples, qui ne peuvent être démentis et qui préparent <strong>de</strong>s nouvelles journées sanglantespour notre <strong>ma</strong>lheureuse Algérie française.95
UN DRAME ALGERIENsont acquittés ou frappés <strong>de</strong> peines diverses. Pour ne pas alourdirnotre exposé, nous ne citons que les noms <strong>de</strong>s condamnés à lapeine capitale.— Le 19 janvier 1946, le Tribunal militaire condamne auxtravaux forcés et à la prison six nouveaux inculpés <strong>de</strong> Kerrata.— Le 17 septembre 1946, a lieu à Constantine l'exécution <strong>de</strong>Barkab Ali et Menad Saou, condamnés les 11 et 12 janvier, pourmeurtres <strong>de</strong> Mme et M. Trabaut, Juge <strong>de</strong> Paix. Trois complices,condamnés également à mort, ont vu leur peine commuée en celle<strong>de</strong> travaux forcés à perpétuité.— Le 17 décembre, les nommés Hakoun et Tordj<strong>ma</strong>ni sontégalement fusillés, pour les crimes <strong>de</strong> Kerrata, ainsi que 8 <strong>de</strong> leurscoreligionnaires pour <strong>de</strong>s attentats divers (assassinats <strong>de</strong> Sétif, <strong>de</strong>Tamentout, et <strong>de</strong> Sekaka).C'est cette <strong>de</strong>rnière exécution qui a été l'objet <strong>de</strong>s protestations<strong>de</strong> la représentation musul<strong>ma</strong>ne au Parlement, protestationsauxquelles a fait droit le ministère Blum, en décidant <strong>de</strong> surseoir àtoute nouvelle exécution relative aux émeutes du 8 <strong>ma</strong>i 1945, lescondamnés <strong>de</strong>vant comparaître <strong>de</strong>vant une commission <strong>de</strong>s grâces.Soulignons simplement sans autre commentaire que c'est lapremière fois que l'on voit en France <strong>de</strong>s élus se grouper pourdéfendre ouvertement <strong>de</strong>s criminels <strong>de</strong> droit commun, condamnéspour <strong>de</strong>s crimes abominables, où les victimes ont été l'objet <strong>de</strong>scruautés les plus infâmes et les plus révoltantes.***Nous avons évoqué, au début <strong>de</strong> ce chapitre, le nom d'EugèneDussaix, qui joua dans sa région, un rôle prépondérant, comme96UN DRAME ALGERIENConseiller Général et délégué financier d'une vaste région for<strong>ma</strong>ntla banlieue Nord <strong>de</strong> Sétif, celle précisément où se sont déroulés lesévénements tragiques dont nous avons tenu à fixer les détails.M. Eugène Dussaix fut pendant <strong>de</strong> longues années l'ani<strong>ma</strong>teurd'une activité familiale qui groupait, nous l'avons dit, plus <strong>de</strong> 300personnes. C'est lui qui construisit l'église et le château se dressant,<strong>de</strong> chaque côté <strong>de</strong> la route <strong>de</strong> Bougie, à l'entrée <strong>de</strong>s gorgesimpressionnantes du Chabet El Akra. C'est donc grâce à lui que laplupart <strong>de</strong>s habitants <strong>de</strong> la région <strong>de</strong> Kerrata ont pu trouver unrefuge au cours <strong>de</strong> l'assaut tragique du 9 <strong>ma</strong>i 1945.La générosité <strong>de</strong> ce colon, issu d'une famille <strong>de</strong> Savoyardsreprésentée à l'origine par <strong>de</strong>ux frères venus <strong>de</strong> France avec leursenfants il y a quatrevingts ans, était proverbiale, l'altruismed'Eugène Dussaix, catholique fervent, s'étendait à tous ceux quil'entouraient ou faisaient appel à lui, quelles que soient leursorigines ou leurs croyances.Homme d'initiative en même temps que <strong>de</strong> valeur, Dussaixavait installé à Kerrata une usine qui, transformée par l'utilisation<strong>de</strong>s chutes <strong>de</strong> l'oued Agrioun, était arrivée à assurer la mouturejournalière <strong>de</strong> 300 sacs <strong>de</strong> blé. <strong>Un</strong>e partie <strong>de</strong> ces revenus étaitaffectée à soulager les misères locales. Il y avait, au châteauDussaix, une liste <strong>de</strong>s pauvres, qui s'allongeait chaque année <strong>de</strong>noms nouveaux. A l'entrée <strong>de</strong> l'hiver, ces <strong>ma</strong>lheureux, tousindigènes, étaient convoqués dans les dépendances du moulin. Etc'est par centaines <strong>de</strong> quintaux <strong>de</strong> blé que se chiffraient lesdistributions qui, chaque année, venaient soulager la détresse <strong>de</strong>sdouars (1).Les indigènes aisés du pays venaient souvent faire appel à la(1) La moyenne <strong>de</strong>s distributions annuelles atteignait du 4 à 500 quintaux <strong>de</strong> céréales.97
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