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Un drame algérien - Alger de ma jeunesse

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UN DRAME ALGERIENsont acquittés ou frappés <strong>de</strong> peines diverses. Pour ne pas alourdirnotre exposé, nous ne citons que les noms <strong>de</strong>s condamnés à lapeine capitale.— Le 19 janvier 1946, le Tribunal militaire condamne auxtravaux forcés et à la prison six nouveaux inculpés <strong>de</strong> Kerrata.— Le 17 septembre 1946, a lieu à Constantine l'exécution <strong>de</strong>Barkab Ali et Menad Saou, condamnés les 11 et 12 janvier, pourmeurtres <strong>de</strong> Mme et M. Trabaut, Juge <strong>de</strong> Paix. Trois complices,condamnés également à mort, ont vu leur peine commuée en celle<strong>de</strong> travaux forcés à perpétuité.— Le 17 décembre, les nommés Hakoun et Tordj<strong>ma</strong>ni sontégalement fusillés, pour les crimes <strong>de</strong> Kerrata, ainsi que 8 <strong>de</strong> leurscoreligionnaires pour <strong>de</strong>s attentats divers (assassinats <strong>de</strong> Sétif, <strong>de</strong>Tamentout, et <strong>de</strong> Sekaka).C'est cette <strong>de</strong>rnière exécution qui a été l'objet <strong>de</strong>s protestations<strong>de</strong> la représentation musul<strong>ma</strong>ne au Parlement, protestationsauxquelles a fait droit le ministère Blum, en décidant <strong>de</strong> surseoir àtoute nouvelle exécution relative aux émeutes du 8 <strong>ma</strong>i 1945, lescondamnés <strong>de</strong>vant comparaître <strong>de</strong>vant une commission <strong>de</strong>s grâces.Soulignons simplement sans autre commentaire que c'est lapremière fois que l'on voit en France <strong>de</strong>s élus se grouper pourdéfendre ouvertement <strong>de</strong>s criminels <strong>de</strong> droit commun, condamnéspour <strong>de</strong>s crimes abominables, où les victimes ont été l'objet <strong>de</strong>scruautés les plus infâmes et les plus révoltantes.***Nous avons évoqué, au début <strong>de</strong> ce chapitre, le nom d'EugèneDussaix, qui joua dans sa région, un rôle prépondérant, comme96UN DRAME ALGERIENConseiller Général et délégué financier d'une vaste région for<strong>ma</strong>ntla banlieue Nord <strong>de</strong> Sétif, celle précisément où se sont déroulés lesévénements tragiques dont nous avons tenu à fixer les détails.M. Eugène Dussaix fut pendant <strong>de</strong> longues années l'ani<strong>ma</strong>teurd'une activité familiale qui groupait, nous l'avons dit, plus <strong>de</strong> 300personnes. C'est lui qui construisit l'église et le château se dressant,<strong>de</strong> chaque côté <strong>de</strong> la route <strong>de</strong> Bougie, à l'entrée <strong>de</strong>s gorgesimpressionnantes du Chabet El Akra. C'est donc grâce à lui que laplupart <strong>de</strong>s habitants <strong>de</strong> la région <strong>de</strong> Kerrata ont pu trouver unrefuge au cours <strong>de</strong> l'assaut tragique du 9 <strong>ma</strong>i 1945.La générosité <strong>de</strong> ce colon, issu d'une famille <strong>de</strong> Savoyardsreprésentée à l'origine par <strong>de</strong>ux frères venus <strong>de</strong> France avec leursenfants il y a quatre­vingts ans, était proverbiale, l'altruismed'Eugène Dussaix, catholique fervent, s'étendait à tous ceux quil'entouraient ou faisaient appel à lui, quelles que soient leursorigines ou leurs croyances.Homme d'initiative en même temps que <strong>de</strong> valeur, Dussaixavait installé à Kerrata une usine qui, transformée par l'utilisation<strong>de</strong>s chutes <strong>de</strong> l'oued Agrioun, était arrivée à assurer la mouturejournalière <strong>de</strong> 300 sacs <strong>de</strong> blé. <strong>Un</strong>e partie <strong>de</strong> ces revenus étaitaffectée à soulager les misères locales. Il y avait, au châteauDussaix, une liste <strong>de</strong>s pauvres, qui s'allongeait chaque année <strong>de</strong>noms nouveaux. A l'entrée <strong>de</strong> l'hiver, ces <strong>ma</strong>lheureux, tousindigènes, étaient convoqués dans les dépendances du moulin. Etc'est par centaines <strong>de</strong> quintaux <strong>de</strong> blé que se chiffraient lesdistributions qui, chaque année, venaient soulager la détresse <strong>de</strong>sdouars (1).Les indigènes aisés du pays venaient souvent faire appel à la(1) La moyenne <strong>de</strong>s distributions annuelles atteignait du 4 à 500 quintaux <strong>de</strong> céréales.97

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