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Un drame algérien - Alger de ma jeunesse

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UN DRAME ALGERIENA la Justice <strong>de</strong> paix, ils trouvent le Juge, étendu au travers <strong>de</strong> laporte, dans une <strong>ma</strong>re <strong>de</strong> sang : 3 balles dans la tête, 2 dans lethorax, une quinzaine <strong>de</strong> coups <strong>de</strong> couteaux, les organes génitauxtranchés.Nous nous excusons <strong>de</strong> donner ces détails horribles, <strong>ma</strong>is celivre est un procès­verbal <strong>de</strong> constat et il faut mettre fin àl'abominable légen<strong>de</strong> qui veut faire passer les assassins pour <strong>de</strong>svictimes.Au premier étage, la femme du <strong>ma</strong>gistrat est étendue. « Leshé<strong>ma</strong>tomes qu'elle présente à la face interne <strong>de</strong>s cuisses ne laissentaucun doute sur le traitement qu'a dû subir la <strong>ma</strong>lheureuse. Elle aété tuée par l'introduction d'un pieu dans l'anus, qui a occasionnéune perforation <strong>de</strong> l'intestin. »Le boulanger Grammont est étendu dans un couloir, où on vient<strong>de</strong> le déposer, « le crâne fendu d'un coup <strong>de</strong> hache », etc.Les survivants du village se sont réfugiés, en hâte au château.Les pauvres gens sont dans un état lamentable.On cherche en vain Mme Barlatier, qui arrive, blessée, avec sespetits enfants... On ne peut s'empêcher d'admirer le courage <strong>de</strong>cette vieille dame, qui, le bras fracturé par une balle, a tenu, pourne pas abandonner ses petits.On s'empresse autour d'elle. Elle reçoit les soins du jeune ai<strong>de</strong><strong>ma</strong>jorqui extrait une balle <strong>de</strong> revolver <strong>de</strong> l'avant­bras gauche <strong>de</strong> lapetite Régina.Ce fut ensuite le défilé <strong>de</strong>s blessés :— un <strong>ma</strong>çon, le pied atteint d'une balle : extraction ;— un contre<strong>ma</strong>ître du barrage : fracture, par balle, <strong>de</strong> l'humérusgauche : excision, attelle ;— un sergent <strong>de</strong>s transmissions : blessé par chevrotines.Radiographié, plus tard, à Maillot, on ne put lui extraire l'uned'elles, logée entre la caroti<strong>de</strong> et la trachée.90UN DRAME ALGERIEN— d'autres blessés légers, et <strong>de</strong>s femmes, en proie à <strong>de</strong>s crises<strong>de</strong> nerfs bien explicables.Le len<strong>de</strong><strong>ma</strong>in, 10 <strong>ma</strong>i, dès 7 heures, le lieutenant Bergeret mit àla disposition du village une voiture militaire, pour évacuer lesblessés sur Sétif. Ils <strong>de</strong>vaient, en effet, être opérés et prémunis, parun sérum, contre la gangrène et le tétanos. On coucha, sur <strong>de</strong>s<strong>ma</strong>telas, Mme Barlatier, la petite Régina, le contre<strong>ma</strong>ître. Sur lesbanquettes prirent place le <strong>ma</strong>çon et <strong>de</strong>ux militaires. Commeescorte, avec M. Fontanille, <strong>de</strong>ux légionnaires et un chauffeur.Comme armement : un F.M., <strong>de</strong>ux mousquetons, sept revolvers.Jusqu'à Tizi N'Béchar, le trajet s'effectua sans encombre ouacci<strong>de</strong>nt. Après le village, un barrage, fait <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux arbres, arrête lavoiture. On dégage la route. Coups <strong>de</strong> feu. Les rafales du F. M.éloignent les agresseurs. On passe. Deuxième barrage dans la<strong>de</strong>scente du col <strong>de</strong> Takitount. Pierres. On les écarte. Troisièmebarrage à la jonction <strong>de</strong> la route <strong>de</strong> Sétif et <strong>de</strong> la traverse allant surPérigotville. On arrive à Sétif au moment <strong>de</strong>s gran<strong>de</strong>s funérailles<strong>de</strong> 35 victimes du début <strong>de</strong> l'émeute...Déchargée <strong>de</strong> ses blessés, l'auto rentre à Kerrata, sans nouveauxinci<strong>de</strong>nts. Le centre est revenu au calme, <strong>ma</strong>is que <strong>de</strong> <strong>de</strong>structionsà déplorer, que <strong>de</strong> morts à pleurer...Nous avons eu la bonne fortune d'entrer en relations avec l'un<strong>de</strong>s défenseurs <strong>de</strong> la poste <strong>de</strong> Kerrata, M. Arron<strong>de</strong>au, comptable<strong>de</strong> la Société Dussaix, qui s'est retiré à <strong>Alger</strong>, <strong>de</strong>puis le <strong>drame</strong> du 9<strong>ma</strong>i 1945.M. Arron<strong>de</strong>au, on l'a vu par les récits qui précè<strong>de</strong>nt, a suprendre vaillamment sa part d'action dans la défense du<strong>ma</strong>lheureux Centre <strong>de</strong> colonisation. Il a bien voulu nouscommuniquer le récit du <strong>drame</strong> vécu par lui et ses compagnons.De ce récit qui, d'une façon générale, confirme ceux que nousavons déjà donnés, nous extrayons <strong>de</strong>s détails inédits, cependantédifiants ou intéressants à signaler.91

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