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Un drame algérien - Alger de ma jeunesse

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UN DRAME ALGERIENaux nombreux Français qui n'ont pu rejoindre...M. Goetz, l'ingénieur électricien du barrage, qui est l'un <strong>de</strong>sbons ani<strong>ma</strong>teurs <strong>de</strong> la résistance, installe, aux angles <strong>de</strong>l'immeuble, <strong>de</strong> gros phares, pour répondre à une attaque <strong>de</strong> nuit.<strong>Un</strong>e salle <strong>de</strong> pansements <strong>de</strong> fortune est aménagée par M.Fontanille, grâce aux fournitures et produits remis par MmeRou<strong>ma</strong>ingas et sa fille, qui <strong>de</strong>vaient, plus tard, être d'un précieuxsecours auprès <strong>de</strong>s blessés.Le 9 <strong>ma</strong>i, vers une heure du <strong>ma</strong>tin, M. Boutin, directeur dubarrage, fait <strong>de</strong>scendre tout son personnel au château. Les gar<strong>de</strong>schampêtres et les gendarmes, très dévoués, font <strong>de</strong>s ron<strong>de</strong>sincessantes. Toutes les <strong>de</strong>mi­heures, par la poste, on <strong>de</strong><strong>ma</strong>n<strong>de</strong> <strong>de</strong>ssecours. Sétif a prévenu que c'est Bougie qui est chargée <strong>de</strong>débloquer Kerrata. On n'a su que plus tard que la route <strong>de</strong> Bougieavait été coupée par <strong>de</strong> gros blocs for<strong>ma</strong>nt barrages.De 3 à 5 heures, la population afflue à la <strong>ma</strong>ison Dussaix. A 5heures, la ligne téléphonique est définitivement coupée, danstoutes les directions. L'Administrateur envoie, à 6 heures, uncamion à la boulangerie. A 6 h. 30 il avait fait un voyage. Ilretourne au village, situé à 200 mètres du château.A 6 h. 45, on entend un coup <strong>de</strong> feu. Le boulanger Grammontest tombé, victime du <strong>de</strong>voir... Au même moment, arrive lecamion, chargé <strong>de</strong> 99 personnes.Le château est bloqué. On voit <strong>de</strong>s ban<strong>de</strong>s d'indigènes monterpar la route <strong>de</strong>s gorges. Il n'y a plus à hésiter ; on ouvre sur eux unfeu nourri. Ils s'égaillent.On entend bientôt plusieurs explosions au village. On ne peutsavoir à quoi elles sont dues. On voit <strong>de</strong>s colonnes <strong>de</strong> fumées'élever du côté <strong>de</strong> la Justice <strong>de</strong> paix, <strong>de</strong> la Poste et non loin <strong>de</strong> lagendarmerie.Dans la <strong>ma</strong>tinée, il y a quelques tentatives <strong>de</strong> « <strong>de</strong>scente » surle château, par groupes isolés. On s'attend à une offensive en règle,88UN DRAME ALGERIENgénéralisée, lorsque les émeutiers auront terminé leur sinistrebesogne au village. On se prépare, On voudrait même réagir,porter secours à ceux qui se battent encore, là­bas. M. Fontanillese fait l'interprète d'un sentiment partagé par beaucoup : il proposeà l'Administrateur l'organisation d'une sortie. Ce <strong>de</strong>rnier s'y oppose<strong>de</strong> façon formelle.On arrive ainsi à 14 heures. 500 personnes sont réunies auchâteau, y compris <strong>de</strong>s prisonniers italiens qui <strong>ma</strong>nifestentouvertement leur volonté <strong>de</strong> participer à la défense.L'inquiétu<strong>de</strong> est gran<strong>de</strong>. Les secours n'arrivent pas. Que sepasse­t­il au village, que <strong>de</strong>viennent la région, les centres, lesfermes isolées? Le mouvement a l'air d'être général. L'angoisseétreint tous les cœurs.14h. 45... <strong>Un</strong>e mitrailleuse crépite... C'est la fuite <strong>de</strong>s insurgés.C'est la délivrance...Plusieurs défenseurs du château se précipitent vers le village.Parmi eux, le jeune ai<strong>de</strong>­<strong>ma</strong>jor. Il va où le <strong>de</strong>voir l'appelle. Queln'est pas son étonnement, en sortant <strong>de</strong> la <strong>ma</strong>ison Dussaix, <strong>de</strong> voirarriver une voiture militaire anglaise, ayant à son bord <strong>de</strong>uxofficiers <strong>de</strong> <strong>ma</strong>rine anglais. L'un avait les insignes <strong>de</strong>l'« Intelligence Service ». M. Fontanille s'avance vers eux et leur<strong>de</strong><strong>ma</strong>n<strong>de</strong> d'où ils venaient et comment ils avaient pu parvenirjusqu'à Kerrata. Ils répon<strong>de</strong>nt qu'ils venaient <strong>de</strong> visiter les ruines<strong>de</strong> Djemila (1).M. Fontanille se rend alors au village avec une auto <strong>de</strong> laSociété Dussaix, Mme Fontanille l'accompagne.(1) Renseignements pris par l'auteur : Au moment du <strong>drame</strong>, <strong>de</strong>ux officiers anglais ont bienvisité les ruines <strong>de</strong> Djemila. Il s'agit sans doute <strong>de</strong>s officiers étrangers dont le passage a été signalépar une patrouille surveillant la route <strong>de</strong> Bougie, près du cap Aokas, le 11 <strong>ma</strong>i. Ce seraient alors <strong>de</strong>sofficiers anglais et non américains ?Des détails complémentaires recueillis nous permettent d'ajouter que ces officiers ont couchéau Château Dussaix, sur l'invitation qui leur en était faite. On craignait, en effet, que la route <strong>de</strong>sgorges soit encore bloquée. Ils ont quitté Kerrata le len<strong>de</strong><strong>ma</strong>in <strong>ma</strong>tin, après l'arrivée <strong>de</strong>s secoursvenant <strong>de</strong> Bougie.89

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