UN DRAME ALGERIENLe musul<strong>ma</strong>n regarda la femme du colon, froi<strong>de</strong>ment, ne fitaucune réponse et se retira lentement. On ne le revit plus, ni aucun<strong>de</strong>s ouvriers <strong>de</strong> la ferme.Autres détails :Nous avons dit que le feu avait été mis à l'écurie <strong>de</strong>s chevaux <strong>de</strong>la gendarmerie. La paille, placée à part, a brûlé. <strong>Un</strong> seul batflanc<strong>de</strong> stalle a été atteint dans l'écurie. <strong>Un</strong> cheval a été grièvementblessé sur tout le côté atteint par les flammes ou la chaleur. Il a étésoigné et a pu être sauvé.Dans l'immeuble <strong>de</strong> la Poste, tout a été pillé. Les pièces ont étéincendiées séparément, comme dans beaucoup <strong>de</strong> <strong>ma</strong>isons duvillage. Des réparations som<strong>ma</strong>ires ont été faites <strong>de</strong>puis, pourpermettre d'abriter les Français sinistrés.En ce qui concerne la gendarmerie <strong>de</strong> Chevreul, on a été étonné<strong>de</strong> constater que l'effectif <strong>de</strong> la briga<strong>de</strong> avait été réduit à <strong>de</strong>uxmilitaires, alors que l'effectif nor<strong>ma</strong>l était <strong>de</strong> six gendarmes.Renseignements pris, il nous a été dit qu'un gendarme étaithospitalisé pour <strong>ma</strong>ladie, que trois gendarmes <strong>ma</strong>nquaient parsuite <strong>de</strong> mutations. Cette explication démontre que la surprise s'estproduite aussi bien du côté <strong>de</strong>s Français habitant la banlieue nordsétifienne que du côté <strong>de</strong> l'Administration en général.Or, l'Administration, nous l'avons dit, était prévenue que <strong>de</strong>sdésordres allaient se produire à brève échéance. Cela résultait <strong>de</strong>srapports qu'elle recevait <strong>de</strong> ses représentants et agents <strong>de</strong> tousordres, <strong>de</strong> l'avertissement qui lui était adressé douze jours avantl'émeute, en termes précis et pressants, par six conseillersgénéraux réunis au cheflieu du département (1).(1) Voir ce document à la fin du volume.62UN DRAME ALGERIENTout le mon<strong>de</strong> était prévenu et l'on n'a pas invité lesgendarmeries à compléter leurs effectifs...Tout le mon<strong>de</strong> était prévenu, même le souspréfet <strong>de</strong>Constantine qui, cinq jours avant les événements, disait à unAdministrateur chez lequel il était en tournée : « Avezvous bientôtfini <strong>de</strong> nous adresser <strong>de</strong>s rapports alar<strong>ma</strong>nts ? Tout le mon<strong>de</strong> enrigole à Constantine ! »Il est évi<strong>de</strong>nt que nous touchons ici un point extrêmementdélicat et extrêmement grave, intéressant la sécurité en Algérie., eton peut le dire sans hésitation, la cause même <strong>de</strong> la France enAfrique du Nord.Dans les échelons administratifs qui assurent le contact entre laColonie et les Pouvoirs publics en France, quelle autorité, quellepersonnalité a pris la responsabilité <strong>de</strong> ne tenir aucun compte <strong>de</strong>savertissements qui lui étaient transmis ?Cette autorité ou cette personnalité a encouru uneresponsabilité dont le pays tout entier a le droit <strong>de</strong> lui <strong>de</strong><strong>ma</strong>n<strong>de</strong>rcompte. Et lorsque nous parlons du pays nous entendons parlernon seulement <strong>de</strong>s Français qui se réclament d'un passé qui a faitses preuves en Algérie, <strong>ma</strong>is aussi <strong>de</strong>s musul<strong>ma</strong>ns que n'aveuglepas la propagan<strong>de</strong> tolérée jusqu'à ce jour, contre la France enAfrique du Nord.Malgré les difficultés opposées aux enquêtes judiciairesouvertes dans les campagnes sur <strong>de</strong>s <strong>drame</strong>s tels que celui <strong>de</strong>Chevreul, <strong>de</strong> nombreuses arrestations ont pu avoir lieu et leTribunal militaire <strong>de</strong> Constantine a eu à connaître <strong>de</strong> nombreuxdossiers.Toutes les décisions prises ne paraissent pas avoir été mises à laconnaissance du public par la voie <strong>de</strong> la presse. On a sucependant :63
UN DRAME ALGERIEN— Le 13 novembre 1945, que 17 pillards, qui participèrent dansla nuit du 9 au 10 <strong>ma</strong>i, au sac du village <strong>de</strong> Chevreul ont étécondamnés à <strong>de</strong>s peines variant <strong>de</strong> 20 ans <strong>de</strong> travaux forcés à un an<strong>de</strong> prison. <strong>Un</strong> dixhuitième accusé a été acquitté.— En décembre, que trente indigènes pris parmi les émeutierset les incendiaires <strong>de</strong> Chevreul se sont vus condamnés :3 à la peine <strong>de</strong> mort : Gridi Messaoud, Boukareb Rabia, etTabel, ce <strong>de</strong>rnier par contu<strong>ma</strong>ce.4 aux travaux forcés à perpétuité.17 poursuivis pourvois, à <strong>de</strong>s peines variant <strong>de</strong> 2 ans à 1 an <strong>de</strong>prison avec sursis. Tous les Algériens savent que chez lesindigènes, l'application du sursis équivaut à l'acquittement.Le 18 janvier 1946, l'attaque <strong>de</strong> la gendarmerie <strong>de</strong> Chevreul aété évoquée <strong>de</strong>vant le Tribunal militaire <strong>de</strong> Constantine. Renvoyéepour supplément d'infor<strong>ma</strong>tion, elle s'est terminée en avril par 2acquittements, 2 condamnations à 20 ans <strong>de</strong> travaux forcés et 20ans d'interdiction <strong>de</strong> séjour, une condamnation à 5 ans <strong>de</strong> travauxforcés et 5 ans d'interdiction <strong>de</strong> séjour. 5 inculpés, en fuite, ont étécondamnés par contu<strong>ma</strong>ce, aux travaux forcés à perpétuité.<strong>Un</strong> nommé Kédida Madani, inculpé <strong>de</strong> vol et <strong>de</strong> viol avait étécondamné par contu<strong>ma</strong>ce aux travaux forcés à perpétuité. Arrêté,il a vu sa peine transformée, en avril 1946, à 20 ans <strong>de</strong> travauxforcés et 20 ans d'inter diction <strong>de</strong> séjour. (Dépêche <strong>de</strong>Constantine).<strong>Un</strong>e telle énumération est la démonstration <strong>de</strong> l'esprit <strong>de</strong>pru<strong>de</strong>nce qui anime les juges militaires dans la répression <strong>de</strong>s faitsqui leur sont soumis. Elle souligne l'injustice <strong>de</strong>s attaques dont ces<strong>ma</strong>gistrats sont l'objet <strong>de</strong> la part <strong>de</strong>s journaux extrémistes quipoussent à l'insurrection en Algérie.64UN DRAME ALGERIENC'est près <strong>de</strong> Chevreul que se situe le <strong>drame</strong> poignant ayantcausé la mort <strong>de</strong> trois Français qui, se rendant à Sétif enautomobile, et attaqués en chemin, se hâtaient <strong>de</strong> rejoindre levillage <strong>de</strong> colonisation. Arrêtés à 1500 mètres <strong>de</strong> Chevreul, ils<strong>de</strong>vaient finir <strong>de</strong> façon horrible.<strong>Un</strong>e gran<strong>de</strong> émotion s'est emparée <strong>de</strong> l'opinion publique lorsquel'on a appris, dans les régions <strong>de</strong> Djidjelli, Sétif et Constantine, lamort tragique <strong>de</strong> M. Georges Caste, <strong>de</strong> Mme et M. Bovo,honorablement connus <strong>de</strong> tous.M. Georges Coste avait été nommé à Djidjelli le 1er novembre1944, comme ingénieur T.P.E. Il arrivait <strong>de</strong> Batna et retrouvaitdans sa nouvelle rési<strong>de</strong>nce un collaborateur qui était un ami, par safamille, originaire <strong>de</strong> Batna, M. Bovo Louis, adjoint technique <strong>de</strong>sPonts et chaussées, à Djidjelli <strong>de</strong>puis 1932. Les <strong>de</strong>ux ménagesCoste et Bovo se lièrent rapi<strong>de</strong>ment.65
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