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Un drame algérien - Alger de ma jeunesse

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UN DRAME ALGERIENDevant les promesses officielles tous les colons avaient décidé<strong>de</strong> rester. On n'abandonne pas <strong>de</strong> gaîté <strong>de</strong> coeur un pays que l'on acréé, dont la prospérité est votre œuvre. Tant <strong>de</strong> détails vousretiennent ! Et puis, par<strong>de</strong>ssus tout il y a les tombes... On étaitunanime dans la volonté <strong>de</strong> rester.« Ne voyant rien venir, la moitié <strong>de</strong>s colons, atteints dans leursituation, déçus dans leurs espérances, sont partis. D'autres parlent<strong>de</strong> les suivre...« Je vous écris cela, le coeur serré » (1).M. Pra<strong>de</strong>illes a raison, et nous comprenons son émotion. <strong>Un</strong>village qui disparaît, ou s'amenuise dans nos campagnes, c'est unpeu <strong>de</strong> la France qui s'en va, qui se retire <strong>de</strong> notre Afrique duNord, où les terriens français, fils et frères <strong>de</strong> nos paysans <strong>de</strong> lamétropole, avaient cependant créé une si belle œuvre... une œuvredont ils avaient le droit d'être fiers...***Depuis la rédaction <strong>de</strong>s pages que l'on vient <strong>de</strong> lire, nous avonsreçu d'autres détails venant préciser <strong>de</strong>s questions que nous avonscru <strong>de</strong>voir poser à nos amis <strong>de</strong> Chevreul.On re<strong>ma</strong>rquera, dans le cours <strong>de</strong> ce récit, que nous ne<strong>ma</strong>nquons ja<strong>ma</strong>is <strong>de</strong> souligner les actes <strong>de</strong> dévouement accomplispar <strong>de</strong>s indigènes pour ai<strong>de</strong>r ou sauver leurs amis français. C'est làun acte <strong>de</strong> simple justice, qui voudrait être aussi une <strong>ma</strong>nifestationd'espérance... pour <strong>de</strong><strong>ma</strong>in.Nous avons donc <strong>de</strong><strong>ma</strong>ndé, pour Chevreul, quels exemples <strong>de</strong>solidarité avaient été relevés dans la population indigène, formée<strong>de</strong>s associés <strong>de</strong>s colons, <strong>de</strong>s domestiques <strong>de</strong>s Français, <strong>de</strong>fonctionnaires indigènes, tels ces douaïrs qui ont fait partie <strong>de</strong> laUN DRAME ALGERIENpremière patrouille dirigée par les <strong>de</strong>ux gendarmes présents auvillage le jour du <strong>drame</strong>,Les réponses que nous avons reçues peuvent se résumer ainsi :Au moment du repliement <strong>de</strong> la population sur la gendarmerie,les trois douaïrs ont été envoyés sous la conduite <strong>de</strong> M. Cazaux,beau­père du chef M. Poilane, à la poste, pour assurer l'évacuationdu receveur et <strong>de</strong> sa famille. Au retour <strong>de</strong> cette mission, un <strong>de</strong>sauxiliaires indigènes s'est dérobé. Il a disparu. Il était passé aucamp <strong>de</strong>s émeutiers avec armes et munitions. On a retrouvé, plustard, son fusil entre les <strong>ma</strong>ins d'un bandit notoire, qui a été arrêté.Ce bandit, originaire du douar Fedj El Ghoul, a déclaré qu'il avaitpayé cette arme, au militaire, 3.000 francs. Il était encore sous lesverrous en octobre 1945. Les <strong>de</strong>ux douaïrs, entrés à la gendarmerieavec la famille <strong>de</strong> M. Be<strong>ma</strong>sconi, y sont restés pendant l'émeute.« Dans notre personnel, en général, nous dit un colon <strong>de</strong>Chevreul, nous n'avons relevé aucun acte <strong>de</strong> dévouement ni pour laprotection <strong>de</strong>s ani<strong>ma</strong>ux, ni pour la résistance au pillage et àl'incendie. Les you­you <strong>de</strong>s femmes portent à croire qu'en général,ils ont tous participé à l'émeute. Le fanatisme efface touteconsidération pouvant s'autoriser d'une longue cohabitation, <strong>de</strong>sservices reçus, d'une collaboration affectueuse. <strong>Un</strong> mot d'ordreinvoquant la religion et, en un instant, l'ami <strong>de</strong>vient un assassin. Cefait ne peut être nié que par ceux qui ont intérêt à le démentir. »<strong>Un</strong> exemple nous a été cité : le 9 <strong>ma</strong>i, M. Marcel Pra<strong>de</strong>illesétant sorti <strong>de</strong> chez lui, Mme Pra<strong>de</strong>illes entend <strong>de</strong>s coups <strong>de</strong> feu.Elle s'inquiète. Du pas <strong>de</strong> sa porte, elle aperçoit le premier ouvrier<strong>de</strong> l'exploitation. C'est l'homme <strong>de</strong> confiance. Il a vingt ans <strong>de</strong>service. On ne peut douter <strong>de</strong> lui. Mme Pra<strong>de</strong>illes s'adresse à lui,le prie <strong>de</strong> chercher son <strong>ma</strong>ri, <strong>de</strong> le ramener d'urgence.(1) Lettre datée du 28 septembre 1945.6061

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