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Un drame algérien - Alger de ma jeunesse

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UN DRAME ALGERIENA CHEVREULL'embranchement d'El­Ouricia sur Djidjelli se prolonge, nousl'avons dit, sur Chevreul.Le village <strong>de</strong> Chevreul est une création relativement récente.C'est le <strong>de</strong>rnier centre <strong>de</strong> colonisation édifié dans la région <strong>de</strong>Sétif. Il date <strong>de</strong> 1898. Il est situé non loin du lit <strong>de</strong> l'oued El Kébir,l'un <strong>de</strong>s principaux affluents du Rhumel. Les terres y sont <strong>de</strong>bonne qualité. Les colons ont su, par un travail assidu, s'y créer <strong>de</strong>ssituations acceptables.<strong>Un</strong>e gendarmerie, abritant officiellement quatre gendarmes àcheval, assure la sécurité <strong>de</strong> la région. C'était suffisant jusqu'en<strong>ma</strong>i <strong>de</strong>rnier. On ne peut en dire autant <strong>de</strong>puis.Le 8 <strong>ma</strong>i, le <strong>ma</strong>réchal <strong>de</strong>s logis Poilane com<strong>ma</strong>ndait la briga<strong>de</strong>.M. Bernasconi était <strong>de</strong> service à la recette postale. Tout étaitcalme, rien ne transpirait à Chevreul <strong>de</strong>s événements sanglants quiavaient jeté la tristesse et le <strong>de</strong>uil sur la ville <strong>de</strong> Sétif.On avait dansé, pour fêter la victoire, dans la soirée.Le 9 <strong>ma</strong>i, à 2 heures du <strong>ma</strong>tin, le Receveur <strong>de</strong>s postes alerte lagendarmerie. Quelque chose d'anor<strong>ma</strong>l se passe dansl'agglomération. On entend <strong>de</strong>s coups <strong>de</strong> feu. On perçoit <strong>de</strong>s jets<strong>de</strong> pierres sur les <strong>ma</strong>isons.Le <strong>ma</strong>réchal <strong>de</strong>s logis sort aussitôt avec son subordonné,M. Pères. Ils vont réveiller trois douaïrs habitant le village.52UN DRAME ALGERIENIls organisent une patrouille dans les rues. Ils ne voient rien. Ilsn'enten<strong>de</strong>nt rien.A 6 heures, nouvelle tournée <strong>de</strong> surveillance. On arrive à la<strong>ma</strong>ison cantonnière, qui se trouve en <strong>de</strong>hors <strong>de</strong> l'agglomération.On constate que la ligne téléphonique a été coupée en plusieursendroits. Puis que, dans les rues, toutes les ampoules électriquesont été brisées. On apprend qu'un <strong>drame</strong> s'est déroulé à la <strong>ma</strong>isonGrousset :—Basile Grousset a été tué à coups <strong>de</strong> bâton ; il a étéachevé à coups <strong>de</strong> feu. Près du cadavre, la femme et la fille du<strong>ma</strong>lheureux colon ont subi les pires outrages <strong>Un</strong>e vingtained'indigènes s'étaient livrés à l'attaque <strong>de</strong> la <strong>ma</strong>ison.L'histoire <strong>de</strong> cette famille est navrante.Elle nous a été racontée, avec émotion, par un enfant <strong>de</strong>Chevreul, <strong>de</strong>venu l'adjoint spécial <strong>de</strong> ce coquet village, M. MarcelPra<strong>de</strong>illes.Entendant arriver les insurgés, M. Grousset avait quittéprécipitamment sa <strong>ma</strong>ison pour se réfugier, avec sa femme et safille, dans l'habitation d'un <strong>de</strong> leurs ouvriers indigènes. Celui­ci lesrecevant avec difficultés, et la <strong>ma</strong>ison du colon étant livrée aupillage, les <strong>ma</strong>lheureux Français cherchèrent à gagner un bosquetsitué au bas <strong>de</strong> l'agglomération. Aperçus dans leur fuite, ils furentvite rejoints. Grousset n'avait pas d'armes. Il supplia les agresseursd'avoir pitié <strong>de</strong>s siens. On lui lia les <strong>ma</strong>ins et on l'assom<strong>ma</strong> à coups<strong>de</strong> bâton, puis les bandits déchargèrent leurs armes sur lui <strong>de</strong>vantles pauvres femmes terrifiées. Ces <strong>de</strong>rnières, ensuite traînées versle bosquet, furent victimes du sadisme <strong>de</strong> plus <strong>de</strong> cent hommes.On les emmena ensuite chez elles, où les scènes atrocescontinuèrent...L'adjoint spécial, aidé <strong>de</strong> quelques amis, se dispose à mettre lecadavre à l'abri, <strong>ma</strong>is <strong>de</strong>s coups <strong>de</strong> feu éclatent, tout près. Il fautcourir au plus pressé.L'alerte est donnée à la population. Mot d'ordre : se réfugier53

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