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Un drame algérien - Alger de ma jeunesse

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UN DRAME ALGERIEN« Guerfi Mohamed répondait <strong>de</strong> son crime <strong>de</strong>vant les jugesmilitaires. Quant à Benmihoub Haouès, en fuite, il était jugé parcontu<strong>ma</strong>ce. Deux complices, dont une femme, étaient égalementassis au banc <strong>de</strong>s accusés : Chekroun Douadi ben Saïd, Cantonnieret Chekroun Dahbia bent Saïd, ménagère.« Après l'interrogatoire, on entendit divers témoins, dont MmeSanbin. Déposition profondément émouvante. La voix entrecoupée<strong>de</strong> sanglots, Mme Sanbin raconta le <strong>drame</strong> qu'elle vécut, lemeurtre sous ses yeux, <strong>de</strong> son <strong>ma</strong>ri, la mort <strong>de</strong> son enfant. Ellemêmese <strong>de</strong><strong>ma</strong>n<strong>de</strong> encore comment elle fut épargnée.« Déposition accablante aussi, <strong>de</strong> même que celle du jeuneVétillard chez qui se réfugia le petit Pierre, après ses blessures.« <strong>Un</strong> autre témoin vint encore dire comment il avait vu Haouès,l'auteur du meurtre <strong>de</strong> M. Sanbin, abattre à bout portant, d'un coup<strong>de</strong> revolver, un autre enfant, le jeune Blanc.« Le tribunal condamna à la peine <strong>de</strong> mort Guerfi Mohamed etBenmihoub Haouès. Ce <strong>de</strong>rnier par contu<strong>ma</strong>ce.« Chekroun Daoudi Ben Saïd se vit condamné à vingt ans <strong>de</strong>détention et dix ans d'interdiction <strong>de</strong> séjour. Chekroun Dahbia bentSaïd à dix ans <strong>de</strong> détention. Car, ici encore, les femmes ontparticipé au <strong>drame</strong>. »Avant l'audience du 1er décembre, dont nous venons <strong>de</strong> donnerun résumé succinct, exactement le 10 novembre, le Tribunalmilitaire <strong>de</strong> Constantine a condamné cinq émeutiers <strong>de</strong>Périgotville à <strong>de</strong>s peines variant <strong>de</strong> vingt ans a cinq ans <strong>de</strong> travauxforcés, retenant l'accusation <strong>de</strong> port d'armes dans un mouvementinsurrectionnel et <strong>de</strong> recel d'objets volés.Notons enfin que le 10 décembre 1945 le meurtre <strong>de</strong> M.Richaud Pierre, <strong>de</strong> Périgotville, a été évoqué <strong>de</strong>vant le même48UN DRAME ALGERIENTribunal militaire. Cinq condamnations à mort ont été prononcéesdont trois par contu<strong>ma</strong>ce : Benmihoub Haouès, Benlabed Metaïch,Boutouga Bachir, Chekroun Khier. Aucune exécution n'a eu lieu,du reste.10 décembre 1945... C'est à la même audience que le tribunal aprononcé l'acquittement du juge El Ke<strong>ma</strong>l, qui n'avait puempêcher, a dit le ministère public, le meurtre <strong>de</strong>s <strong>de</strong>uxadministrateurs...Le 19 janvier 46, les assassins <strong>de</strong> M. Vétillard Clau<strong>de</strong> étaientacquittés, faute <strong>de</strong> preuves.Le 22 février 1946, le <strong>drame</strong> horrible <strong>ma</strong>rqué par la mort <strong>de</strong>MM Rousseau et Bancel recevait son épilogue : Deuxcondamnations à mort : Bouaoud Cherif et Melghem Salah, troisdétentions perpétuelles et <strong>de</strong>ux condamnations aux travaux forcésà perpétuité.Nous ne pouvons passer sous silence, à propos <strong>de</strong>s événements<strong>de</strong> Périgotville, l'émotion causée chez tous les Français <strong>de</strong> larégion <strong>de</strong> Sétif, par l'attitu<strong>de</strong> prêtée au juge <strong>de</strong> paix, musul<strong>ma</strong>nd'origine, M. El Ke<strong>ma</strong>l Mohammed. Il est établi, ainsi qu'on l'a vu,que ce <strong>ma</strong>gistrat a assisté au <strong>drame</strong> au cours duquel <strong>de</strong>uxfonctionnaires français ont été assassinés. Il n'intervient pas.Arrivé à l'agglomération <strong>de</strong> Périgotville, chef­lieu <strong>de</strong> son canton, ilse gar<strong>de</strong> <strong>de</strong> dire un mot <strong>de</strong> ce qui s'est passé. Il laisse auxémeutiers le temps d'investir le village, alors qu'un mot <strong>de</strong> luipouvait permettre <strong>de</strong> préparer la défense, <strong>de</strong> sauvegar<strong>de</strong>r <strong>de</strong>s vieshu<strong>ma</strong>ines, d'éviter <strong>de</strong> jeter dix familles françaises dans un <strong>de</strong>uilatroce. Il entre en contact avec les révoltés en sortant <strong>de</strong> chez sonami, le mé<strong>de</strong>cin <strong>de</strong> colonisation, qu'il n'a pas alerté. Il a unephrase, à l'adresse <strong>de</strong>s insurgés, singulièrement compromettante :« Je suis musul<strong>ma</strong>n ; ne vous trompez pas. »49

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