UN DRAME ALGERIENLa <strong>ma</strong>ison <strong>de</strong> M. Mazzuca était menacée, Les émeutiersenvahissaient le village et son ami El Ké<strong>ma</strong>l ne l'avait pas prévenu.Bien mieux, cet ami ne lui avait pas dit qu'il avait assisté, avec lebrigadier, à l'assassinat <strong>de</strong> l'Administrateur et <strong>de</strong> son adjoint, dontles cadavres, horriblement mutilés, ne <strong>de</strong>vaient être retrouvés quetrois jours après. Les <strong>de</strong>ux indigènes étaient revenus avec lavoiture administrative, sans prévenir personne, ils étaient suivis <strong>de</strong>très près par une secon<strong>de</strong> voiture apportant <strong>de</strong> Sétif le signal <strong>de</strong>l'émeute. Nous allons reparler <strong>de</strong> cet inci<strong>de</strong>nt.« Peu d'instants après, — dit une brochure résu<strong>ma</strong>nt lesopérations militaires qui ont eu lieu dans la région — les indigènesdu centre <strong>de</strong> colonisation <strong>de</strong> Périgotville et <strong>de</strong>s environsimmédiats, armés <strong>de</strong> fusils, <strong>de</strong> haches, <strong>de</strong> pioches, <strong>de</strong> <strong>ma</strong>sses, etc.,se répan<strong>de</strong>nt par groupes imposants à travers le village et semettent en <strong>de</strong>voir <strong>de</strong> tuer tous les Français, en commençant par leshommes et selon un plan préétabli.« Ils font successivement l'assaut <strong>de</strong> chaque <strong>ma</strong>ison. Ilsdébutent par la poste, où ils tuent le Receveur et blessentmortellement son fils, âgé <strong>de</strong> 11 ans (1) puis c'est le tour <strong>de</strong> la<strong>de</strong>meure <strong>de</strong> M. Richard, celle du Mé<strong>de</strong>cin, le bordj <strong>de</strong> la communemixte, où ils pillent les armes et les munitions du centre <strong>de</strong>colonisation et tuent M. Fabrer Henri et <strong>de</strong>ux tirailleurs françaisqui lui avaient servi d'escorte, Hart<strong>ma</strong>nn et Poissonnet. Ilspoursuivent leur œuvre en fracturant les portes et les fenêtres <strong>de</strong>s<strong>ma</strong>isons, s'emparant <strong>de</strong>s armes et exterminant <strong>de</strong> nombreusespersonnes.« Quinze victimes tombent sous les coups <strong>de</strong>s rebelles, dontl'abbé Navaro, aumônier <strong>de</strong> la garnison <strong>de</strong> Sétif, qui venait dire samesse à Périgotville.« Le pillage et le meurtre se poursuivent méthodiquement,(1) Le Receveur <strong>de</strong>s postes, M. Sanbin, a été tué, nous diton, par le prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> la Sectionlocale <strong>de</strong>s Amis du Manifeste.42UN DRAME ALGERIENencouragés par les youyou <strong>de</strong>s femmes indigènes jusqu'à l'arrivéed'une voiture blindée militaire, qui chassa les rebelles <strong>de</strong>Périgotville et mit fin à cette horrible tragédie.« Il était environ 7 heures.« En toute hâte, l'officier com<strong>ma</strong>ndant l'élément grouparapi<strong>de</strong>ment quelques habitants au bordj administratif, leurdistribua <strong>de</strong>s armes <strong>de</strong> l'équipage du blindé et confia la défense auDr Mazzuca et au sergent Geromini <strong>de</strong> l'infanterie coloniale, qui setrouvait en permission.« Le halftrack regagne Sétif à toute vitesse pour y chercher durenfort. Celuici revient, une heure après, avec une section <strong>de</strong>Sénégalais et un second halftrack, qui pourchasse les insurgésjusqu'à la nuit.« Le calme paraît rétabli, on organise un convoi qui emmène àSétif <strong>de</strong>s femmes, <strong>de</strong>s enfants, <strong>de</strong>s personnes âgées, <strong>de</strong>s <strong>ma</strong>la<strong>de</strong>s,<strong>de</strong>s blessés et trois cadavres.« Ce convoi passe par les Amouchas, où l'officier com<strong>ma</strong>ndantavait une mission à accomplir et rentrait à Sétif, le 9 <strong>ma</strong>i, à 2heures.« Il n'est pas <strong>de</strong> mots pour traduire les horreurs <strong>de</strong> cette journéeque tous voulaient <strong>de</strong> joie et qui a été d'épouvante (1). »Ajoutons à ce récit émouvant, les quelques détails qui suivent :La troupe, venant au secours <strong>de</strong> Périgotville, a été stoppée, le 8<strong>ma</strong>i à 16 h. 25, aux environs <strong>de</strong> ce centre, par plusieurs barrages <strong>de</strong>pierres successifs, judicieusement disposés et battus par <strong>de</strong>s feuxprovenant <strong>de</strong>s hauteurs immédiatement voisines (procédé <strong>de</strong>combat européen). L'halftrack essuie une fusilla<strong>de</strong> nourrie <strong>de</strong>droite et <strong>de</strong> gauche, qui vient s'écraser sur le blindage. On ripostepar tous les moyens du bord.(1) Extrait <strong>de</strong> Sétif, <strong>ma</strong>i 1945.43
UN DRAME ALGERIENL'arrivée à Périgotville, où la bataille fait rage, coupe court au<strong>ma</strong>ssacre.« Mais douze cadavres sont relevés, sauvagement mutilés, lesfaces en bouillie, etc..« Quarante fusils et dix mille cartouches ont été enlevés aubordj administratif. Ils servent à tuer les Français <strong>de</strong> la région. »Le bureau <strong>de</strong> poste a été saccagé, les fils télégraphiques ettéléphoniques arrachés.A 19 h. 30, un second halftrack et une section sénégalaisefoncent à nouveau, d'ElOuricia — où le com<strong>ma</strong>ndant Biraben estblessé au poignet — sur Périgotville, où les habitants, on l'a ditplus haut, sont réunis au bordj.« Deux nouveaux barrages sérieux (blocs énormes qui viennentd'être posés) et qui sont battus par <strong>de</strong>s feux. L'adjudant Laroche,du 9e escadron <strong>de</strong> la gar<strong>de</strong>, avec l'ai<strong>de</strong> d'un groupe <strong>de</strong> Sénégalaiset protégé par les feux <strong>de</strong>s mitrailleuses, dégage la route. »Au retour <strong>de</strong> Périgotville sur les Amouchas, par une routedirecte, le com<strong>ma</strong>ndant du convoi rencontre, non loin <strong>de</strong> ce <strong>de</strong>rnierpoint, une voiture civile criblée <strong>de</strong> balles. Le conducteur, M.Parmentier, a vu son épouse tuée près <strong>de</strong> lui, au col <strong>de</strong> TiziN'Béchar. Le <strong>ma</strong>lheureux, fou <strong>de</strong> douleur, est recueilli.Le convoi arrive à Sétif à 2 heures du <strong>ma</strong>tin.Entre 14 h. 54 et 18 heures, le 8 <strong>ma</strong>i, quinze Français ont étéabattus par les émeutiers à Périgotville. Le <strong>ma</strong>ssacre a eu lieu auxcris <strong>de</strong> La guerre sainte! Voici les noms <strong>de</strong>s <strong>ma</strong>lheureuses victimessurprises avant qu'elles aient eu le temps <strong>de</strong> se mettre en état <strong>de</strong>défense :Sanbin Pierre, 35 ans ;Sanbin Pierre, 11 ans ;44UN DRAME ALGERIENRichaud JeanPierre, 69 ans ;Perret Edmond, 27 ans, en permission, <strong>de</strong>s Tabors <strong>ma</strong>rocains.Eymenier Gilbert, 27 ans, militaire en permission ;Vétillard, 18 ans, sans profession ;Fabrer Henri, 57 ans, propriétaire agriculteur, Juge <strong>de</strong> paixsuppléant ;Boissonnet, Hart<strong>ma</strong>nn, militaires qui accompagnaient M.Fabrer ;Flandrin Joseph, 45 ans, boulanger ;Morel Alexis, 57 ans, chef cantonnier, père <strong>de</strong> six enfants ;Carrier Charles, bourrelier ;Rousseau, Administrateur, chef <strong>de</strong> la commune ;Bancel, Administrateur adjoint ;Navaro, curé (tué sur la route et mutilé). Nous avons parlé <strong>de</strong> lamort <strong>de</strong> l'Administrateur <strong>de</strong> la commune <strong>de</strong> Périgotville,M. Rousseau et <strong>de</strong> son adjoint, M. Bancel.MM. Rousseau et Bancel se trouvaient le <strong>ma</strong>tin du 8 <strong>ma</strong>i àKerrata, où avait lieu une cérémonie, à l'occasion <strong>de</strong> la victoire.Ces fonctionnaires, alertes, étaient revenus précipitamment versPérigotville. M. Rousseau apprenait en route que le car Deschanel,assurant les communications entre Sétif et Bougie, avait étéattaqué à son retour vers Bougie. Il arrivait à 13 h. 45 accompagné<strong>de</strong> son adjoint, M. Bancel et <strong>de</strong> M. El Ke<strong>ma</strong>l Mohamed Juge <strong>de</strong>paix, aux Amouchas. Ces autorités se dirigeaient aussitôt, dans ladirection d'ElOuricia, vers la ferme Torrent, où l'agressionsignalée avait eu lieu.Arrivée à 21 kilomètres <strong>de</strong> Sétif, l'automobile <strong>de</strong>l'administrateur était arrêtée par un barrage <strong>de</strong> grosses pierres.Ayant voulu reculer, elle heurta une auto qui la suivait et étaitvenue se placer <strong>de</strong>rrière elle, empêchant toute évolution. A cemoment <strong>de</strong>s indigènes armés se précipitèrent vers la route.45
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