Un drame algérien - Alger de ma jeunesse

Un drame algérien - Alger de ma jeunesse Un drame algérien - Alger de ma jeunesse

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UN DRAME ALGERIENprésidé par le colonel Lebrot. Il s'agissait du meurtre de MM.Clarisse et Courtier.« L'assassin, Bêla Aïssa, arrêté quelques jours après lesdramatiques événements, reconnut d'abord les faits. Il avoua qu'aumoment où l'insurrection commençait, il s'était dirigé vers les« Portes de Biskra », et s'était joint à un groupe d'émeutiers encompagnie desquels il avait abattu, à coups de bâton et de couteau,un Européen se trouvant au rond­point des Portes. Or, c'est à cetendroit que fut assassiné M. Clarisse.« Bêla Aïssa reconnaît aussi qu'après le meurtre de M. Clarisse,il s'était rendu au marché aux légumes, où en sa présence,M. Courlier avait été assailli par de nombreux indigènes. Lecontrôleur du marché, M. Courlier, étant tombé à terre, sansconnaissance, Bêla avait ramassé une grosse pierre avec laquelle illui avait écrasé la tête.« Par la suite, l'accusé revint sur ses aveux. C'est la mêmeattitude qu'il a adoptée, samedi, à l'audience, en dépit des chargesaccablantes qui pesaient sur lui.« Bêla Aïssa a été condamné à mort. »10 décembre 1945. « Le Tribunal militaire a également jugé ungarçon de café de Sétif, Berchi Aïssa, inculpé de violences et devoies de fait sur un agent de la force publique.« Le 8 mai, vers 9 h. 30, le gardien de la paix Mariant revenaitdu marché aux bestiaux de Sétif, où il avait assuré un service desurveillance. Passant à proximité d'un terrain vague, il aperçut unindigène qui venait de porter un coup de couteau à un Européen,M. Carré, lequel lut mortellement blessé.« L'agent de police voulut se porter immédiatement à sonsecours, mais il en fut empêché par un autre indigène qui luiasséna un violent coup de matraque. Le gardien de la paix voulantparer le coup, eut l'avant­bras droit fracturé. Il ne put, pour sedéfendre, faire usage de son arme et fut assailli par de nombreux26UN DRAME ALGERIENémeutiers qui lui lancèrent des pierres et lui portèrent des coups debâton.« Deux mois plus tard, Mariani reconnaissait, parmi un grouped'indigènes, l'homme qui lui avait fracturé le bras et ill'appréhendait aussitôt.« Le tribunal a condamné Berchi Aïssa à vingt ans de travauxforcés et vingt ans d'interdiction de séjour. »Le même jour, 10 décembre, le tribunal ajugé un grouped'émeutiers, arrêtés pour les assassinats de MM Péguin, Carré,Gros, Pons et Capotti. Les débats, mouvementés, aboutissent àneuf condamnations à mort : Meftah Zitoun ben Lakhdar, de Bordjbou Arréridj, 26 ans, Saoudi Saad, 22 ans, Djaouti Amokrane, 22ans, Akli Amiche, 19 ans, Boughedfa Taïeb, 25 ans, DjaoutiMohamed, 22 ans, Laoula Mohamed, 25 ans, Aribi Mohamed, etBouassid Ahmed. Les deux premiers ont été exécutés le 17décembre 1946, un an après, à Constantine.Un dixième inculpé, sur lequel des charges très lourdes étaientrelevées, s'était évadé de la prison. La procédure de contumacedemandant un certain délai, il n'a pu être jugé à cette audience.Par deux fois, les assassins de MM Clauzier, Malvezin et Tischont comparu devant le tribunal militaire de Constantine.Le 19 janvier 1940, le tribunal avait prononcé troisacquittements et trois condamnations à mort : Fermich Saad,Chettih, Tahar et Manaehi Sghir pour les crimes commis contreMM Clauzier, Malvezin et Tisch.Ce jugement a été cassé pour vice de forme.L'affaire est revenue en avril devant les juges qui ont transforméla peine de mort en celle de travaux forcés à perpétuité.Le 3 février 1946, trois inculpés qui avaient fait des aveux àl'instruction et avaient reconnu être les auteurs de l'assassinat27

UN DRAME ALGERIENdu maire de Sétif M. Deluca, devant le chef de la Sûreté, M.Raybaud, et ses collaborateurs, se sont vus condamner : BouakkazAïssa et Hamda Noui, à la peine de mort, Habouch Miloud àquinze années de détention.Enfin, le 18 avril 1946, deux Français comparaissaient devant,le Tribunal militaire de Constantine. Nous avons parlé de la mortde Mme Parmentier, chef de bureau à la mairie de Sétif. Son mari,M. Parmentier, très affecté par ce drame et donnant des signes dedérangement cérébral, ne parlait que de vengeance à assouvir. Unjour, se trouvant sur la route d'Alger avec un ami, M. Bellon, il tirasur des passants indigènes, sans provocation de leur part. M.Bellon avait imité son ami. Le tribunal a dû sévir, en tenantcompte des circonstances. Parmentier a eu deux ans de prison etcinq ans d'interdiction de séjour. Bellon, dix ans de travaux forcéset vingt ans d'interdiction de séjour. Drame navrant, venant segreffer sur le soulèvement de Sétif...***Revenons à Sétif, à la date du 8 mai 1945.L'ordre n'était pas encore revenu dans la ville, que sur les routesdesservant la banlieue, se hâtaient des voitures dont les occupants,nous l'avons dit, allaient donner partout le signal de la rébellion.El Djihad ! La guerre sainte était, dit­on, proclamée !A ce signal, qui paraissait attendu, les musulmans descampagnes répondaient par une levée en masse, un mouvementcollectif, généralisé.UN DRAME ALGERIENA SILLÈGUESillègue est un joli village qui appartient à la commune mixtedes Eulmas, dont le siège administratif est à Saint­Arnaud, centreimportant, au point de vue commercial et agricole, à 31 kilomètresà l'est de Sétif Le hameau de Sillègue est lui­même à 21 kilomètresde la gare de Saint­Arnaud, direction Nord.Le 8 mai, toute la population de Sillègue était conviée à unefête qui devait avoir lieu dans le square du village, à l'occasion dela Victoire, à 17 heures.A 15 h. 30, un indigène dévoué alerte l'adjoint spécial, M.Fages Alphonse. On parle d'une révolte à Sétif, d'Européensnombreux tués. La région n'est pas sûre. Elle est menacée.M. Fages prend son revolver et va aussitôt faire une tournéedans les rues du village. Déjà de nombreux assaillants avaient prisposition. Ils se concentraient dans le bois, qui domine le centre,vers le haut des habitations.2829

UN DRAME ALGERIENdu <strong>ma</strong>ire <strong>de</strong> Sétif M. Deluca, <strong>de</strong>vant le chef <strong>de</strong> la Sûreté, M.Raybaud, et ses collaborateurs, se sont vus condamner : BouakkazAïssa et Hamda Noui, à la peine <strong>de</strong> mort, Habouch Miloud àquinze années <strong>de</strong> détention.Enfin, le 18 avril 1946, <strong>de</strong>ux Français comparaissaient <strong>de</strong>vant,le Tribunal militaire <strong>de</strong> Constantine. Nous avons parlé <strong>de</strong> la mort<strong>de</strong> Mme Parmentier, chef <strong>de</strong> bureau à la <strong>ma</strong>irie <strong>de</strong> Sétif. Son <strong>ma</strong>ri,M. Parmentier, très affecté par ce <strong>drame</strong> et donnant <strong>de</strong>s signes <strong>de</strong>dérangement cérébral, ne parlait que <strong>de</strong> vengeance à assouvir. <strong>Un</strong>jour, se trouvant sur la route d'<strong>Alger</strong> avec un ami, M. Bellon, il tirasur <strong>de</strong>s passants indigènes, sans provocation <strong>de</strong> leur part. M.Bellon avait imité son ami. Le tribunal a dû sévir, en tenantcompte <strong>de</strong>s circonstances. Parmentier a eu <strong>de</strong>ux ans <strong>de</strong> prison etcinq ans d'interdiction <strong>de</strong> séjour. Bellon, dix ans <strong>de</strong> travaux forcéset vingt ans d'interdiction <strong>de</strong> séjour. Drame navrant, venant segreffer sur le soulèvement <strong>de</strong> Sétif...***Revenons à Sétif, à la date du 8 <strong>ma</strong>i 1945.L'ordre n'était pas encore revenu dans la ville, que sur les routes<strong>de</strong>sservant la banlieue, se hâtaient <strong>de</strong>s voitures dont les occupants,nous l'avons dit, allaient donner partout le signal <strong>de</strong> la rébellion.El Djihad ! La guerre sainte était, dit­on, proclamée !A ce signal, qui paraissait attendu, les musul<strong>ma</strong>ns <strong>de</strong>scampagnes répondaient par une levée en <strong>ma</strong>sse, un mouvementcollectif, généralisé.UN DRAME ALGERIENA SILLÈGUESillègue est un joli village qui appartient à la commune mixte<strong>de</strong>s Eul<strong>ma</strong>s, dont le siège administratif est à Saint­Arnaud, centreimportant, au point <strong>de</strong> vue commercial et agricole, à 31 kilomètresà l'est <strong>de</strong> Sétif Le hameau <strong>de</strong> Sillègue est lui­même à 21 kilomètres<strong>de</strong> la gare <strong>de</strong> Saint­Arnaud, direction Nord.Le 8 <strong>ma</strong>i, toute la population <strong>de</strong> Sillègue était conviée à unefête qui <strong>de</strong>vait avoir lieu dans le square du village, à l'occasion <strong>de</strong>la Victoire, à 17 heures.A 15 h. 30, un indigène dévoué alerte l'adjoint spécial, M.Fages Alphonse. On parle d'une révolte à Sétif, d'Européensnombreux tués. La région n'est pas sûre. Elle est menacée.M. Fages prend son revolver et va aussitôt faire une tournéedans les rues du village. Déjà <strong>de</strong> nombreux assaillants avaient prisposition. Ils se concentraient dans le bois, qui domine le centre,vers le haut <strong>de</strong>s habitations.2829

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