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Un drame algérien - Alger de ma jeunesse

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UN DRAME ALGERIENdans leurs foyers. Ils rejoignent leur famille. Ils ont su se faireapprécier chez nos alliés, puisque, nous dit­on, la plupart d'entreeux ont rapporté, épinglé à leur feuille <strong>de</strong> route, un billet <strong>de</strong> retourgratuit au Nouveau­Mon<strong>de</strong>, valable pour six mois. Beaucoupd'Algériens figurent parmi ces libérables. On nous affirme queplusieurs déjà ont répondu à l'appel qui leur était adressé. On nousa cité <strong>de</strong>s noms.Allons­nous assister à la disparition <strong>de</strong>s meilleurs éléments <strong>de</strong>la prospérité <strong>de</strong> nos territoires nord­africains ? Allons­nous laisserproclamer la faillite <strong>de</strong> l'œuvre française en ces immenses régions,faute d'avoir pris les mesures <strong>de</strong> dignité qui s'imposaient pour yfaire respecter la paix française ?Au point <strong>de</strong> vue national, nous avons dit les répercussions queprovoquerait une telle situation.Au point <strong>de</strong> vue économique, les indigènes eux­mêmes — nousentendons ceux qui désirent notre départ — ne tar<strong>de</strong>raient pas àtomber dans une crise sociale qui appellerait d'urgence <strong>de</strong>nouveaux <strong>ma</strong>îtres sur la terre africaine.On sait, en effet, par <strong>de</strong>s chiffes précis, autant qu'éloquents, quetoute l'économie du pays n'est assurée que par l'effort et le travailfrançais,800.000 Français alimentent presque seuls le budget <strong>algérien</strong>,en payant huit fois plus d'impôts que les 8 millions d'indigènes quipeuplent aujourd'hui l'Algérie (1), alors que la fortune publique estrestée entre les <strong>ma</strong>ins <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>rniers, dans la proportion justifiéepar leur nombre.Appuyons par <strong>de</strong>s chiffres cette affir<strong>ma</strong>tion : Dans unebrochure publiée en 1939 par les services <strong>de</strong> l'Économie sociale duGouvernement général <strong>de</strong> l'Algérie, au sujet <strong>de</strong> l'artisanat(1) Déclaration du général Catroux avant son départ du Gouvernement général.258UN DRAME ALGERIENindigène, il est précisé que les indigènes <strong>algérien</strong>s cultivaient :— 1.022.000 hectares <strong>de</strong> blé sur 1.308.000 hectares. Ce quipermet <strong>de</strong> dire que la culture européenne ressort à 286.000hectares ;— 1.152.000 hectares d'orge sur 1262.000 hectares, d'où unepart, pour l'Européen, <strong>de</strong> 110.000 hectares ;— 15.823 hectares <strong>de</strong> tabac, sur 22.289, d'où une part <strong>de</strong> 6.466hectares pour l'Européen.On ajoute que les « indigènes possè<strong>de</strong>nt la presque totalité dubétail ». 170.000 chevaux, 773.000 bovins, 5.181.000 ovins, les 6/7<strong>de</strong>s figuiers, les 5/8 <strong>de</strong>s oliviers, à peu près tous les palmiers duSud.Et voilà, d'un seul coup, brisé le slogan abominable querépan<strong>de</strong>nt en France certains partis affir<strong>ma</strong>nt que le colon françaisa réduit en un état d'esclavage le <strong>ma</strong>lheureux indigène <strong>algérien</strong>,dont la misère justifie ainsi les révoltes et les soulèvements...Car cette diffa<strong>ma</strong>tion a cours dans <strong>de</strong>s journaux <strong>de</strong> laMétropole, répandus effrontément dans nos trois départementsafricains. Et cela est <strong>de</strong> nature à fausser, en France, une opinionpublique admettant, <strong>de</strong> bonne foi, <strong>de</strong> telles affir<strong>ma</strong>tions (1).La vérité est que la Colonisation française n'a pas refoulél'indigène. Elle a créé <strong>de</strong> la richesse en mettant en valeur <strong>de</strong>schamps incultivés <strong>de</strong>puis <strong>de</strong>s millénaires. Elle a défrichéd'immenses étendues envahies par la brousse, les a transforméesen campagnes <strong>de</strong> France, en prairies, en vignes, en champs <strong>de</strong>(1) Les chiffes ainsi relevés dans un document officiel démontrent que l'indigène est <strong>ma</strong>îtrechez lui, dans les 7/8 <strong>de</strong>s territoires <strong>algérien</strong>s. Sur les 7/8 <strong>de</strong> la superficie ainsi fixée, il ne sauraitdonc y avoir d'esclavage. Restent les terrains occupés par la colonisation française, soit 1/8. Or, il estdémontré que c'est là, précisément, que l'indigène a, dans le passé, au cours <strong>de</strong>s crises les plusgraves, le moins souffert <strong>de</strong> la misère. Esclavage ? misère provoquée par nous ? Comment expliqueralors que, <strong>de</strong>puis trente ans, les achats <strong>de</strong> terres par les indigènes aux Français sont plusconsidérables que les achats faits par les Européens aux indigènes ?259

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