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Un drame algérien - Alger de ma jeunesse

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UN DRAME ALGERIEN— La misère ne peut en rien être retenue, comme provocatricedu <strong>drame</strong>. La démonstration a été faite partout que la faim nesévissait pas dans les régions soulevées. Partout <strong>de</strong>sapprovisionnements ont été trouvés chez les émeutiers. Lespillages ont provoqué <strong>de</strong> la part <strong>de</strong>s révoltés un gaspillage énorme<strong>de</strong> <strong>de</strong>nrées alimentaires. Des stocks considérables <strong>de</strong> blé, semoule,farine existaient à Kerrata, Fedj­M'Zala, qui ont été retrouvésintacts après le soulèvement.— Il a été établi que les régions pauvres du département,vraiment atteintes par le dénuement, n'ont pas enregistré <strong>de</strong>troubles sanglants ni <strong>de</strong> réactions <strong>de</strong> révoltes — <strong>ma</strong>lgrél'insuffisance <strong>de</strong>s secours mis à la disposition <strong>de</strong>s populations,atteintes par une série d'années à productions déficitaires.— Il est également à noter que les mesures <strong>de</strong> restrictions, lesréquisitions <strong>de</strong> récoltes ne se sont pas exercées en fait, à très peud'exceptions près, sur le mon<strong>de</strong> indigène — qui a refusé, dansl'ensemble, <strong>de</strong> respecter les règlements édictés. Seuls les colonsfrançais ont livré leurs récoltes et d'une façon générale, les<strong>ma</strong>gasins <strong>de</strong>s Sociétés indigènes <strong>de</strong> Prévoyance ont été surtoutalimentés, <strong>de</strong>puis trois ans, par du blé <strong>de</strong> culture française. Lespoursuites exercées contre les autochtones délinquants ont eu lieuau ralenti. Quelques condamnations ont bien été prononcées, <strong>ma</strong>iselles ont été très atténuées en appel. La volonté, qui s'affir<strong>ma</strong>it <strong>de</strong>ne pas sévir, a augmenté, par la suite, la résistance. On peut doncdire que les indigènes d'Algérie, tout au moins les 9/10,représentant <strong>de</strong>s agriculteurs, ont joui, d'un régime privilégié, dansla pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> guerre, puisqu'ils n'ont pas livré leur productionagricole et ont participé néanmoins aux répartitions <strong>de</strong>s <strong>de</strong>nréesalimentaires.— Le mouvement a été nettement hostile à tout ce qui étaitfrançais dans le pays, sans distinction entre les classes sociales, lesprofessions ou les partis politiques.252UN DRAME ALGERIENTout ce qui n'était pas musul<strong>ma</strong>n <strong>de</strong>vait être détruit, anéanti.Témoin ce jeune berbère <strong>de</strong> Kerrata, récemment converti enFrance, au catholicisme. Témoin cette jeune israélite, MlleZemmour, du même centre, tous <strong>de</strong>ux <strong>ma</strong>ssacrés impitoyablement.Témoins également les Français appartenant à <strong>de</strong>s partis avancés,qui ont été horriblement <strong>ma</strong>ssacrés, à Sétif et ailleurs, <strong>ma</strong>lgré lesprotestations d'amitiés qu'ils prodiguaient à leurs agresseurs.— Les observations faites à Guel<strong>ma</strong>, à propos <strong>de</strong>s adhérentsmusul<strong>ma</strong>ns aux organisations ouvrières, donnent la note exacte <strong>de</strong>la soudure à espérer entre les éléments indigènes en Afrique duNord et les groupements à tendances occi<strong>de</strong>ntales ou européennes.La propagan<strong>de</strong> faite <strong>de</strong>puis quelque temps, avec une intensitéaccrue, par les partis politiques, pour entraîner les indigènes vers<strong>de</strong>s idéologies extrémistes, s'est avérée inopérante dès qu'il s'estagi d'affirmer l'unité musul<strong>ma</strong>ne.— Enfin, compte tenu <strong>de</strong> l'horreur <strong>de</strong> la tragédie, dont unepartie <strong>de</strong> la province <strong>de</strong> Constantine a été le théâtre, l'émeute aabouti à un échec. Pourquoi ?Parce que le mouvement a été déclenché par erreur. Parce que<strong>de</strong> ce fait, il n'a pas été généralisé, comme prévu au programmeinitial établi. Ce qui a permis d'organiser une réaction militaire,venant épauler énergiquement les résistances locales opposées parles Français dans les villes <strong>de</strong> Sétif et <strong>de</strong> Guel<strong>ma</strong> et dans lescentres <strong>de</strong> colonisation qui ont eu à faire face à l'émeute.Partout, dans les douars et les cités populeuses, on étaitprévenu. On attendait le signal annoncé. On se préparait à l'action.Pour mieux préparer les esprits à cette action, les chefs avaientdonné l'ordre <strong>de</strong> répondre à toutes les <strong>ma</strong>nifestations en faveur <strong>de</strong>la cause française par <strong>de</strong>s contre­<strong>ma</strong>nifestations <strong>de</strong> protestation.Les bannières et les inscriptions revendicatrices étaient253

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