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Un drame algérien - Alger de ma jeunesse

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UN DRAME ALGERIENCela se traduisait par cette phrase, répercutée <strong>de</strong> bureau enbureau : « Allez­y mou ! » au moment même où les incendies etles meurtres faisaient rage contre les Français <strong>de</strong>s campagnes.La leçon <strong>de</strong> 1916 n'a pas plus servi en 1934 qu'en 1945.Tout serait à reprendre dans l'étu<strong>de</strong>, documentée et fouillée dueà la plume <strong>de</strong> M. Depont. Citons encore quelques phrases <strong>de</strong> cehaut fonctionnaire, qui restent d'actualité :« Les <strong>de</strong>ux fonctionnaires tombés à leur poste (le Sous­préfet etl'Administrateur) victimes du <strong>de</strong>voir professionnel étaient partoutestimés et réputés l'un et l'autre pour leur douceur et leurssentiments très bienveillants à l'égard <strong>de</strong>s indigènes. » On peut endire autant en 1945, du <strong>ma</strong>ire <strong>de</strong> Sétif, M. Deluca, <strong>de</strong>s instituteurs,dont l'un, M. Peguin, a eu la figure écrasée par un <strong>de</strong> ses élèves,<strong>de</strong>s chefs cantonniers ou gar<strong>de</strong>s champêtres, du juge <strong>de</strong> paix <strong>de</strong>Kerrata, M. Trabaud, <strong>de</strong>s Administrateurs Rousseau et Bancel <strong>de</strong>Périgotville, <strong>de</strong> l'abbé Navarro, et <strong>de</strong> toutes les victimes <strong>de</strong>l'odieuse tuerie <strong>de</strong>s 8 et 9 <strong>ma</strong>i... Nous ne parlons pas <strong>de</strong>s femmesqui furent souvent les bienfaitrices <strong>de</strong> nos indigènes dans lescampagnes....« Expliquons­nous : on ne gouverne ni on n'administre pas cepeuple avec <strong>de</strong> la bienveillance exclusivement, en toutes choses,sous peine <strong>de</strong> voir le système tomber dans la faiblesse, qui est ici lapire <strong>de</strong>s extrémités. Il y faut encore beaucoup <strong>de</strong> fermeté et <strong>de</strong>smoyens rapi<strong>de</strong>s d'obéissance et <strong>de</strong> soumission....« En tous cas, d'où qu'elle provienne, aux yeux <strong>de</strong>s indigènes,toute faiblesse <strong>de</strong> l'autorité est une faute, qu'il nous faut toujourspayer cher.....« La répression par les armes était nécessaire. La répressionadministrative, avec les tempéraments que nous allons exposer, nel'est pas moins, les tribus révoltées <strong>de</strong>vaient subir jusqu'au bout lesconséquences <strong>de</strong> leurs actes insurrectionnels. Elles ne se248UN DRAME ALGERIENsoumettront définitivement que si elles sentent peser un longtemps, sur elles, la puissance <strong>de</strong> la France, dont elles ont douté. Or,actuellement, nous l'avons dit, elles n'ont que l'apparence <strong>de</strong>soumission. »Ces lignes sont datées du 1er septembre 1917, un an après le<strong>drame</strong> d'Aïn Touta....« Toutes ces insurrections (<strong>de</strong> 1845 à 1916) présentent un traitcommun. Elles ont toutes pour causes le fanatisme religieux, lemécontentement, l'ambition ou <strong>de</strong>s rivalités <strong>de</strong> grands chefsindigènes. Ces divers mobiles se sont trouvés quelquefois réunis.Mais le premier se retrouve dans toutes les révoltes. Il estl'argument irrésistible pour soulever les <strong>ma</strong>sses simples etcrédules....« Il est à noter que les gran<strong>de</strong>s insurrections : 1864­1871­1881, ont correspondu à <strong>de</strong>s réductions <strong>de</strong> nos forces militaires :Mexique en 1864 ; Guerre <strong>de</strong> 1870­1871 ; Expédition <strong>de</strong> la Tunisieen 1881 ; la même observation s'applique aux troubles <strong>de</strong> 1916. »Nous pouvons aujourd'hui ajouter : et aux <strong>ma</strong>ssacres <strong>de</strong> 1945...Arrêtons là nos citations, et ajoutons cette observation, quirésulte <strong>de</strong> constatations non discutables : le respect <strong>de</strong> l'autoritédisparaît <strong>de</strong> plus en plus en Afrique du Nord. De concession enconcession, en tolérant partout une propagan<strong>de</strong> dite politique, qui<strong>de</strong>vient <strong>de</strong> plus en plus agressive, nous avons donné aux indigènes,qui n'ont <strong>de</strong> respect que pour la force, alliée à la justice, la plusfâcheuse idée <strong>de</strong> nos possibilités. Et cela se traduit par <strong>de</strong>s phrasestelles que celle recueillie <strong>de</strong> la bouche d'un caïd <strong>de</strong> la régiond'Oued­Zenati :« Quand on parle <strong>de</strong> la France, dans mon douar, tout le mon<strong>de</strong>rigole. »Comment s'étonner, dès lors, <strong>de</strong>s émeutes <strong>de</strong> Sétif et <strong>de</strong>Guel<strong>ma</strong> ?249

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