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Un drame algérien - Alger de ma jeunesse

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UN DRAME ALGERIEN« Il est pénible <strong>de</strong> constater qu'une administration informée, àlaquelle nous disions tous les jours : « Méfiez­vous ! De gravesévénements vont se produire. Il faut prendre <strong>de</strong>s précautions etsauvegar<strong>de</strong>r <strong>de</strong>s vies hu<strong>ma</strong>ines françaises et musul<strong>ma</strong>nes ! » n'aitpas pris les dispositions nécessaires. Car une fois déclenchés, onne sait pas où ces sortes d'inci<strong>de</strong>nts peuvent s'arrêter. »Nous n'avons rien à ajouter ni à retrancher à cette déclaration,faite à la tribune <strong>de</strong> l'Assemblée Nationale.***La formule administrative employée pour ramener l'apaisementdans le pays est à la fois simple et dangereuse.« Maintenant tout est calme !.» constatent les Pouvoirs publics.En Afrique du Nord, le calme a toujours précédé l'orage. On adit, avec raison, qu'en Algérie, l'émeute est toujours une explosion.Le calme ne saurait donc être une démonstration <strong>de</strong> sécurité.Surtout lorsque se produisent <strong>de</strong>s faits qui sont démonstratifs aupossible, tel l'inci<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> Mac­Mahon, ce chef­lieu <strong>de</strong> communemixte qui est entré dans l'histoire en 1917, par le <strong>ma</strong>ssacre du souspréfetCasinelli, <strong>de</strong> l'administrateur Marseille, du brigadierforestier Terezano, pour ne citer que les principales victimes.Le 14 juillet 1945, <strong>de</strong>ux mois après les émeutes duConstantinois, le village <strong>de</strong> Mac­Mahon était calme. On avaitcélébré comme il convenait la fête nationale. Le len<strong>de</strong><strong>ma</strong>in, onavait repris la tâche journalière. Le détachement <strong>de</strong> spahis installédans le village, les colons avaient mené, comme d'habitu<strong>de</strong>, à lapremière heure, les bêtes à l'abreuvoir communal avant <strong>de</strong>distribuer la ration d'orge. Le travail reprenait nor<strong>ma</strong>lement.240UN DRAME ALGERIENTout à coup, grosse émotion : les bêtes qui avaient bu tombaientbrusquement, pour ne plus se relever. Aux écuries militaires, onconstatait la mort, presque foudroyante, <strong>de</strong> 32 chevaux <strong>de</strong> service.Chez M. Tacon, colon, 10 bêtes sur 12 étaient tuées : exactement 3chevaux, 4 mulets, et 3 juments. En tout une cinquantaine <strong>de</strong> bêtesatteintes mortellement.<strong>Un</strong>e enquête a démontré :1° Que l'eau <strong>de</strong> l'abreuvoir avait reçu <strong>de</strong> l'arseniate <strong>de</strong> sou<strong>de</strong>provenant, sans doute, du son empoisonné distribué dans lescampagnes pour la lutte contre les sauterelles.2° Qu'aucune bête appartenant aux indigènes du village n'avaitété menée, ce <strong>ma</strong>tin­là, à l'abreuvoir.Est­il nécessaire <strong>de</strong> conclure ?Ajoutons que Mac­Mahon n'a pas constitué un fait isolé <strong>de</strong>tentative criminelle par l'emploi du son empoisonné. <strong>Un</strong> jeunecolon <strong>de</strong> Catinat, quelque temps auparavant, a failli absorber uncafé au lait nocif en rentrant chez lui, après une veillée <strong>de</strong> nuit, sursa place à battre. M. Deffobis surpris par l'amertume du liqui<strong>de</strong>qui lui était servi avait pu cracher à temps la première gorgée qu'ilse préparait à absorber et jeter le contenu <strong>de</strong> son bol par la fenêtre.Des poules, picorant aussitôt le pain mis dans le café, sonttombées foudroyées. Le garçon indigène du colon a avoué satentative criminelle <strong>de</strong>vant la gendarmerie : emploi <strong>de</strong> son nocif.Après plusieurs mois d'arrestation, il a été relâché... faute <strong>de</strong>preuves...Jusqu'à la transfor<strong>ma</strong>tion en eau arseniquée du contenu <strong>de</strong>l'abreuvoir <strong>de</strong> Mac­Mahon, nous <strong>de</strong>vons reconnaître que tout étaitcalme sur le territoire <strong>de</strong> la commune mixte d'Aïn Touta. Onvoudra bien nous permettre d'ajouter qu'en l'occurrence, ce calmeétait, au moins, trompeur. Le vieux proverbe reste toujours vrai ! Ilfaut se méfier <strong>de</strong> l'eau qui dort... même dans un abreuvoir...241

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