UN DRAME ALGERIENen ville, le 18 <strong>ma</strong>i 1945, à 2 heures du <strong>ma</strong>tin, par une patrouille.L'un d'eux disparaissait dans la nuit et ne put être rejoint, disent lesjournaux. Ladjali, après avoir essayé <strong>de</strong> fuir, engageait la lutte. Ilétait armé d'un pistolet auto<strong>ma</strong>tique, dont il fit usage. La patrouilleriposta. Ladjali tomba. Il ne tardait pas à expirer. Il avait unesacoche dans laquelle on trouva : un colt auto<strong>ma</strong>tique, <strong>de</strong>smunitions <strong>de</strong> guerre, <strong>de</strong> nombreux faux cachets (Comité français<strong>de</strong> la libération nationale, Commissariat à la Justice, Ministère <strong>de</strong>l'Agriculture, Direction <strong>de</strong> la Sécurité générale <strong>de</strong> l'Algérie, Villed'<strong>Alger</strong>, Commissariat central, Service <strong>de</strong> la circulation, etc.) ; 200imprimés, en langue arabe, <strong>de</strong> l'hymne du P.P.A. ; une partie <strong>de</strong>sarchives du Comité central <strong>de</strong>s « Amis du Manifeste » et <strong>de</strong> laLiberté, dissous par l'autorité administrative, le 14 <strong>ma</strong>i 1945.Ajoutons que Ladjali a eu <strong>de</strong>s obsèques imposantes. <strong>Un</strong>e fouleénorme for<strong>ma</strong>it le cortège. Sur la tombe, trois orateurs ont plis laparole au nom du Parti communiste, pour rendre hom<strong>ma</strong>ge audéfunt.Ne sommesnous pas en droit <strong>de</strong> conclure que l'affaire <strong>de</strong> larébellion était organisée jusque dans ses détails, et que le parti <strong>de</strong>la révolte avait un grand état<strong>ma</strong>jor, siégeant a <strong>Alger</strong>, avec <strong>de</strong>scomplicités bien établies ?Le 8 <strong>ma</strong>i 1945, les mêmes scènes qui avaient lieu à Sétif seproduisaient à Blida, à 50 kilomètres d'<strong>Alger</strong>. La « Ville <strong>de</strong>sroses » était brusquement envahie par une foule d'indigènes armés(2.000 environ). Ban<strong>de</strong>roles, cris, menaces, bagarres. Denombreux agents du service d'ordre sont blessés. 15 arrestations.Des peines allant <strong>de</strong> l'emprisonnement à 20 ans <strong>de</strong> travaux forcés,avec interdiction <strong>de</strong> séjour et dégradation civique, sontprononcées, le 24 <strong>ma</strong>i, par le Tribunal militaire. Nous voilà loin duConstantinois...UN DRAME ALGERIEN***Ainsi donc, le département d'<strong>Alger</strong> était également atteint par lavague <strong>de</strong> haine qui a failli submerger tout le territoire duConstantinois. Estce à dire que la province d'Oran était in<strong>de</strong>mne<strong>de</strong> toute <strong>ma</strong>nifestation d'hostilité contre la France en <strong>ma</strong>i 1945 ?M. Pascal Muselli, député <strong>de</strong> l'Oranie à l'AssembléeConsultative Provisoire, a répondu à cette question, dans sondiscours du 10juillet.« Dans la nuit du 18 au 19 <strong>ma</strong>i, atil dit, le feu est mis à la<strong>ma</strong>irie <strong>de</strong> Saïda. 17 lignes téléphoniques privées sont coupées ; lesréserves <strong>de</strong> bois <strong>de</strong> l'Intendance sont incendiées. Affolementgénéral et recherches. On découvre les auteurs <strong>de</strong> ces méfaits. Ilsfont <strong>de</strong>s aveux. Ils déclarent tout bonnement qu'ils avaient reçul'ordre d'assassiner les autorités locales et que s'ils ne l'avaient pasfait, ce qu'ils regrettaient, c'est parce qu'ils étaient insuffisammentarmés et ne possédaient pas assez <strong>de</strong> munitions !« A la suite <strong>de</strong> perquisitions opérées chez les auteurs <strong>de</strong> cetteaction, on a découvert tout le système d'organisation <strong>de</strong>s « Amisdu Manifeste » en Oranie et toute la liste <strong>de</strong>s Musul<strong>ma</strong>ns qui<strong>de</strong>vaient opérer dans le département d'Oran. De nombreusesarrestations ont été faites, plusieurs centaines, je crois.L'administration a été enfin en mesure <strong>de</strong> prendre <strong>de</strong>s dispositionspour éviter le renouvellement <strong>de</strong> pareils faits. Cependant, il estprouvé que tout le système <strong>de</strong> l'insurrection étendait sa toiled'araignée sur l'Algérie entière. Si cette insurrection n 'a pas étégénérale, c 'est parce qu'elle a été pré<strong>ma</strong>turée et que l'inci<strong>de</strong>nt <strong>de</strong>Sétif, qui est l'origine <strong>de</strong>s événements, a éclaté inopinément. Lesinstructions étaient formelles : l'insurrection ne <strong>de</strong>vait avoir lieuqu'à une date qui <strong>de</strong>vait être fixée par les dirigeants et lesagitateurs.238239
UN DRAME ALGERIEN« Il est pénible <strong>de</strong> constater qu'une administration informée, àlaquelle nous disions tous les jours : « Méfiezvous ! De gravesévénements vont se produire. Il faut prendre <strong>de</strong>s précautions etsauvegar<strong>de</strong>r <strong>de</strong>s vies hu<strong>ma</strong>ines françaises et musul<strong>ma</strong>nes ! » n'aitpas pris les dispositions nécessaires. Car une fois déclenchés, onne sait pas où ces sortes d'inci<strong>de</strong>nts peuvent s'arrêter. »Nous n'avons rien à ajouter ni à retrancher à cette déclaration,faite à la tribune <strong>de</strong> l'Assemblée Nationale.***La formule administrative employée pour ramener l'apaisementdans le pays est à la fois simple et dangereuse.« Maintenant tout est calme !.» constatent les Pouvoirs publics.En Afrique du Nord, le calme a toujours précédé l'orage. On adit, avec raison, qu'en Algérie, l'émeute est toujours une explosion.Le calme ne saurait donc être une démonstration <strong>de</strong> sécurité.Surtout lorsque se produisent <strong>de</strong>s faits qui sont démonstratifs aupossible, tel l'inci<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> MacMahon, ce cheflieu <strong>de</strong> communemixte qui est entré dans l'histoire en 1917, par le <strong>ma</strong>ssacre du souspréfetCasinelli, <strong>de</strong> l'administrateur Marseille, du brigadierforestier Terezano, pour ne citer que les principales victimes.Le 14 juillet 1945, <strong>de</strong>ux mois après les émeutes duConstantinois, le village <strong>de</strong> MacMahon était calme. On avaitcélébré comme il convenait la fête nationale. Le len<strong>de</strong><strong>ma</strong>in, onavait repris la tâche journalière. Le détachement <strong>de</strong> spahis installédans le village, les colons avaient mené, comme d'habitu<strong>de</strong>, à lapremière heure, les bêtes à l'abreuvoir communal avant <strong>de</strong>distribuer la ration d'orge. Le travail reprenait nor<strong>ma</strong>lement.240UN DRAME ALGERIENTout à coup, grosse émotion : les bêtes qui avaient bu tombaientbrusquement, pour ne plus se relever. Aux écuries militaires, onconstatait la mort, presque foudroyante, <strong>de</strong> 32 chevaux <strong>de</strong> service.Chez M. Tacon, colon, 10 bêtes sur 12 étaient tuées : exactement 3chevaux, 4 mulets, et 3 juments. En tout une cinquantaine <strong>de</strong> bêtesatteintes mortellement.<strong>Un</strong>e enquête a démontré :1° Que l'eau <strong>de</strong> l'abreuvoir avait reçu <strong>de</strong> l'arseniate <strong>de</strong> sou<strong>de</strong>provenant, sans doute, du son empoisonné distribué dans lescampagnes pour la lutte contre les sauterelles.2° Qu'aucune bête appartenant aux indigènes du village n'avaitété menée, ce <strong>ma</strong>tinlà, à l'abreuvoir.Estil nécessaire <strong>de</strong> conclure ?Ajoutons que MacMahon n'a pas constitué un fait isolé <strong>de</strong>tentative criminelle par l'emploi du son empoisonné. <strong>Un</strong> jeunecolon <strong>de</strong> Catinat, quelque temps auparavant, a failli absorber uncafé au lait nocif en rentrant chez lui, après une veillée <strong>de</strong> nuit, sursa place à battre. M. Deffobis surpris par l'amertume du liqui<strong>de</strong>qui lui était servi avait pu cracher à temps la première gorgée qu'ilse préparait à absorber et jeter le contenu <strong>de</strong> son bol par la fenêtre.Des poules, picorant aussitôt le pain mis dans le café, sonttombées foudroyées. Le garçon indigène du colon a avoué satentative criminelle <strong>de</strong>vant la gendarmerie : emploi <strong>de</strong> son nocif.Après plusieurs mois d'arrestation, il a été relâché... faute <strong>de</strong>preuves...Jusqu'à la transfor<strong>ma</strong>tion en eau arseniquée du contenu <strong>de</strong>l'abreuvoir <strong>de</strong> MacMahon, nous <strong>de</strong>vons reconnaître que tout étaitcalme sur le territoire <strong>de</strong> la commune mixte d'Aïn Touta. Onvoudra bien nous permettre d'ajouter qu'en l'occurrence, ce calmeétait, au moins, trompeur. Le vieux proverbe reste toujours vrai ! Ilfaut se méfier <strong>de</strong> l'eau qui dort... même dans un abreuvoir...241
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