UN DRAME ALGERIENTOUT EST CALME...On a lancé l'affir<strong>ma</strong>tion que les événements tragiques du 8 <strong>ma</strong>in'avaient, somme toute, atteint qu'une très faible partie du territoireNord africain. Et le ministre <strong>de</strong> l'Intérieur, par une opérationarithmétique fort simple, en a conclu qu'un pourcentage infime <strong>de</strong>la population avait <strong>ma</strong>nifesté contre la France.La vérité (qui se fait jour <strong>de</strong> plus en plus) <strong>ma</strong>lgré la consignedu silence, répondant à ce que l'on a appelé la politique <strong>de</strong>l'autruche, contredit les affir<strong>ma</strong>tions optimistes ou officielles.Le danger était grand, partout en Algérie, avant les émeutes . Ils'est aggravé partout avec ces <strong>de</strong>rnières. Il s'est affirmé partout,après les troubles ; il s'aggrave a nouveau, partout, par les mesures<strong>de</strong> pardon que l'on prend et qui se traduisent, pour la <strong>ma</strong>sse <strong>de</strong>sautochtones, par la crainte que nous éprouvons à sévir et parl'affir<strong>ma</strong>tion <strong>de</strong> la solidarité musul<strong>ma</strong>ne dans une action dont il estUN DRAME ALGERIENdifficile <strong>de</strong> dire qu'elle n'est pas dirigée contre la France (1).Que l'on cherche à minimiser une catastrophe, à diminuer sonimportance, cela s'explique et entre bien dans le rôle d'ungouvernement qui veut circonscrire les conséquences d'unévénement social fâcheux pour l'avenir.Cela peut être bon pour la France, où, à part quelquesexceptions, la presse est le principal agent <strong>de</strong> l'infor<strong>ma</strong>tionpublique. Cela est inopérant et fâcheux dans une sociétémusul<strong>ma</strong>ne où nos raisonnements d'Occi<strong>de</strong>ntaux ne peuvent avoiraucune action.Nous seratil permis <strong>de</strong> <strong>de</strong><strong>ma</strong>n<strong>de</strong>r ici, sans mettre en cause làloyauté et le désir <strong>de</strong> bien faire ani<strong>ma</strong>nt les personnalités venues enAfrique du Nord, pour enquêter sur la situation, à quoi peut bienviser l'affir<strong>ma</strong>tion que quelques coins seulement <strong>de</strong> l'Algérie ontété atteints par l'esprit <strong>de</strong> rébellion ?Partir d'une affir<strong>ma</strong>tion fausse, n'estce pas se diriger vers unesolution fausse du problème que l'on cherche à résoudre ?Or, il est faux que les événements <strong>de</strong>s 8 et 10 <strong>ma</strong>i 1945 aient été<strong>de</strong>s <strong>ma</strong>nifestations locales. Malgré le silence <strong>de</strong> la presse, tout lemon<strong>de</strong> sait, en Algérie, que d'un bout à l'autre <strong>de</strong> la Colonie, lesesprits étaient prêts à <strong>ma</strong>nifester dans le sens <strong>de</strong>s émeutes <strong>de</strong> Sétifet <strong>de</strong> Guel<strong>ma</strong>. Des inci<strong>de</strong>nts qui se sont produits un peu partout ensont la démonstration la plus indéniable.Veuton <strong>de</strong>s exemples ? Voici quelques faits probants, nouspourrions en citer d'autres :***Peu avant les émeutes, dans la région <strong>de</strong> Zéralda, à l'ouestd'<strong>Alger</strong> — nous voilà loin <strong>de</strong> Guel<strong>ma</strong>, même <strong>de</strong> Sétif— en avril234(1) Ces lignes datent <strong>de</strong> septembre 1945.235
UN DRAME ALGERIEN1945, le gar<strong>de</strong> forestier Renier était, chez lui, occupé à <strong>de</strong> petitstravaux, dans la pièce d'entrée <strong>de</strong> son habitation, isolée en pleinbois (forêt <strong>de</strong>s Planteurs). Deux fenêtres étaient ouvertes au rez<strong>de</strong>chaussée.Deux indigènes armés <strong>de</strong> fusils se présentent, un àchaque fenêtre. Ils le visent et l'immobilisent, en lui disant : « Nebouge pas ou tu es mort ! ».Aussitôt la porte s'ouvre. Le gar<strong>de</strong>, désarmé, reçoit l'ordre <strong>de</strong> secoucher, la face contre terre. Il ne peut qu'obéir. Sa femme et safille, 22 ans, arrivent. La pièce est envahie. On les fait coucherégalement, dans la même position.Les agresseurs leur ban<strong>de</strong>nt les yeux et se mettent à piller la<strong>ma</strong>ison. Tout à coup, Renier entend sa fille l'appeler : Papa, ausecours ! La <strong>ma</strong>lheureuse est victime d'un acte <strong>de</strong> lubricité. Lepère bondit. <strong>Un</strong> coup <strong>de</strong> feu le fait retomber. Il est mort. La mèreest abattue, et la fille subit les pires outrages <strong>de</strong>s bandits.Depuis ces faits, que la presse n'a pas relatés, on a dû prendre<strong>de</strong>s mesures pour assurer la sécurité dans la région. On a installéou l'on va installer une briga<strong>de</strong> <strong>de</strong> gendarmerie à Zéralda. Mais lesvols se multiplient dans les villas, les fermes, les <strong>ma</strong>isonsfrançaises isolées. La côte présente <strong>de</strong> belles plages et était trèsfréquentée par les baigneurs. On ne peut plus désor<strong>ma</strong>is s'isolerdans la belle saison et prendre un bain sans risquer <strong>de</strong> voirdisparaître les effets, les portefeuilles, les bijoux déposés sur le solou dans les autos. Ce sont <strong>de</strong>s jeunes qui opèrent à l'instigation <strong>de</strong>sparents, la forêt est proche. Les délinquants ont vite fait <strong>de</strong>disparaître. Ils échappent ainsi à toutes les recherches. Le silencecollectif les couvre. C'est là une forme grave <strong>de</strong> rébellion.Pendant que se déroulaient les événements du Constantinois,les « Amis du Manifeste » et le P.P.A. fonctionnaient égalementUN DRAME ALGERIENdans la région <strong>de</strong> Cherchell. <strong>Un</strong> complot <strong>de</strong> gran<strong>de</strong> envergure avaitété organisé dans le département d'<strong>Alger</strong>, contre la France. Il avait<strong>de</strong>s ramifications et une ampleur importantes : Il visait àl'insurrection. Il avait gagné les élèves <strong>de</strong> l'École militaireindigène. On en a connu les détails le 17 septembre 1945, lorsquese sont déroulés les débats <strong>de</strong> cette affaire, qui ont duré plusieursjours, <strong>de</strong>vant le Tribunal militaire d'<strong>Alger</strong>. De nombreusesarrestations ont été opérées en <strong>ma</strong>i. Le chef du P.P.A. local avaitfait <strong>de</strong>s aveux. Des gradés militaires indigènes avaient été gagnés àla cause <strong>de</strong> l'é<strong>ma</strong>ncipation intégrale.Les condamnations prononcées dans cette affaire par leTribunal militaire per<strong>ma</strong>nent d'<strong>Alger</strong>, le 21 septembre 1945, ontété les suivantes :3 condamnations à mort, dont 2 accusés militaires ;Travaux forcés à perpétuité pour un civil ;Diverses condamnations aux travaux forcés et à la prison.<strong>Un</strong> acquittement.Chose curieuse : <strong>de</strong>s inculpés ont reproché au mouvement <strong>de</strong>Sétif d'être pré<strong>ma</strong>turé. Le soulèvement <strong>de</strong>vait avoir lieu, <strong>ma</strong>is êtregénéral. C'était la condition même <strong>de</strong> son succès.Nous voilà prévenus. Il y a eu <strong>ma</strong>ldonne. On recommencera.<strong>Un</strong> fait, qui s'est passé à <strong>Alger</strong> même, démontre quel'organisation <strong>de</strong> l'émeute avait été préparée <strong>de</strong> longue <strong>ma</strong>in etdonne <strong>de</strong>s précisions sur les responsabilités engagées.Deux indigènes, dont le nommé Ladjali Mohamed Saïd,secrétaire <strong>de</strong> la section communiste <strong>de</strong> la Casbah, étaient surpris236237
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