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Un drame algérien - Alger de ma jeunesse

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UN DRAME ALGERIENLe 1er <strong>ma</strong>i, un défilé menaçant s'était produit avec <strong>de</strong>spancartes protestant contre l'arrestation du chef Messali. Deuxjours après, la nouvelle <strong>de</strong> la prise <strong>de</strong> Berlin par les Alliés était lesignal <strong>de</strong> l'organisation <strong>de</strong> groupements hostiles dans la ville.Intervention <strong>de</strong> la police, arrestations, jugements du Tribunalmilitaire. Le jour <strong>de</strong> la reddition alle<strong>ma</strong>n<strong>de</strong> approche et <strong>de</strong>sprécautions s'imposent. Les personnalités responsables <strong>de</strong> l'ordre,M. le Sous­Préfet Troussel, un vieil Algérien, à l'esprit averti eténergique, le colonel Monnot, com<strong>ma</strong>ndant la subdivision, le<strong>ma</strong>ire <strong>de</strong> Bône, M. Sens­Olive, le commissaire central, sepréoccupent <strong>de</strong> la situation et <strong>de</strong>s inci<strong>de</strong>nces possibles. Il semblequ'on est paré.Le 8 <strong>ma</strong>i, on fête officiellement la Victoire. Défilé <strong>de</strong> 6 à 7.000enfants dans les rues, en un ordre impressionnant. On évalue lafoule à 10.000 Européens, Les indigènes, invités à participer à la<strong>ma</strong>nifestation, se sont récusés. Ils enten<strong>de</strong>nt se grouper à part. Onleur donne le <strong>ma</strong>ximum <strong>de</strong> satisfactions, avec lesrecom<strong>ma</strong>ndations qui s'imposent.Lorsque le cortège se met en <strong>ma</strong>rche, ils cherchent à le couperpour prendre place <strong>de</strong>rrière les enfants, que suivent les autorités.Premier remous inquiétant ; l'ordre est rétabli.A l'arrivée au Monument aux Morts, la <strong>ma</strong>sse indigène esténorme. Des bannières sont déployées. Elles portent <strong>de</strong>sinscriptions intolérables : « A bas le colonialisme ! Vive Messali !Libérez Messali ! » Le commissaire <strong>de</strong> police intervient. Lasituation <strong>de</strong>vient brusquement grave. Des <strong>ma</strong>traques se montrent,<strong>de</strong>s boussâadis sortent <strong>de</strong> leurs gaines, <strong>de</strong>s couffins remplis <strong>de</strong>pierres ont été apportés. Des projectiles sont lancés sur le serviced'ordre. Des coups <strong>de</strong> revolvers éclatent enfin. Le sang coule,plusieurs agents sont blessés. La gendarmerie prête <strong>ma</strong>in forte à lapolice.232UN DRAME ALGERIENLa bataille s'engage jusque dans les rues <strong>de</strong> la ville. Les coups<strong>de</strong> feu continuant, les agents se défen<strong>de</strong>nt en ripostant.Plusieurs Français tombent : M. Camilieri est roué <strong>de</strong> coups<strong>de</strong>vant la sous­préfecture. M. Marchetti Pierre est terrassé, insulté,frappé. Il <strong>de</strong>vait survivre quinze jours à ses blessures et mourirdans <strong>de</strong>s souffrances atroces. On compte d'autres victimes. Lebilan <strong>de</strong> la tragédie se traduit par 47 blessés, dont 28 agents et unmort du côté européen, 2 morts et 16 blessés du côté <strong>de</strong>s émeutiers.Pour éviter <strong>de</strong> nouveaux inci<strong>de</strong>nts, il a fallu organiser <strong>de</strong>sgar<strong>de</strong>s civiques. <strong>Un</strong>e centaine d'arrestations ont eu lieu, dont celledu prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong>s Oulé<strong>ma</strong>s.Le danger passé, <strong>ma</strong>is la menace persistant, M. le GouverneurChataigneau est venu rendre visite à Bône, par mer. Les élusfrançais lui ont exposé la gravité <strong>de</strong> la situation l'insuffisance <strong>de</strong>smesures prises. Ils ont <strong>de</strong><strong>ma</strong>ndé <strong>de</strong>s affir<strong>ma</strong>tions d'autorité, afind'éviter <strong>de</strong> nouveaux <strong>drame</strong>s. Le chef <strong>de</strong> la Colonie a répondu :« Fraternité !... »Il a ensuite regagné l'aviso qui l'avait amené, renonçant, <strong>ma</strong>lgréles plus vives insistances, à se rendre à Guel<strong>ma</strong>.L'impression, à Bône, comme en beaucoup d'endroits, est quele danger persiste, <strong>de</strong> nouvelles surprises sont à craindre.***Le 18 juillet 1945 un tribunal militaire, siégeant à Bône, acondamné à mort les nommés Ouahim S<strong>ma</strong>ïn ben Laribi et SoltaniNoui ben Hacène, pour homici<strong>de</strong> sur un agent <strong>de</strong> la force publiquedans l'exercice <strong>de</strong> ses fonctions.Il n'est pas parvenu à notre connaissance que ces exécutionsaient eu lieu.233

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