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Un drame algérien - Alger de ma jeunesse

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UN DRAME ALGERIENIl est rejoint par <strong>de</strong>ux <strong>de</strong> ses amis. Il ne réalise pas exactementla gravité <strong>de</strong> la situation, puisqu'il menace <strong>de</strong> révocation un agentqui tire sur les indigènes. A ce moment, il est touché au ventre parune balle, tirée par un indigène.« A signaler que M. Chauveau, commissaire central <strong>de</strong> Sétif,mis à pied pour <strong>de</strong>s sentiments vichyssois, et un rapport établi parlui contre le Dr Ben Chaout, bien qu'étant là en curieux, prend latête du service d'ordre. Reconnu par ses anciens agents, il lesregroupe et coordonne leur action. Les Français rencontrés par lesassaillants sont battus ou assommés. Ils ne trouvent leur salutqu'en se réfugiant dans les couloirs <strong>de</strong>s <strong>ma</strong>isons les plus proches,ou chez les particuliers. Au local « Scouts <strong>de</strong> France » 300 enfantssont rassemblés. Les aînés sont prêts à se sacrifier, <strong>ma</strong>is la vaguedéferle <strong>de</strong>vant eux, se rendant au <strong>ma</strong>rché, qui est remplid'indigènes <strong>de</strong>s campagnes. En cours <strong>de</strong> route, elle abat lesFrançais, rencontrés. Ceux qui n'ont pas d'armes cassent <strong>de</strong>sbranches d'arbres. Surpris au <strong>ma</strong>rché, les Français sont tués àcoups <strong>de</strong> <strong>de</strong>bbous ou à coups <strong>de</strong> cailloux. Les you­you <strong>de</strong>s femmesencouragent les émeutiers. En cours <strong>de</strong> route, Denin, agent <strong>de</strong>sP.T.T., chef communiste, est abattu d'un coup <strong>de</strong> gourdin ; un coup<strong>de</strong> couteau lui perfore la plèvre. Étant à terre, ses avant­bras sontsectionnés à coups <strong>de</strong> hache (1).« La meute remonte vers la ville, <strong>ma</strong>is rue Sillègue, importanteartère sud­nord <strong>de</strong> la ville, les gendarmes et les gar<strong>de</strong>s mobilesinterviennent. Sans en avoir reçu l'ordre, se rendant compte <strong>de</strong> lagravité <strong>de</strong> la situation, le com<strong>ma</strong>ndant Bobillon fait ouvrir lefeu (2).(1) M. Denin a survécu à ses blessures et horribles mutilations.(2) Dès le début <strong>de</strong>s troubles, l'action militaire a été organisée en ville par le com<strong>ma</strong>ndantRouire, chef d'état­<strong>ma</strong>jor à la subdivision (Colonel Bourdila). A Sétif et dans la banlieue, lecom<strong>ma</strong>ndant Rouire était secondé par <strong>de</strong> dévoués collaborateurs : les com<strong>ma</strong>ndants Biraben,Bobillon et Mazucca, les capitaines Sirand et Simonpieri, les lieutenants Zerkowitz et Boissenot.20UN DRAME ALGERIENSon attitu<strong>de</strong> énergique arrête net les meurtriers. Les tirailleurs, qui,pourtant, ont été consignés, avec leurs officiers, <strong>de</strong>puis 5 heures du<strong>ma</strong>tin, arrivent. Aucune arme auto<strong>ma</strong>tique ne leur a été distribuée.Ils ont l'ordre ne pas tirer. L'officier, qui les com<strong>ma</strong>n<strong>de</strong> et quirevient du front, donne, <strong>ma</strong>lgré tout, l'ordre d'ouvrir le feu. Lesgradés seuls ont <strong>de</strong>s cartouches à balles. Cela suffit, la <strong>ma</strong>sse <strong>de</strong>sindigènes se disperse et s'évanouit. Mais on compte 27 mortsfrançais et <strong>de</strong>s quantités <strong>de</strong> blessés.« Emile Dussaix, père <strong>de</strong> cinq enfants, a été froi<strong>de</strong>mentassassiné par un indigène qu'il connaissait et à qui il a dit : « Tu nevas pas me tuer ! » « Toi, comme les autres ! » lui fut­il répondu,pendant qu'il recevait un coup <strong>de</strong> revolver mortel, tiré à boutportant.Peguin, directeur d'école indigène, a été tué également. Il a étéachevé dans <strong>de</strong>s conditions horribles. On a constaté sur sa tête <strong>de</strong>grosses ecchymoses dues à <strong>de</strong>s coups <strong>de</strong> talon. Le cou était à <strong>de</strong>mitranché, l'oreille gauche complètement détachée, 14 coups <strong>de</strong>boussaadis et <strong>de</strong> sabres étaient relevés au flanc et au bras droits.La montre et le portefeuille <strong>de</strong> la victime ont été retrouvés sur lecorps.« De même, M. Vaillant (1), ancien prési<strong>de</strong>nt du Tribunal, estmutilé. De même, Joncha, Tisch, Malvezin, Clauzier, Pons, MmeParmentier, chef <strong>de</strong> bureau à la <strong>ma</strong>irie, Gourlier, contrôleur <strong>de</strong>s<strong>ma</strong>rchés, Hayes, Cros Albert, Jaulin, etc.« Pendant l'émeute, un taxi est parti vers les Amouchas, peurdonner l'ordre <strong>de</strong> révolte (2). C'est ainsi qu'un prêtre, le curéNavarro, aumônier <strong>de</strong> la garnison, a été assassiné et odieusementmutilé, alors qu'il passait sur la route en motocyclette.(1) M. Vaillant avait été à <strong>Alger</strong>, juge d'instruction chargé <strong>de</strong> l'enquête sur l'assassinat, dumuphti Bendali, ami <strong>de</strong> la France.(2) C'est ce taxi, dont nous aurons a reparler, qui bloquant, sur la route, l'auto <strong>de</strong>l'Administrateur <strong>de</strong> Périgotville a provoqué la mort <strong>de</strong> ce fonctionnaire et <strong>de</strong> son adjoint, M. Bancel.21

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