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Un drame algérien - Alger de ma jeunesse

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UN DRAME ALGERIENHeureusement, personne n'est atteint. Nous évaluons à 2.000 lenombre <strong>de</strong>s agresseurs. Tout à coup, <strong>de</strong>s « you­yous » <strong>de</strong> femmesretentissent. Nous voyons s'avancer les bandits à l'assaut. Nousnous sommes abrités autant que possible et nous tirons par salves.A chacune <strong>de</strong> nos rafales, nous voyons leurs rangs se courber. Ilscherchent à éviter les balles. Ils n'osent plus avancer. Et c'est ainsique nous les tenons en échec jusqu'au soir. Il est bientôt 6 heures.Des blindés arrivent sur la route <strong>de</strong> Laverdure. Nous les voyonstrès bien, <strong>ma</strong>is les indigènes ne paraissent pas s'en inquiéter. Ilscontinuent à tirer.« Les auto­mitrailleuses ne sont plus guère qu'à 2 kilomètreslorsqu'elles ouvrent le feu. Les balles crépitent. Elles arrivent àleur but. Alors, on entend les <strong>de</strong>rniers « you­yous », puis c'est lesignal du repli, C'est la poursuite <strong>de</strong>s ban<strong>de</strong>s qui s'éparpillent et secachent dans les ravins pour gagner la montagne.« C'est aussi, pour nous, l'arrivée à la ferme déserte etsilencieuse. C'est, au pied <strong>de</strong> la terrasse, la découverte du corps,affreusement mutilé, <strong>de</strong> mon gendre. Ils ont osé, en se repliant,outrager encore ce cadavre... Ils ont sans doute voulu se venger <strong>de</strong>la fuite <strong>de</strong> <strong>ma</strong> fille et <strong>de</strong> <strong>ma</strong> petite fille. Ma fille, voulant mettredans la <strong>ma</strong>ison le corps <strong>de</strong> son <strong>ma</strong>ri, était venue <strong>de</strong><strong>ma</strong>n<strong>de</strong>r <strong>de</strong>l'ai<strong>de</strong> à la ferme voisine, <strong>ma</strong>is on l'en dissuadait et on l'obligeait àse cacher avec son enfant dans la <strong>ma</strong>ison d'un khamès, le seul quinous soit resté fidèle. C'est dans cette ferme que je les ai trouvéesau retour, toutes <strong>de</strong>ux vêtues <strong>de</strong> blanc, symbole, sans doute, <strong>de</strong>leur entrée dans la religion musul<strong>ma</strong>ne...« Cela doit­il être le résultat <strong>de</strong> nos cent quinze ans <strong>de</strong>colonisation ? Nos fils égorgés et nos filles converties à l'Islam?Est­ce là le digne couronnement <strong>de</strong> nos efforts ? Alors, que, lasd'une vie ru<strong>de</strong> <strong>de</strong> travailleur du bled, j'étais heureux <strong>de</strong> laisser <strong>ma</strong>208UN DRAME ALGERIENplace à mes enfants ; dois­je assister à leur <strong>ma</strong>ssacre ? Non, cela,nul ne peut l'accepter. Et il faut avoir vu <strong>de</strong> ses yeux ce quej'ai vupour comprendre l'horreur d'un semblable <strong>drame</strong>.« Notre tâche, que nous pensions terminée, n'est pas finie. Nous<strong>de</strong>vons défendre encore notre terre d'Algérie que nous avons faitenôtre et qui doit rester française ! Il faut en finir avec cettepolitique injuste et mensongère, entreprise contre nous et qui nepeut avoir qu'un résultat : chasser la France <strong>de</strong> ses colonies...« Veuillez agréer,...M. LUZET. »Nous ne voulons ajouter aucun commentaire à cette lettre. Elleconstitue mieux qu'un avertissement. Elle dicte <strong>de</strong>s <strong>de</strong>voirs. Puisseson éloquence sobre et nette dissiper les <strong>ma</strong>lentendus quis'affirment, et rapprocher ceux qui dirigent <strong>de</strong> ceux qui souffrent...injustement...***Pour en terminer avec la Séfia, disons que cette communemixte a accusé le départ <strong>de</strong> 5.000 émeutiers originaires <strong>de</strong>s douarsDaouara, Mechaala, Sfahli, Aouaïa et Mahaïa, partis du <strong>ma</strong>rché duHam<strong>ma</strong>m en direction <strong>de</strong> Villars. Les meneurs étaient composés<strong>de</strong> notables, <strong>de</strong> déserteurs et <strong>de</strong> travailleurs saisonniers étrangers àla commune.Dans la même journée du 10 <strong>ma</strong>i, 2 à 3.000 émeutiers <strong>de</strong>sdouars Ain Ketone, Kef Rih et Sfahli déferlaient sur la route <strong>de</strong>Sédrata à Guel<strong>ma</strong>. Le village <strong>de</strong> Lapaine, entièrement encerclé,était pillé et détruit.Le même jour encore, 5 à 600 émeutiers <strong>de</strong> la commune <strong>de</strong>Petit et <strong>de</strong>s douars Nador et Béni Mezzeline attaquaient diverses209

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