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l'invention d'un territoire - Parc naturel régional Livradois-Forez

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SolidaritéÉlie Berger est entré au conseilmunicipal de Félines en 1957, ilen a été le maire de 1971 à1995. Il se souvient de la naissancedu <strong>Parc</strong> <strong>Livradois</strong>-<strong>Forez</strong>comme si c’était hier.“J’étais devenu président dutout jeune SIVOM (Syndicatintercommunal à vocationmultiple) de La Chaise-Dieu.Sur le conseil et avec l’aide deRobert Marty, ingénieur à laDDA de la Haute-Loire, nousavons créé un “périmètre d’actionforestière”, un PAF qui,dans ses intentions, ressemblaitbeaucoup à un <strong>Parc</strong> <strong>naturel</strong>régional. Nous avions de lavolonté et des projets maisaucun budget.“En tant que président du syndicat,j’ai participé à cettefameuse réunion, à Ambert, enavril 1982. J’ai constaté quenos voisins du Puy-de-Dômeavaient pris une certaine avance,surtout dans la capacité àmobiliser des financements.J’en ai rendu compte aux élusde mon secteur qui ont trèsvite été partants, ceux descantons de La Chaise-Dieuet de Craponne-sur-Arzond’abord, d’autres communesencore comme Chavaniac-Lafayette et, un peu plus tard,le canton d’Allègre. Il y eutbien quelques polémiques, surtoutau moment des joutesélectorales, mais le sens de l’intérêtgénéral et la volonté detravailler ensemble ont prévalu.Depuis toujours nous avonsdes relations de bon voisinage,la limite départementale n’estpas une frontière, et puis noussommes tous des Auvergnatspur sang, non ?“À aucun moment nousn’avons eu le sentiment d’êtredes alliés de second rang oudes invités relégués en bout detable. La solidarité et la communautéde vues sont bienréelles ; nous appartenonspleinement au <strong>Livradois</strong>-<strong>Forez</strong>. Et sans doute n’avonsnouspas démérité puisque j’aivu que, récemment, le présidentdu Conseil général de laHaute-Loire proposait decréer un <strong>Parc</strong> <strong>naturel</strong> régionalsur le Mézenc.”▲▲▲n’étaient pas couramment admises. Nouspensions qu’il fallait placer l’homme aucœur du <strong>territoire</strong> et que l’activité humaine,donc le développement économiqueet social, était la condition première dela préservation des richesses patrimonialesde ce <strong>territoire</strong>.- On sait, on savait déjà qu’on peutaboutir à l’effet contraire : le développementréalisé au détriment del’environnement.- Précisément, c’est parce que nous lesavions que nous avons opté pour lacréation d’un <strong>Parc</strong> <strong>naturel</strong> régional. Maisplutôt que de considérer que nousétions en présence de deux secteursopposés, l’économie et l’environnement,dont il faudrait tenter de concilier les“intérêts” divergents, nous avons préconiséun développement qui s’appuie surnotre patrimoine, <strong>naturel</strong> et culturel.Pour les <strong>Parc</strong>s de l’époque, la notion de“patrimoine <strong>naturel</strong>” allait de soi maiscelle de “patrimoine culturel” ne concernaitguère que le bâti. Nous avons d’embléeestimé que le savoir-faire des couteliers,des tresseurs, des artisans ou desagriculteurs en était un élément essentiel.Au bout du compte, cela fait uncertain nombre d’idées nouvelles dontnous ne sommes pas les seuls “inventeurs”maisdont nous avons été lesardents propagandistes.approche transversale des enjeux du <strong>territoire</strong>grâce à une équipe technique pluridisciplinaire.- N’était-ce pas aussi prendre lerisque d’engager le <strong>territoire</strong> dans undéveloppement “assisté” ?- Maurice Adevah-Pœuf avait l’habitudede dire : “Aide-toi, le <strong>Parc</strong> t’aidera.”Manière de souligner que l’initiativeappartient d’abord aux habitants – ou àdes personnes venues de l’extérieurpuisque, décidément, il n’a pas étéconstruit d’enclos ! Le <strong>Parc</strong> aide à l’émergencedes projets, il les accompagnedans leur phase de démarrage mais il n’apas vocation à les assister dans la durée.Je m’empresse de préciser que la culturefait exception à cette règle. L’associa-Photo : Michel ThénotChaumes sans le concours de la coopératived’estive et des élus locaux.- Les agriculteurs n’ont pas toujoursété perçus comme des alliés de laprotection de l’environnement.- Si l’agriculture productiviste a engendrédes dégâts, dont la moyenne montagnea d’ailleurs moins souffert, celan’autorise pas à jeter l’opprobre sur touteune profession. Le péril en <strong>Livradois</strong>-<strong>Forez</strong> était celui de la déprise avec, à laclef, la fermeture des paysages et unedégradation du cadre de vie. Conformémentà notre philosophie de “<strong>Parc</strong> développeur”,nous avons pris le problèmepar l’entrée économique, en mettant enplace des dispositifs pour permettrel’installation de nouveaux agriculteurs.prévaut désormais entre le <strong>Parc</strong> et leschambres consulaires. C’est dans lemême esprit de coopération que nousmenons d’autres actions : diagnosticsenvironnementaux, écotrophées, créationde filières-déchets, etc.- Quelle est, selon vous, la réalisationla plus remarquable à porter au créditdu <strong>Parc</strong> au cours de ces vingtannées ?- Le <strong>Parc</strong> a inventé le <strong>Livradois</strong>-<strong>Forez</strong>. Laformule peut sembler brutale et très prétentieuse,elle ne l’est pas. C’est bien unvolontarisme politique qui a regroupésous une même dénomination trois entitésgéographiques – les monts du <strong>Forez</strong>,les monts du <strong>Livradois</strong>, le plateau de LaChaise-Dieu – et trois entités administratives– les arrondissements de Thiers etAmbert et les communes du nord-ouestde la Haute-Loire. L’appellation s’estimposée hors de nos limites, notammentcomme destination touristique. Elle s’estsurtout imposée à l’intérieur et témoignenon d’un quelconque repli identitairemais de l’émergence de solidarités nouvelles.- Longtemps les <strong>Parc</strong>s ont fait figurede pionniers, de rebelles. Maisaujourd’hui, quand tout le mondeprône le développement durable, nePhoto : J.-L. Mavel- Ces idées ont-elles fait rapidementleur chemin ?- Le simple fait de parler de “richessespatrimoniales” dans un <strong>territoire</strong> dontchacun sentait bien qu’il était en grandedifficulté a provoqué, je crois, un regaind’estime et a créé un climat plus propice,plus réceptif. Mais une idée est plusconvaincante encore quand elle se traduiten actes. Avant même la création du<strong>Parc</strong>, nous disposions d’une équipe detechniciens et d’animateurs de terrain,rémunérés par le Conseil général duPuy-de-Dôme, des actions étaient engagéesdans tous les domaines : l’environnement,la culture, l’agriculture, la forêt,l’habitat, le tourisme, l’artisanat, le commercede proximité,… Les habitantsvoyaient bien que les choses bougeaient,que nous avions capacité àmobiliser des financements.- Il existait cependant d’autres structuresqui agissaient autant qu’elles lepouvaient à rebours du déclinannoncé.- Bien sûr. D’ailleurs ces structures ontpu redouter une tentation hégémoniquedu <strong>Parc</strong> mais, à considérer les partenariatsque nous avons peu à peu engagésavec elles, le temps de la suspicion estrévolu et nous travaillons de longue dateen complémentarité. Ce que le <strong>Parc</strong> avraiment apporté de nouveau, c’est unePhoto : J.-L. Maveltion des bibliothécaires du <strong>Livradois</strong>-<strong>Forez</strong> et Ciné-<strong>Parc</strong> sont d’incontestablesréussites, reconnues comme telles à l’extérieur,mais à l’évidence ces réseaux nepourraient fonctionner sans aidespubliques. Il en va de même pour lespectacle vivant ou l’enseignement artistique.Le libéralisme n’en peut mais, lesactivités culturelles ne sont pas rentables,elles sont pourtant indispensablessi l’on souhaite maintenir une certaineparité entre ville et campagne.- De la culture à la nature…- La préservation de la biodiversité et dupatrimoine <strong>naturel</strong> se justifie en ellemêmedès lors que l’on refuse de secomporter en goujat prêt à laisser auxgénérations futures une planète dévastée.Qu’il s’agisse des Hautes-Chaumes –qu’avec un peu de lyrisme nous appelonsnotre “cathédrale <strong>naturel</strong>le” – ou dela qualité de l’eau, des actions exemplairesont été engagées. Le <strong>Parc</strong> en asouvent été l’initiateur mais il n’aurait pules mener à bien seul. Pour ne citer quecet exemple, il n’était pas envisageabled’assurer une bonne gestion des Hautes-Cette action est aujourd’hui relayée parles communautés de communes. L’améliorationde la qualité environnementaleet paysagère est en quelque sorte acquisepar surcroît. De la même manière,pour encourager à une meilleure gestionde la forêt nous agissons en faveur dudéveloppement du bois-énergie.En retour, le <strong>territoire</strong> devient plusattractif, il accueille des porteurs de projets,des touristes. Un tourisme que nousvoulons diffus, respectueux, c’est pourquoinous avons favorisé la randonnée.Un tourisme qui engendre de nouvellesactivités. Tout se tient et la machine s’auto-alimente,à condition de ne pas relâcherl’effort.- Le concours création-reprise qui enest à sa seizième édition est un belexemple d’effort maintenu.- Oui, d’autant que le taux de pérennitédes entreprises créées ou reprises estsupérieur à la moyenne nationale. Quelleque soit leur taille, ces activités contribuenttoutes au maillage économique du<strong>territoire</strong>. J’ajoute que ce concours estaussi un bel exemple du partenariat quisont-ils pas contraints de rentrerdans le rang ?- Il n’est pas forcément dans la vocationdes <strong>Parc</strong>s de s’obstiner dans la posturedu rebelle. Nous avons fait du développementdurable sans le savoir, en toutcas sans réunir nos expérimentationssous ce terme générique. Si noussommes rattrapés, si nous avons fait école,je ne vois pas de raison de nous enplaindre. Et je n’ai pas besoin de préciserque si tout le monde parle du développementdurable, il reste bien loind’être mis en œuvre à l’échelle de la planète.Même en <strong>Livradois</strong>-<strong>Forez</strong> je nejurerais pas que nous l’appliquions à lalettre dans ses trois dimensions : efficacitééconomique, respect de l’environnementet équité sociale. Mais nous pouvonsespérer que les actions éducativesque nous menons auprès des scolaires etdes jeunes porteront leurs fruits et queles nouvelles générations seront plusavisées que nous-mêmes.Moins rebelles? peut-être. Cependant,nous sommes bien loin de travailler tousles jours dans le consensus mou. D’autantque, c’est l’une des spécificités des

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