H. Ben Miled-Chérif – N. Bezaz-Zeghache / Cahiers <strong>de</strong> Recherche PRISM-Sorbonne / CR 10-051. CADRE CONCEPTUEL1.1. La signification <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>couleur</strong>sAdams et Osgood (1973) ont noté les concepts <strong>de</strong> <strong>couleur</strong> (bleu, jaune, vert…) <strong>sur</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong>échelles bipo<strong>la</strong>ires d’adjectifs en 7 points. Les trois composantes <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>couleur</strong> que sont <strong>la</strong>teinte, <strong>la</strong> saturation et <strong>la</strong> luminosité, ont été utilisées. Ces résultats sont confirmés par Guilfor<strong>de</strong>t Smith (1959) qui affirment que <strong>la</strong> réaction à <strong>la</strong> <strong>couleur</strong> est universelle. Ainsi, les <strong>couleur</strong>sreprésentent différentes notion : le bleu et le vert : le bon ; le jaune : le faible et le mauvais ;le rouge : le fort et l’actif ; le noir : le mauvais, le fort et l’inactif ; le gris : le mauvais, lefaible et l’inactif ; le b<strong>la</strong>nc : le bon et le faible.Les <strong>couleur</strong>s les mieux jugées <strong>sur</strong> <strong>la</strong> dimension «évaluation» sont le bleu, le vert et le b<strong>la</strong>nc.En ce qui concerne <strong>la</strong> dimension «puissance », le noir et le rouge arrivent en tête. Et <strong>la</strong><strong>couleur</strong> <strong>la</strong> plus active est le rouge (Guilford et Smith, 1959).Plusieurs chercheurs se sont <strong>de</strong>mandés si ces associations étaient innées ou acquises. Lawleret Lawler (1965) ont trouvé que <strong>de</strong> telles associations existaient déjà chez les enfants, dontl’âge moyen était <strong>de</strong> 3,7 ans. La <strong>couleur</strong> jaune a été associée à une histoire gaie qui leur étaitcontée, <strong>la</strong> <strong>couleur</strong> marron à l’histoire triste. Il serait cependant nécessaire <strong>de</strong> renouvelerl’expérience avec différentes <strong>couleur</strong>s et auprès d’enfants <strong>de</strong> différents âges, pour conclure aucaractère inné <strong>de</strong> ces associations (Drugeon-Lichtlé, 1998).En outre, l’âge apparaît comme une variable importante dans le traitement <strong>de</strong> l’information.En effet, les enfants ont <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>la</strong>cunes déc<strong>la</strong>ratives et procédurales (Roed<strong>de</strong>r, 1982). Les <strong>la</strong>cunesdéc<strong>la</strong>ratives concernent le manque <strong>de</strong> connaissances formelles qui permettent <strong>de</strong> qualifier <strong><strong>de</strong>s</strong>états, <strong><strong>de</strong>s</strong> situations, <strong><strong>de</strong>s</strong> concepts et <strong><strong>de</strong>s</strong> objets ou <strong><strong>de</strong>s</strong> produits. Les <strong>la</strong>cunes procédurales sontre<strong>la</strong>tives à <strong><strong>de</strong>s</strong> séquences d’actions ou <strong><strong>de</strong>s</strong> séquences <strong>de</strong> raisonnement. On peut ainsi supposerque les enfants les plus âgées ont plus <strong>de</strong> facilité à reconnaître les <strong>couleur</strong>s et à leur attribuerune signification.1.2. Les préférences <strong><strong>de</strong>s</strong> enfants en matière <strong>de</strong> <strong>couleur</strong>De nombreuses étu<strong><strong>de</strong>s</strong> traitent <strong>de</strong> <strong>la</strong> préférence en matière <strong>de</strong> <strong>couleur</strong>, cependant elles neprennent pas en compte les trois <strong>dimensions</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>couleur</strong>. Ainsi, leur fiabilité est incertaine etleur comparaison est difficile. La première dimension <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>couleur</strong> est <strong>la</strong> teinte : il s’agit <strong><strong>de</strong>s</strong>a « tonalité chromatique » (jaune, rouge ou bleu) <strong>de</strong> <strong>la</strong> gamme <strong>de</strong> coloration. La secon<strong>de</strong> est<strong>la</strong> luminosité : elle correspond à sa c<strong>la</strong>rté. Et enfin <strong>la</strong> troisième dimension est <strong>la</strong> saturation ouchroma : c’est l’intensité <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>couleur</strong>.Beaucoup <strong>de</strong> recherches portent <strong>sur</strong> <strong>la</strong> teinte, mais avec <strong><strong>de</strong>s</strong> niveaux <strong>de</strong> luminosité et <strong><strong>de</strong>s</strong>aturation différents. Pourtant, différentes étu<strong><strong>de</strong>s</strong> montrent que les préférences <strong>de</strong> <strong>couleur</strong>dépen<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> ces trois <strong>dimensions</strong> (Guilford, 1934, 1939 ; Guilford et Smith, 1959). De plus,l’importance <strong><strong>de</strong>s</strong> ces trois variables, pour expliquer les préférences en matière <strong>de</strong> <strong>couleur</strong>,n’est pas <strong>la</strong> même. Ainsi, <strong>la</strong> saturation serait <strong>la</strong> dimension <strong>la</strong> plus importante, <strong>la</strong> luminosité et<strong>la</strong> teinte n’arrivant qu’en <strong>de</strong>rnière position (Adams et Osgood, 1973 ; Smets, 1982 ; Wright etRaimwater, 1962). Pour répondre à ce vi<strong>de</strong> théorique, <strong><strong>de</strong>s</strong> chercheurs ont menés différentesétu<strong><strong>de</strong>s</strong> en contrô<strong>la</strong>nt les trois <strong>dimensions</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>couleur</strong> (Granger 1955, Guilford et Smith1959, Helson et Lansford 1967, Child, Hansen et Hornbeck, 1968, Drugeon-Lichtlé, 1998,Roullet 2004). L’ordre général <strong><strong>de</strong>s</strong> préférences que l’on retient <strong>de</strong> ces recherches est souvent,2
H. Ben Miled-Chérif – N. Bezaz-Zeghache / Cahiers <strong>de</strong> Recherche PRISM-Sorbonne / CR 10-05pour les adultes, le suivant : bleu, vert, pourpre, violet, rouge, orange et jaune (Drugeon-Lichtlé, 1998).Par ailleurs, selon différentes étu<strong><strong>de</strong>s</strong> (Mercer, 1925 ; Gesche, 1927 ; Garth et Porter, 1934 ;Eysenck, 1941 ; Granger 1955 ; Guilford et Smith, 1959), <strong>la</strong> variable sexe ne serait pas undéterminant <strong><strong>de</strong>s</strong> préférences pour les <strong>couleur</strong>s. D’autres recherches montrent que le sexeaurait une influence <strong>sur</strong> <strong>la</strong> force et <strong>la</strong> stabilité <strong><strong>de</strong>s</strong> préférences (Jastrow, 1897 ; Walton,Guildford et Guilford, 1933 ; Guilford et Smith, 1959 ; Gelineau, 1981). On peut transposerce<strong>la</strong> au niveau <strong><strong>de</strong>s</strong> enfants. Ainsi, Child, Hansen et Hornbeck (1968) ont mené une étu<strong>de</strong>auprès d’enfants âgés <strong>de</strong> 1 à 12 ans. Ils ont observé <strong><strong>de</strong>s</strong> paires <strong>de</strong> <strong>couleur</strong>s puis ont expriméleur préférence. Certaines paires <strong>de</strong> <strong>couleur</strong>s ne différaient que <strong>sur</strong> une seule dimension (teinteou luminosité ou saturation) et d’autres, <strong>sur</strong> <strong>de</strong>ux <strong>dimensions</strong> simultanément. Les résultatsmettent en exergue <strong><strong>de</strong>s</strong> différences en fonction <strong>de</strong> l’âge et du genre. Ainsi, les fillespréfèreraient les teintes « c<strong>la</strong>ires» et à saturation élevée. De plus, avec l’âge, <strong>la</strong> préférencepour les <strong>couleur</strong>s saturées diminue, contrairement à <strong>la</strong> préférence pour les <strong>couleur</strong>s à tonalitéélevée qui augmente. Parfois cette préférence n’est pas évi<strong>de</strong>nte et l’enfant choisit uncompromis entre <strong>la</strong> teinte et <strong>la</strong> saturation. Par ailleurs, l’existence d’une différence <strong>de</strong>préférence en matière <strong>de</strong> <strong>couleur</strong>s selon le genre, est controversée. Ainsi, d’après Child, & al.(1968) et Helson and Lansford, 1970, les filles préfèrent les <strong>couleur</strong>s c<strong>la</strong>ires et les garçons les<strong>couleur</strong>s foncées. Alors que Granger (1955) estime en revanche qu’il n’y a pas <strong>de</strong> différencesnotables selon le sexe.Les préférences en matière <strong>de</strong> <strong>couleur</strong>s évoluent également en fonction <strong>de</strong> l’âge : les enfantspréfèrent les <strong>couleur</strong>s chau<strong><strong>de</strong>s</strong>, et en vieillissant, ils préfèrent les <strong>couleur</strong>s froi<strong><strong>de</strong>s</strong> (Beebe-Center, 1932; Bjerstedt, 1960 ; Burnham, Hanes, et Bartleson, 1963).De plus, <strong><strong>de</strong>s</strong> recherches précisent que les enfants préfèrent <strong>sur</strong>tout les <strong>couleur</strong>s lumineuses etplus saturées comme les teintes rouge et jaune (Reavis, 1920 ; Rickers-Ovsiankina, 1925,Child et al, 1968) et en grandissant leurs préférences ten<strong>de</strong>nt ensuite vers le bleu et le vert(Ellis, 1900 ; Katz et Breed, 1922 ; Staples, 1931 ; Child, Hansen et Hornbeck, 1968).En outre, <strong>la</strong> <strong>couleur</strong> est un attribut qui agit <strong>sur</strong> l’efficacité publicitaire (Hattwick, 1950,Luckhies, 1923, Margulies, 1970, Waring, 1981). Les publicités <strong>de</strong> <strong>couleur</strong>s sont plusefficaces pour attirer l’attention du consommateur (Diamonds, 1968, Valiente, 1973, Meyers-Levy et Peracchio, 1995). Il est donc possible <strong>de</strong> postuler que les enfants préfèrent les <strong>sites</strong> <strong>de</strong><strong>couleur</strong>s lumineuses et saturées par rapport aux <strong>sites</strong> <strong>de</strong> <strong>couleur</strong>s noir et b<strong>la</strong>nc.1.3. Développement <strong>de</strong> l’enfant et site <strong>de</strong> marqueIl est très important selon Brée (1993) <strong>de</strong> tenir compte à <strong>la</strong> fois du développement cognitif(voir méthodologie) mais aussi social. Les éléments contextuels et le développement socialentraîneraient <strong><strong>de</strong>s</strong> évolutions différentes chez les enfants (De Lassus, 2005). Les enfantsactuels connaissent un développement accéléré par rapport aux enfants d’autrefois. Ils ont unniveau <strong>de</strong> connaissance beaucoup plus élevé et effectuent beaucoup taches (MacNeal, 1992).A ce niveau, il est nécessaire <strong>de</strong> souligner également le poids <strong>de</strong> l’affectif chezl’enfant (Derbaix, 1982, van Raaij, 1986, Derbaix et Brée, 1997 ; Derbaix et Pécheux, 1999)dans le comportement <strong>de</strong> l’enfant-consommateur.L’enfant développe ses connaissances, par le biais <strong>de</strong> plusieurs canaux : son expériencedirecte, <strong>la</strong> publicité ou encore plus récemment internet. En ce qui concerne <strong>la</strong> publicité, les3