962011). Mais les formateurs sont bien conscients qu’il ne suffit pas <strong>de</strong> m<strong>et</strong>tre en place <strong>de</strong>sexpériences pour que l’apprentissage expérientiel se fasse « naturellement ». Il estnécessaire <strong>de</strong> gui<strong>de</strong>r le travail réflexif <strong>de</strong>s apprenants pour qu’ils aillent au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong>l’expérimentation concrète <strong>et</strong> engagent consciemment le travail cognitif d’observation, <strong>de</strong>conceptualisation <strong>et</strong> d’expérimentation réfléchie. Il leur faut donc apprendre à apprendre,afin d’acquérir <strong>et</strong> intérioriser les mécanismes <strong>de</strong> raisonnement entrepreneurial souhaité.C'est-à-dire qu’il faut les ai<strong>de</strong>r dans le travail métacognitif 82 sous-jacent à la manière <strong>de</strong>penser <strong>et</strong> d’agir entrepreneuriale.Ils rappellent donc que l’un <strong>de</strong>s rôles principaux <strong>de</strong> l’enseignant consiste à structurer, outiller<strong>et</strong> accompagner le travail réflexif <strong>de</strong>s apprenants pour qu’ils transforment l’expérience enleçons pour l’avenir, les relient aux apprentissages disciplinaires visés par le programme <strong>et</strong>aux stratégies d’apprentissage visées. Le contenu du travail réflexif évoqué porte donc autantsur le proj<strong>et</strong> lui-même que sur la démarche mise en œuvre. Surlemont <strong>et</strong> Kearney distinguentla révision <strong>de</strong> l’action (passer en revue ce qui s’est passé) <strong>de</strong> la réflexion qui analyse cematériau <strong>de</strong> base dans un <strong>de</strong>uxième temps, séparant les faits <strong>et</strong> les processus (comment celaa-t-il été réalisé) afin d’i<strong>de</strong>ntifier les contextes, les causes, les conséquences, <strong>de</strong> m<strong>et</strong>tre enévi<strong>de</strong>nce les tendances, les thèmes, les principes, les idées, d’évaluer la qualité <strong>et</strong> lesperformances, <strong>de</strong> proj<strong>et</strong>er ce que cela suppose pour <strong>de</strong>s engagements futurs… Un pointparticulièrement utile à nos yeux dans le contenu <strong>de</strong> la réflexivité concerne lesapprentissages pour soi, constitutifs <strong>de</strong> l’i<strong>de</strong>ntité en cours <strong>de</strong> formation (image <strong>de</strong> soi, buts <strong>et</strong>valeurs en rapport avec leur parcours scolaire actuel <strong>et</strong> professionnel futur) comme le signalePell<strong>et</strong>ier : « L’évaluation pourrait donner lieu à une activité très enrichissante surtout chez lesplus jeunes. Il serait possible, en faisant un r<strong>et</strong>our sur l’expérience, <strong>de</strong> leur enseigner levocabulaire entrepreneurial <strong>et</strong> <strong>de</strong> nommer les valeurs <strong>et</strong> qualités qui ren<strong>de</strong>nt l’action efficace<strong>et</strong> qui font <strong>de</strong> chacun une personne engagée dans ce qu’elle fait. Ce serait également lemoment <strong>de</strong> leur montrer tous les rapports qui existent entre l’expérience vécue <strong>et</strong> leurs étu<strong>de</strong>s<strong>et</strong> la réussite scolaire ».(Pell<strong>et</strong>ier, 2005 :41)En termes <strong>de</strong> déroulement concr<strong>et</strong>, les formateurs recomman<strong>de</strong>nt d’organiser <strong>de</strong>sdébriefings intermédiaires qui perm<strong>et</strong>tent <strong>de</strong> corriger l’action en cours <strong>de</strong> route,d’encourager l’évaluation mutuelle entre les apprenants, <strong>de</strong> donner <strong>de</strong>s outils pour cadrer laréflexion, d’utiliser différents supports (notes <strong>de</strong> réunions <strong>et</strong> journaux d’apprentissage). Ilsrecomman<strong>de</strong>nt d’éviter les formes trop scolaires, notamment la discussion en classe dirigéeexclusivement vers l’enseignant. Cela peut se faire par exemple en encourageant lesapprenants à poser <strong>de</strong>s questions à <strong>de</strong>s invités ou aux autres membres <strong>de</strong> la classe. Il s’agitd’être créatif <strong>et</strong> <strong>de</strong> trouver <strong>de</strong>s formes stimulantes <strong>de</strong> témoignages qui ren<strong>de</strong>nt fiers :« l’histoire du proj<strong>et</strong> peut être racontée, mais elle peut aussi être <strong>de</strong>ssinée ou mise en vidéo ;elle peut donner lieu à une composition musicale, à la reconstitution scénique d’unévénement particulier survenu dans le cours <strong>de</strong> la réalisation du proj<strong>et</strong> ». (Pell<strong>et</strong>ier, 2005 :42)82 Cité par Toutain (2011), Flavell (1976) définit la métacognition comme la prise <strong>de</strong> conscience par l’apprenant <strong>de</strong> son activitémentale au cours <strong>de</strong> l’apprentissage en vue d’en améliorer le contrôle (donc son utilisation ultérieure). L’activité mentale aucours <strong>de</strong> l’apprentissage se définit par l’organisation <strong>et</strong> <strong>de</strong> gestion <strong>de</strong>s processus <strong>de</strong> traitement <strong>de</strong> l’information que l’individum<strong>et</strong> en œuvre pour résoudre la situation-problème dans laquelle il se trouve. La métacognition se caractérise donc selon Wolfs,Noël <strong>et</strong> Romainville (1995) par « <strong>de</strong>s opérations mentales sur <strong>de</strong>s opérations mentales ».
97Une originalité <strong>de</strong> l’approche entreprenante <strong>de</strong> l’évaluation, on le voit ici, est <strong>de</strong> cherchersystématiquement la valorisation <strong>de</strong>s activités vis-à-vis d’un public extérieur. Plusieurscommentaires signalent l’importance <strong>de</strong> ce processus qui vise à la fois à renforcer l’estime <strong>de</strong>soi <strong>de</strong>s apprenants, à apprécier la valeur <strong>de</strong> l’action réalisée <strong>et</strong> à diffuser l’espritd’entreprendre par contagion : « La culture entrepreneuriale serait contagieuse si les élèvesqui ont réussi l’expérience du proj<strong>et</strong> entrepreneurial pouvaient en témoigner <strong>de</strong>vant leurssemblables <strong>et</strong> leurs proches. Pourquoi pas une tournée <strong>de</strong>s meilleures histoiresentrepreneuriales dans les classes <strong>de</strong> l’école ou même dans les écoles environnantes ? »(Pell<strong>et</strong>ier, 2005 :42).Il nous parait important <strong>de</strong> souligner que si c<strong>et</strong>te recherche <strong>de</strong> valorisation extérieure a <strong>de</strong>svertus indéniables, elle peut aussi comporter un risque. En eff<strong>et</strong>, la plupart <strong>de</strong>s personnesrépugnent à exposer publiquement leurs erreurs <strong>et</strong> leurs échecs. Or Milgrom (2010) expliqueà la suite <strong>de</strong> Shank (1997) que l’apprentissage – particulièrement en pédagogie active - passepar <strong>de</strong>s erreurs <strong>et</strong> <strong>de</strong>s ratés : apprendre suppose <strong>de</strong> rem<strong>et</strong>tre en cause les scripts inadaptés,<strong>de</strong> révéler <strong>et</strong> corriger <strong>de</strong>s préconceptions erronées, d’essayer <strong>et</strong> <strong>de</strong> réajuster <strong>de</strong>scomportements inadaptés... Mais pour que l’échec <strong>et</strong> l’erreur <strong>de</strong>viennent une opportunitéd’apprentissage, Milgrom explique qu’il faut un réel droit à l’erreur. C’est à dire quel’ensemble <strong>de</strong>s acteurs (enseignants, apprenants, parents…) donnent effectivement à l’échecun statut d’étape vers le succès plutôt que d’impasse terminale afin que la remise enquestion soit considérée comme normale <strong>et</strong> acceptable par tous. Pour arriver à c<strong>et</strong>teperception partagée, le processus d’évaluation doit évoluer par rapport aux pratiquescourantes d’évaluation finale par les notes : l’encadrant doit fournir <strong>de</strong>s rétroactionsqualitatives fréquentes, précises, <strong>et</strong> bienveillantes tout au long <strong>de</strong> l’activité : c’est tout le rôle<strong>de</strong> l’évaluation formative.Dans la situation <strong>de</strong> la pédagogie entrepreneuriale, il nous semble que les protections àm<strong>et</strong>tre en œuvre sont du même ordre <strong>et</strong> peut-être même encore plus exigeantes. En eff<strong>et</strong>,les remises en question <strong>de</strong> comportements <strong>et</strong> d’attitu<strong>de</strong>s inadaptés peuvent s’avérerquelquefois d’autant plus douloureuses que les apprenants sont encouragés à se percevoircomme solidaires <strong>et</strong> responsables <strong>de</strong> ce qui leur arrive <strong>et</strong> qu’on attend d’eux <strong>de</strong>s récits àtendance héroïque, alors qu’ils sont placés dans <strong>de</strong>s situations pleines d’aléas. D’autre part,l’exposition <strong>de</strong>s apprenants à <strong>de</strong>s enjeux <strong>et</strong> <strong>de</strong>s partenaires externes peut les placer dans <strong>de</strong>ssituations d’inégalité <strong>de</strong> puissance, <strong>de</strong>s enjeux <strong>de</strong> communication qui les dépassent <strong>et</strong> dans<strong>de</strong>s contraintes <strong>de</strong> délais telles qu’il est difficile <strong>de</strong> mûrir <strong>et</strong> d’exprimer une parole vraie surles difficultés d’apprentissage.Par exemple, à l’Ecole Centrale <strong>de</strong> Lille, où nous avons accompagné <strong>de</strong> nombreux proj<strong>et</strong>sd’innovation ouverts en partenariat avec <strong>de</strong>s entreprises, nous savons qu’il fallait <strong>de</strong>s lieuxtrès spécifiques <strong>de</strong> parole libre, pour dénouer les enjeux complexes dans lesquels les équipesd’étudiants étaient parfois englués. Même lorsque les proj<strong>et</strong>s provenaient <strong>de</strong>s étudiants euxmêmes,ils manquaient souvent <strong>de</strong> maturité pour prendre conscience <strong>de</strong> leurs enjeuxpropres (Quel sens le proj<strong>et</strong> a pour eux ?, Que peuvent ils en attendre ?, Quels pouvoirspeuvent-ils exercer dans la situation ?, Quelles ressources peuvent-ils mobiliser en eux <strong>et</strong>autour d’eux ?). En tant que jeunes étudiants face à <strong>de</strong>s hommes d’affaires ou <strong>de</strong>sprofesseurs qui les impressionnaient, ils avaient souvent tendance à sous-estimer leurs désirs
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